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Fed up with French ! (Ras-le-bol du français !)

« You’re welcome », me dit le youtuber un peu yuppie sur les bords. J’avais le blues. Je venais de me faire squeezer à cause du staff turnover rate de ma boîte. J’avais beau être stainless, mature, les réunions professionnelles étaient devenues de vrais mauls. On ne prenait plus la peine d’échanger le moindre greeting. Moi, je ne pensais plus qu’à mon fonds de pension, une perspective un peu just, pas vraiment dopante. En plus je venais d’être victime d’un dognapper. Adieu, mon labrit des Pyrénées ! Je venais au bureau en casual Friday – surtout en cas de shitstorm – et je ne lisais plus que de la celebrity gossip press.

Ma mère, en bonne housewife ambitieuse pour sa progéniture, m’avait poussé à être un broker, ce qui n’était pas ma tasse de thé. Tout comme un buddy un peu fake, un chap complètement nerd, dont je découvrirai qu’il n’était pas secure. J’avais réalisé un lip dub envoyé à des talent scouts. J’avais assisté à plusieurs master classes pour savoir si je matchais pour le poste. Peanuts ! Je m’étais retrouvé en stand-by. Comme quelques autres clones, d’ailleurs, en provenance de la bobosphère, connaissant à fond le body language, le trekking et la slow food. Je me souviens que l’un d’entre eux portait un t-shirt qui mettait en valeur son corps de body buildé, tandis qu’un autre, habillé d’une sorte de body bag, avait un gabarit de musher. Quelle femme aurait eu envie d’échanger un hug avec lui et de le prolonger par une séance de necking ?

Suite à la réception d’un mail shooté par un Human Resources aux chaussures glossy, mon interview n’avait rien donné. J’avais eu beau patenter mes réponses. Je n’avais pas repéré les allusions furtives. Pire qu’un screen test. J’avais été payé cash dans un open tournament où, avec ma face de six pieds de long, j’avais fait un flop. Sans avoir eu le temps de mettre en valeur mon personal branding, de performer. Game over. Malgré ma bonne connaissance du globish et de tout ce qui était global : les agreements, la fashion, mon positioning system. Á un moment de ce qui m’est resté comme un simple job dating, les échanges avaient été tendus : on avait frôlé le Godwin lorsque j’avais évoqué la possibilité d’un golden handshake. « Vous finirez homeless si vous n’êtes pas corporate, si vous n’êtes pas quick win, si vous ne connaissez pas les prérequis », m’avait menacé le HR.

J’avais brièvement visité la compagnie, ses open spaces paraboles d’un open world d’opportunités. En fait, un monde de stalkers un peu new-age avec leur laptop, des têtes de faux latin lovers, hurlant avec les loups dès le power breakfast quand il ne faut pas rater le lead.

Lors d’un cakewalk, j’avais rencontré un copain de fac. Un type plus hip que moi. N’aimant les femmes qu’hyper make-upées. Assez à l’aise dans son scope. Un hurdler que rien ne rebutait. On avait échangé un highfiver. Dans mon fog cérébral, je ne me souvenais plus de son ranking à la sortie de l’École de management. Il avait été victime – justement – d’un lean management. Clairé, le buddy ! Il aimait bien s’agréger à une team déjà constituée, genre start-up, comme un pick-up orchestra. Après l’entretien, on s’était dit qu’on se reverrait ASAP. Je ne sais trop si c’était relevant.

Avant de retrouver mon pal youtube pour chatter un moment, j’étais passé par le shopping mall après avoir donné un lift à un type dans mon genre, la loose sur la face. J’avais besoin d’un bag pour mon PC. J’étais tombé sur une vendeuse hyper cool et hyper glamour. J’avais appuyé un ou deux sourires mais elle m’avait dit qu’elle avait un significant other. Victime de la freelancisation mais toujours foreground. Pas de love affair en vue, donc. Même pas une fuck-friend. J’avais choisi un modèle de bag dont la strappe ne me scierait pas l’épaule. Un bag tout neuf, pas refit, en toile de jeans.

Chez mon pal, je m’étais effondré sur un hide-a-bed fluffy, scotché un verre de scotch à la main, en guise d’apéro avant un brunch light en attendant le drunch avec un petit cupcake et un cherry-brandy. Je lui avais scrollé les détails de mon interview ratée dans un debrief aussi précis que possible, un executive summary. Il avait trouvé fucké que je m’en sois sorti aussi mal. Manque de feeling, de fighting spirit de ma part. Pas assez rough. Et puis j’étais nul en story telling. Trop straight. Il me trouvait de plus en plus déconnecté. Pour être bankable pour le millenium à venir, il me faudrait abandonner le zoning de zero gravity dans lequel je me trouvais. Il faudrait que je m’offre un SUV. Un crossover c’est tellement swag ! Il faudrait surtout que je repense ma routine. Dans mon job, il devait y avoir un côté performance. Bien finalisé. Surtout si j’envisageais de manager des motor shows. « FYI », me dit-il, « au hit-parade des hipsters, tu as l’élégance d’un ferry. Et pourtant tu n’as pas drop-outé pendant tes études ? »

Après le scotch, je passai à un dry Martini. La bouteille que mon buddy avait acheté sur un cruise liner venait d’un duty-free. « Il va falloir que tu patches tout ce qui ne va pas », me dit mon hôte. « Si tu veux rester dans la middle-class, si tu ne veux pas être broyé par le dumping social, être un mickey qui se prend un missile jabbé en pleine tronche parce qu’il n’est pas en free diving, il faudrait que tu te jackes les fesses. Mais ce qui serait vraiment groovy, ce qui ne t’obligerait plus à faire le forcing pour éviter le prochain flop débouchant sur un flip, il faudrait que tu n’hésites pas à bosser off the clock. » La vie professionnelle était un racing sans railing. Pourquoi ne pas fréquenter des start-up weekends où je serais boosté par des jeunes gens next-gen ? Pourquoi ne pas créer mon site internet et clutcher sur du linkbuilding ? Créer quelques hashtags bien sentis et savoir photoshopper comme un boss en envoyant régulièrement des newsletters. Et puis me trouver une girlfriend qui n’ait pas l’air d’une au pair sur le retour ou d’une script-girl à la ramasse. Bref, prendre définitivement ma life en main après m’être désimlocker mes neurones compactés. Faire en sorte que mon futur ne soit pas le permafrost stérile de ceux qui font du phubbing pour se donner un look pas trop niais. Je serais alors la star des lounge bars, hyper cool. En freestyle all day long. On ne pourrait plus basher ma life remastérisée. J’aurais tous les newbies à mes pieds.

Tel seraient donc les guide-lines de mon road book.« »

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