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Syrie : « sable et mort » ou pétrole et gaz ? (Al-Watan)

À l’occasion de la nomination d’Elliott Abrams [1] au poste d’envoyé spécial pour le Venezuela, je souhaite revenir sur un entretien de 2005 au ministère des Affaires étrangères des États-Unis où je m’étais rendue, en tant que ministre des Émigrés, à la rencontre de William Burns [2].

Présent à cette réunion, Abrams se mit à me parler des actions hostiles de la République arabe syrienne contre les forces d’invasion américaines en Irak, décrivant la somme d’ennuis auxquels elles se trouvaient confrontées à cause de la détermination syrienne à les en expulser ; notamment, en laissant passer ceux qui combattaient ces forces d’occupation par son territoire. Je répondis que ce qu’il disait n’avait rien à voir avec la réalité, que ses sources lui avaient probablement rapporté des informations très éloignées des faits sur le terrain, et que j’étais là pour lui apprendre certaines vérités sur ce qui se passe dans notre région, vu que nous y vivons et que nous sommes les mieux placés pour en rendre compte.

À l’époque, sa réponse me parut étrange. Il me dit : « Mais qu’importe la vérité de ce qui se passe dans le monde entier ? L’important est le concept et l’image qui touchent l’esprit des gens. Qu’ils soient proches ou éloignés de la vérité est secondaire et ne change rien à ce qui est ». Je me souviens encore de mon ressenti à cet instant précis où je concentrais mon propre esprit sur la façon de dialoguer avec une personne qui ne se souciait que de l’image qu’elle fabriquait et transmettait à autrui, sans jamais se soucier de la vérité. Je me souviens aussi que ma réunion avec William Burns s’est achevée dans le hall menant à l’ascenseur.

Depuis, je n’ai cessé de comparer les agressions menées par Israël, ses alliés américains et, malheureusement, ses alliés arabes contre nos pays et nos peuples, aux multiples concepts divulgués en Occident. C’est ainsi que, jour après jour, j’ai en effet acquis la conviction que le monde colonialiste, mené par le sionisme international via son hégémonie financière et médiatique sur l’ensemble des régimes occidentaux, y compris les États-Unis, concentre ses efforts sur la fabrication d’une « image » qu’il propage sans accorder la moindre importance au fait qu’elle soit partiellement ou totalement éloignée de la réalité.

D’où leur guerre criminelle dans toute sa dimension terroriste aux niveaux militaire, médiatique et économique contre nos pays, prétendument au nom de la liberté, de la démocratie, des droits de l’homme, de la protection des civils et autres images fabriquées selon les concepts d’Abrams et de ses semblables néo-sionistes.

Une guerre dont le but manifestement essentiel depuis l’invasion de l’Irak, la destruction de la Libye, les manœuvres en cours pour détruire la Syrie et le Yémen, est le changement des régimes en place, afin de les subordonner au maître sioniste ayant mis les États-Unis et les autres régimes occidentaux au service de ses objectifs consistant à contrôler ou à piller les richesses naturelles des peuples et à installer des types de gouvernance garantissant la suprématie d’Israël, même dans les cas où cela nuit à leurs propres intérêts.

Par conséquent, la plupart des guerres et des coups d’État ou équivalents, actuellement en cours dans différents pays, sont fondés sur une règle simple et facile à comprendre : derrière une façade américaine, la seule souveraineté qui compte en ce monde appartient au maître sioniste. Lui seul aurait le droit de modifier les orientations politiques des uns et des autres dans le sens de ses propres intérêts, comme si Dieu lui avait donné la Terre en héritage et le droit d’en disposer comme il l’entend.

À partir de là, nous pouvons clairement comprendre pourquoi les coalisés combattent certains dirigeants et épargnent d’autres, le critère dominant étant l’obéissance : celui qui s’incline peut continuer à diriger le pays tant qu’il leur donnera satisfaction ; celui qui veut la souveraineté pour son pays et son peuple sur ses options et ses richesses nationales, il sera facile de fabriquer des « concepts » et des « images » justifiant une guerre contre lui, contre son pays et son peuple.

L’exemple concret de ce qui précède se trouve dans les multiples agressions du peuple syrien, agressions principalement menées par Israël dissimulé derrière une façade américaine. Un exemple parfaitement comparable aux agissements des États-Unis au Venezuela, dans le but de contrôler les plus grandes réserves de pétrole au monde et les richesses fabuleuses d’un pays qu’ils considèrent comme leur arrière-cour.

Mais, si la Syrie qualifiée par Donald Trump de pays de « sable et de mort » [3] - ce qu’elle n’est absolument pas- a nécessité une telle mobilisation pour la diviser et occuper certaines de ses régions, le Venezuela est certainement plus important, non seulement en raison de ses énormes richesses suscitant toutes les convoitises, mais aussi parce que le contrôle éventuel de ses orientations politiques garantirait leur influence sur l’Amérique du Sud d’abord, sur le reste des pays ensuite.

La Syrie et le Venezuela sont donc deux exemples démontrant que les États-Unis et l’Occident en général, n’ont foi ni en la souveraineté des États, ni en l’ordre mondial issu de la Deuxième Guerre Mondiale, ni en les conventions internationales adoptées depuis. Désormais, ils œuvrent ouvertement, nuit et jour, à priver les États de leur libre choix, en attendant de les priver de leurs ressources naturelles et de les transformer en suivistes soumis au diktat occidental assurant la couverture de l’entité sioniste.

Bouthaïna Chaabane
La fille de la Terre
28/01/2019

Madame Bouthaïna Chaabane est conseillère en politique et communication du Président Bachar al-Assad

Traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal

Source : Al-Watan (Syrie)

Notes :

[1] Venezuela : Elliott Abrams, un faucon américain face à Maduro

[2] Note de Karim Bouzida sur le sous-secrétaire d’Etat William Burns

[3] Donald Trump describes Syria as ’sand and death’

»» http://alwatan.sy/archives/184644
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