L’affaire avait commencé il y a presque un an, lorsque le 16 octobre 2018 le domicile de Jean-Luc Mélenchon et de douze autres personnes, les sièges de la France insoumise (LFI) et du Parti de gauche avaient été perquisitionnés, sur une simple dénonciation d’une élue du parti d’extrême-droite Les Patriotes. Les moyens déployés avaient alors surpris, voire choqué. Surtout lorsqu’ils étaient comparés avec ceux déployés pour la perquisition à l’encontre d’Alexandre Benalla.
Les images tournées par Quotidien avaient alors été largement médiatisées pendant plusieurs jours. C’est sur la base de ces images que Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière et Bastien Lachaud (tous trois députés LFI), l’eurodéputé Manuel Bompard, Bernard Pignerol, conseiller de Jean-Luc Mélenchon et Muriel Rozenfeld, attaché de presse, comparaissaient au tribunal de Bobigny ce jeudi 19 septembre et ce vendredi 20 septembre pour « outrage à magistrat et agent dépositaires de l’autorité publique dans le cadre de leur mission ».
Les peines encourues étaient lourdes : près de 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende pour des supposés faits « d’intimidation commis sur les magistrats et les policiers » et 1 an de prison et 15 000 euros d’amende pour « outrage à magistrat et agent dépositaires de l’autorité publique dans le cadre de leur mission ». Des peines inélligibilité pouvaient également être invoquées. Il n’en sera finalement rien. Le parquet requiert ainsi 3 mois de prison avec sursis et 8 000 euros d’amende contre Jean-Luc Mélenchon et des amendes, allant de 2 000 à 10 000 euros, pour les autres.
« Je pense que le tribunal ne suivra pas une telle réquisition. Parce que cela revient à mettre un bâillon sur ma bouche » a commenté Jean-Luc Mélenchon. Il a par ailleurs ajouté qu’à « cet instant les réquisitions fonctionnent pour moi comme une décoration. J’avais raison, ils avaient tort, ils le reconnaissent ».
De nombreux soutiens, Quotidien et le Venezuela
Avant ces deux jours de procès, les inculpés avaient reçu de nombreux soutiens de toute la sphère politique française. Ce soutien accordé par des personnes, ne partageant pas forcément les idées des insoumis, témoigne du caractère éminemment politique de cette opération. Preuve supplémentaire le choix d’Eric Dupond Moretti, figure médiatique par excellence, pour la défense des parties civiles. Ce dernier s’est d’ailleurs illustré d’une manière singulière en évoquant le Venezuela dans sa plaidoirie. Et même si on a du mal à comprendre le lien entre cette affaire et ce pays, nul doute que l’évocation du Venezuela répond à un objectif précis.
Parmi les soutiens on retrouve ainsi des personnalités issues de la gauche française (Pierre Laurent, Olivier Besancenot, Gérard Floche, Benoit Hamon etc.), des personnalités internationales (Cristina Kirchner, ancienne présidente de l’Argentine, Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil, etc.), des élus des Républicains (Guillaume Arrivé, Bruno Retailleau) mais aussi des journalistes et éditorialistes pourtant peu enclins, d’habitude, à soutenir le leader de la France insoumise.
« C’est vrai qu’il y a eu déploiement de moyens absolument incroyables contre la France insoumise. Bayrou n’a pas été perquisitionné chez lui. Mélenchon oui et sur la base simplement d’un signalement de Mme Montel. » Bruno Jeudy, rédacteur en chef à Paris-Match.
Il y a quelques jours, peu avant l’ouverture du procès, Quotidien révélait d’autres images des perquisitions. La séquence, d’un peu plus de quarante minutes, démontrait en effet un Mélenchon apaisant, répétant à plusieurs reprises qu’il fallait laisser faire les policiers et ne pas entraver leur travail. Quelle dimension aurait eu ce procès si la séquence entière avait été diffusée, dès le début, dans son intégralité ?
Le verdict final du tribunal sera connu le 9 décembre prochain.