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Immigration : plus de sérieux, moins de petits jeux

Un article de « Libération » fait un récit inacceptable d’une discussion du groupe parlementaire « La France insoumise » à propos d’un texte diffusé par Regards, Mediapart et Politis sur l’immigration. Cet article de « Libération » appelle plusieurs mises au point. La première pour garantir notre liberté collective.

En effet notre groupe doit pouvoir continuer à discuter librement des questions qui sont posées à ses membres sans que ces discussions soient aussitôt retranscrites sous la forme de psychodrame de « division » ou de « déchirements » par un média qui écoute aux portes et prétend avoir ses « informations » de l’intérieur. Faute de quoi aucune discussion n’est plus possible et une ambiance mortifère de méfiance mutuelle rend impossible toute vie commune. C’est sans aucun doute le but recherché ici.

La seconde concerne la liberté de chacun des membres du groupe. Celle-ci reste totale. Elle n’est pas mise en cause. Chacun d’entre nous reste maître de son point de vue et de son expression publique y compris quand il y a désaccord. Chacun naturellement doit évaluer l’intérêt d’une expression publique de ses divergences. Car afficher systématiquement sa « différence » comme moyen d’exister est aussi source de confusion même si cela peut flatter son égo. Et cela produit une image collective qui rappelle trop les nids d’intrigues habituels des partis de gauche et d’extrème gauche de toute taille. Chez eux toute l’activité est introvertie, se résume à des intrigues internes et consiste a se valoriser en dépréciant les autres. Le PS et diverses organisations d’extrême gauche ont beaucoup pratiqué ces mœurs, au prix d’une ambiance interne suffocante et d’une visibilité démoralisante. C’est avec cela que nous disions avoir tous voulu rompre pour retrouver un engagement positif, concret et aussi convivial que possible.

La troisième concerne le sujet en débat. Tout le groupe venait de découvrir un texte auquel seule une d’entre nous avait eu partie liée lors de sa rédaction et de la patiente collecte des 150 premières signatures. Aucun d’entre nous ne fut prévenu de rien pendant cette période de préparation. Or nous venions de mener collectivement le débat public des jours durant à l’Assemblée avec la loi « asile immigration » de Macron. Nous venions de présenter collectivement nos amendements et de publier ensemble une brochure sur le thème. Une certaine exaspération s’est donc en effet exprimée à se voir soudain mis en cause et interpellés sur des points déjà tranchés collectivement au fil de l’action parlementaire et dans le soutien sans faille aux actions de luttes de terrain. D’ailleurs, des propositions nouvelles étaient contenues dans nos amendements comme celle de créer un statut de réfugiés économique et climatique pour pourvoir apprécier les situations et décider sur une base légale ouverte. Autrement dit : pour rompre le cercle infernal du droit d’asile ou de l’expulsion.

Nous pensions avoir tout dit et mis au point une position globale, concrète et réaliste conforme à tout l’arc des principes dont se réclame la tradition humaniste. Personne ne nous a fait la moindre remarque sur ces prises de parole ni sur nos documents écrits. Aucun des signataires ne nous a non plus exprimé le moindre soutien dans la bataille parlementaire. Et je regrette d’ailleurs que le texte ne fasse aucune allusion à nos propositions et ne reprenne aucune de nos solutions concrètes. Mais je peux dire que nous restons disponibles pour discuter de toutes ces propositions. Cela alors même que plusieurs des signataires du manifeste se sont adressé à nous sur ce thème avant cela de façon… violente, pour ne pas dire davantage. Ou bien alors que certains ont appartenu ou soutenu le gouvernement Valls et son texte sur l’immigration et donnent à présent des leçons.

J’ai bien compris qu’en décidant de cette publication sans nous, sans avoir proposé la moindre discussion sur ce texte et sans aucun échange sur les solutions concrètes, les signataires ont voulu marquer leur distance avec le travail de parlementaire que nous avons mené. C’est leur droit, cela va de soi. Pour autant, était-il nécessaire d’insinuer contre nous après avoir condamné la politique du « bouc émissaire » ? Une semaine après les diatribes que l’on sait, dans l’acharnement contre nous qui est visé, par la phrase : « il ne faut faire aucune concession à ces idées, que l’extrême droite a imposées, que la droite a trop souvent ralliées et qui tentent même une partie de la gauche ».

Quoi qu’il en soit, si la méthode a choqué, le fond du désaccord est dans les termes qu’utilise le texte publié. « Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires » déclarent Regard, Politis, Médiapart et leurs 150 signataires. Cela revient à renoncer purement et simplement à toute action politique contre les causes du départ. Cela revient à amnistier la responsabilité des gouvernements français et de la France-Afrique dans la misère et la corruption. Et surtout cela amnistie l’Union européenne pourtant particulièrement impliquée par ses soit disant « partenariats économiques » et ses « accords de pêche ». Le refus de ettre en cause l’Union européenne peut conduire aux pires aberrations.

Mais la suite du texte laisse pantois. Rajouter « A vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient contrôle policier accru, la frontière se fait mur » revient à dire que les frontières ne sont plus assumées. Ce n’est pas du tout notre point de vue. Nous croyons au bon usage des frontières. Sans elles, comment organiser « le protectionnisme solidaire » de notre programme économique, l’interdiction du statut de travailleur détaché, les obligations de ferroutage et ainsi de suite. Notre rapport aux frontière n’est pas idéologique. Il est concret dans un monde où celles-ci n’ont cessé d’exister que pour le capital et les riches et où nous avons l’intention de les rétablir contre eux. Disons-le clairement nous ne sommes pas d’accord pour signer à propos d’immigration un manifeste « no border », ni frontière ni nation. Nombre de nos amis les plus chers qui ont signé ce texte disent à présent n’avoir pas repéré cette phrase que les rédactions « no border » ont su placer.

Peut-être les formulations de Regards, Politis et Mediapart sont-elles seulement maladroites ou involontairement ambigues. Peut-être sont-elles du registre du commentaire médiatique davantage que du domaine du concret et de ses luttes. Donc, on se serait évité tout cela en parlant du texte avant de le publier. Quoi qu’il en soit on peut y réfléchir sans s’insulter. Je veux de nouveau résumer notre point de vue.

Nous ne croyons pas que ce débat doivent être le centre du débat des européennes. Le faire serait faciliter le travail de Macron et de l’extrême droite qui se sert du sujet pour éviter tous les autres. Mais une fois le débat ouvert, nous croyons d’abord qu’il faut combattre les causes de départ et rappeler que les gens ne partent pas par plaisir ! Renoncer à ce combat c’est cesser la lutte contre cet ordre du monde et rayer le sens du combat que mènent nos amis dans ces pays pour en finir avec les causes de l’émigration. Avec cela, soyons tout aussi fermes pour dire : le devoir de secours aux détresses en mer ou ailleurs doit rester inconditionnel. Pour autant, qui est partisan d’un droit automatique d’installation ? Pas nous. Nous avons proposé de créer un statut de réfugié climatique ou économique pour apprécier légalement les situations de tous les réfugiés. Mais il faut aussi interdire le statut des travailleurs détachés. Et donner des papiers aux travailleurs étrangers sous contrat de travail. C’est un tout.

Pour ma part, je veux le préciser : personne ne m’a proposé de signer. J’aurais dit pourquoi je suis en désaccord. Je suis internationaliste. Pas mondialiste. Je crois au bon usage des frontières, j’ai dit pourquoi. Je ne confond pas la coopération avec la libre circulation sans passeport ni visa. Je crois à un monde organisé par l’ONU. Comme je suis certain que nous gouvernerons tôt ou tard, je suis certain que mieux vaut avoir les idées claires sur ces sujets avant. En ce sens, la discussion n’est pas inutile si son but n’est pas de stigmatiser.

Car il est douloureux pour nous d’être traités de la sorte et d’avoir le sentiment que nos combats sont niées, que l’ambiguïté calculée d’un texte baptisé « manifeste » suffise à nous ranger dans un camp qui n’est pas le nôtre. Il est douloureux que mes discours de Marseille en pleine présidentielle sur ce thème, ceux de mes camarades à la tribune de l’Assemblée ne soient rien au point qu’on ne pense même pas à nous proposer de relire ensemble un texte sur le sujet. Un texte qui finalement ne connait aucune autre publicité que celle de la polémique et la division qu’il allume contre nous. Il est insupportable qu’un journal comme « Libération » en profite pour essayer de donner de notre groupe une telle image à ce point inverse à ce qu’il est, et à son fonctionnement réel. Comme s’il n’y avait rien de plus urgent pour ce journaliste que de tout flétrir de ce que nous sommes : notre identité collective et notre vie de groupe, nos efforts et notre travail. Comme si sur un tel sujet il y avait trop de combattants. L’invention d’une gauche anti-migrant en France comme en Allemagne est tout simplement un renfort pour nos ennemis communs de toujours.

Jean-Luc Mélenchon

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1914-1918 La Grande Guerre des Classes
Jacques R. PAUWELS
Dans l’Europe de 1914, le droit de vote universel n’existait pas. Partout, la noblesse et les grands industriels se partageaient le pouvoir. Mais cette élite, restreinte, craignait les masses populaires et le spectre d’une révolution. L’Europe devait sortir « purifiée » de la guerre, et « grandie » par l’extension territoriale. Et si la Première Guerre mondiale était avant tout la suite meurtrière de la lutte entre ceux d’en haut et ceux d’en bas initiée dès 1789 ? C’est la thèse (…)
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« Je pense que l’un des grands défis des Occidentaux, c’est d’être capables de mettre le curseur sur des forces politiques que l’on va considérer comme fréquentables, ou dont on va accepter qu’elles font partie de ce lot de forces politiques parmi lesquelles les Syriennes et les Syriens choisiront, le jour venu. Et je pense que oui, l’ex-Front al-Nosra [Al-Qaeda en Syrie - NDR] devrait faire partie des forces politiques considérées comme fréquentables »

François Burgat sur RFI le 9 août 2016.

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