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AMLO et le Mexique à venir

L’Amérique latine et la conciliation des classes (La Jornada)

Il est à la mode de spéculer sur ce que l’on doit attendre du prochain gouvernement du Mexique. Même si personne peut prédire le futur, une analyse comparative peut aider à établir certains cadres pour nos expectatives. Le Honduras, le Paraguay, l’Uruguay, l’Argentine, le Brésil, le Venezuela, la Bolivie, le Chili, le Pérou et le Nicaragua ont eu des gouvernements qui se disaient ou se disent (encore) progressistes et il me plairait de faire ici un bilan de ce qui est bon, mauvais et laid dans leurs résultats.

Chacun de ces gouvernements appliquait une stratégie de ce que l’on pourrait dénommer conciliation des classes, vu que, à l’exception de Cuba, la génération précédente de la lutte armée et de la lutte des classes avait été vaincue. Chacun de ces gouvernements, en incluant les expressions les plus radicales de Chávez, Morales et Correa, gouvernaient main dans la main avec d’importants secteurs des oligarchies, des bourgeoisies nationales et des groupes de capital.

Le bilan froid de ces gouvernements, presque sans exception et à des degrés divers, ont tous des éléments en commun. Tous obtinrent d’importantes réductions de l’extrême pauvreté, surtout par le biais de programmes de type compensatoires et d’assistance, en intégrant les transferts directs et la mal-nommée "inclusion financière", qui permet aux pauvres d’accéder à un plus haut niveau de consommation moyennant l’endettement avec des crédits. Ils réussirent aussi des niveaux significatifs de démocratisation de l’accès à l’éducation supérieure en utilisant des bourses, des quotas et en créant de nouvelles universités publiques.

Tout cela, toutefois, sans de grands changements structurels favorables aux intérêts des classes laborieuses et paysannes ou des populations amérindiennes et afro-descendantes. Ces mandats furent plutôt les scènes d’une plus grande pénétration des capitaux transnationaux dans leurs économies, de l’arrivée du capital financier international et de l’augmentation exponentielle des concessions minières. En créant en même temps de petits ministères ou sous-secrétariats d’État pour s’occuper de l’agriculture familiale et paysanne avec de modestes budgets de crédit et achats publics, en rendant les ministères ou secrétariats d’État d’agriculture, avec des méga-budgets, aux hommes et femmes de Monsanto et de l’agrobusiness. Ils libérèrent les OGM sans avancer dans la réforme agraire. Au Brésil, sous les gouvernements de Lula da Silva et de Dilma [Rousseff, on a assisté à la plus grande expansion territoriale de l’agrobusiness dans l’histoire du pays. Les politiques ont été des politiques néo-développementistes et néo-extractivistes qui justifiaient l’expansion de l’agrobusiness et des mines à ciel ouvert avec un plus grande encaissement d’impôts et redevances par l’État, un modèle qui est entré en crise avec la fin du boom des commodities.

Chacun de ces gouvernements a été associé à l’ascension de nouveaux secteurs du capital liés au budget public (la Bolibourgeoisie au Venezuela, Odebrecht et JBS au Brésil, etc) et la corruption a été presque aussi notoire que dans les gouvernements précédents de droite. Dans les États, provinces et municipalités,[ces gouvernements ont gouverné dans des néfastes alliances électorales avec les oligarchies locales de toujours.

Aujourd’hui plusieurs de ces gouvernements ont eu une triste fin ou se trouvent en situation compliquée. Les coups d’État mous contre Zélaya, Lugo, Dilma Rousseff, Lula emprisonné ; les échecs électoraux de Fernandez de Kirchner et Bachelet, et les guarimbas, antres, repaires de l’impérialisme dans les rues du Venezuela et Nicaragua lèvent un doute légitime sur une stratégie de conciliation des classes.

On peut argüer par exemple, que par le biais de la conciliations des classes Lula, Dilma et le PT (Parti des travailleurs du Brésil) "nourrirent le serpent" qui ensuite les mordit. Le premier mandat de Lula, avec une popularité d’environ 80 %, aurait été le moment pour faire la reforme politique que demandaient les mouvements sociaux. Il ne le fit pas, en permettant la continuité d’un système parlementaire qui fomenta la tyrannie des petits partis de droite. Quand TV Globo, puissant média privé, était en faillite, Lula le sauva avec de l’argent public. Ils ne coupèrent pas la tête du serpent. Ils nourrirent l’agrobusiness et les ruralistes, avec des subventions publiques, ils mirent un homme de droite corrompu, Michel Temer, au poste de vice-président de Dilma et finirent en victimes des forces qu’ils avaient eux même préservées.

Une interprétation dit que le pouvoir a toujours voulu mettre en oeuvre l’ordre du jour du Capital. Que les gouvernements militaires touchèrent à leurs limites et laissèrent la place aux gouvernements démocratiques mais néolibéraux, qui touchèrent eux aussi à leurs limites. Et que la seule forme d’avancer encore dans l’ordre du jour du capital (mines, agrobusiness, etc.) était sous couvert de gouvernements supposés de gauche, avec leur capacité de contention des masses populaires qui touchent maintenant à leur tour à leurs limites et la droite revient une nouvelle fois.

En voyant la composition du gouvernement proposé par Andrés Manuel Lopez Obrador, les futures nominations et propositions politiques ... cela sera-t-il si différent au Mexique ? Est-il si différent, AMLO, de ces autres présidents ? Le Mexique a vraiment de particularités, mais ... les résultats seront-ils si différents ?

Peter Rosset
Professeur du Colegio de la Frontera Sur (Ecosur) à Chiapas

Traduit par Luis BASURTO

En photo : Andrés Manuel Lopez Obrador

»» http://www.jornada.com.mx/2018/08/19/opinion/022a1mun
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