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Blocus de Cuba : un crime qui dure

L’Assemblée générale de l’ONU a adopté le premier novembre dernier une résolution à la quasi-unanimité, appelant à la levée du blocus décrété il y a soixante ans par les États-Unis contre Cuba, avec 191 voix pour et deux voix contre, celles des États-Unis et d’Israël.

Il s’agit d’un retour au soutien à l’embargo par les États-Unis qui en 2016, pour la première et unique fois depuis que l’Assemblée générale vote sur cette question, s’étaient abstenus. La parenthèse de l’administration Obama s’est bel et bien refermée.

L’administration Trump met inlassablement en avant la défense des droits de l’homme sur l’île, argument surprenant au regard de la complaisance historique de l’exécutif américain envers les pétromonarques saoudiens d’aujourd’hui et les dictateurs fascisants d’Amérique Latine d’hier.

Les Etats-Unis on également rejeté l’argument de l’isolement économique sur lequel l’administration Obama avait fondé son abstention en 2016. Un peu d’histoire s’impose :

En 1958, 3 ans avant la mise en place du blocus, les États-Unis représentaient 67 % des exportations cubaines et 70 % de ses importations. On imagine aisément l’impact de la rupture commerciale entre les deux Etats, impact surpassé par le peuple cubain grâce à la solidarité internationaliste de l’ensemble des pays socialistes.

Les années 1990 et la période spéciale, caractérisées par une forte récession de l’économie cubaine due au démantèlement de l’Union Soviétique et à la rupture de la naissante Fédération de Russie avec la Havane, n’ont pas adoucit le comportement des Etats-Unis à son égard, bien au contraire. Dès octobre 1992, la loi Toricelli interdit aux subsidiaires des compagnies étasuniennes établies dans des pays tiers de commercer avec Cuba, interdisant aux bateaux ayant touché port cubain à des buts commerciaux de toucher ports étasuniens dans un délai de 180 jours. En 1996, la loi Helms-Burton, votée sous le mandat du prétendument « Démocrate » Bill Clinton, interdit à n’importe quelle personne ou entreprise dans le monde de commercer ou faire usage des biens américains nationalisés par Fidel Castro entre 1959 et 1961. Ces deux lois extraterritoriales engendrant bien entendu des sanctions rétroactives (donc en principe contraire aux droits de l’homme, grande préoccupation des gouvernements américains successifs) dont notamment la BNP Paribas et le Crédit agricole ont fait les frais, en s’acquittant d’amendes de plusieurs milliards de dollars pour avoir osé entretenir des relations financières avec Cuba.

Ceux qui ne voulaient plus être « les gendarmes du monde » ont su se reclasser sans trop de difficultés comme garde-frontières de Cuba.

Etudions maintenant les impacts concrets de ces mesures sur l’économie cubaine. Selon la résolution portée aux Nations Unies par Cuba en novembre, « les pertes [dues au blocus, ndlr] représentent 822 milliards 280 millions de dollars ». Le document, intitulé « Nécessité de mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba » précise que d’avril 2016 à juin 2017 les pertes ont été de 4 milliards 305,4 millions de dollars. Il s’agit là d’un véritable sabotage de l’économie cubaine ainsi que d’une atteinte à sa souveraineté, ralentissant drastiquement le développement économique de la république insulaire.

L’adoucissement de ces sanctions économiques contre la Havane sous l’administration Obama ne convient toutefois pas au nouveau locataire de maison blanche, qui veut à nouveau les renforcer déclarant que l’accord conclu par son prédécesseur "n’aide pas les Cubains et enrichit le régime". Le renforcement s’est notamment opéré dans le secteur touristique, seconde manne financière de l’Île. Rappelons que l’assouplissement de la réglementation a apporté 300.000 touristes américains sur l’île au cours des cinq premiers mois de 2017, soit un bond de 145% sur un an. En 2016, Cuba avait accueilli 284.937 visiteurs des Etats-Unis, 74% de plus qu’en 2015.

Concrètement, Donald Trump a annoncé l’interdiction de toute transaction financière avec le Groupe d’administration d’entreprises Gaesa, société faîtière d’Etat contrôlée par l’armée nationale cubaine. Gaesa est la société la plus importante du pays et elle administre notamment une partie de l’activité touristique locale, lui conférant une place stratégique dans l’économie nationale. Les capitalistes américains eux-mêmes ont dénoncé les mesures prises par le Président Trump, les voyagistes états-uniens y voyant la perte d’un marché et la chambre de commerce américaine jugeant que les annonces présidentielles « limitaient les possibilités de changements positifs sur l’île » et risquaient « de laisser la place à d’autres pays » qui ne partagent pas les valeurs de l’Amérique. Par « changements positifs » il faut bien entendu entendre « chute du socialisme », permettant sans doute l’adhésion des cubains aux fameuses « valeurs américaines ».

Malgré le maintient du processus de normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays, le retour en force du blocus, vestige de la guerre froide, permet aux peuples du monde entier de démasquer les politiques impérialistes persistantes des gouvernements successifs des Etats-Unis d’Amérique et de crier avec le peuple cubain ¡ Patria o muerte, venceremos !

Antonio Bermudez, 31-03-2018

»» http://jrcf.over-blog.org/2018/03/blocus-de-cuba-un-crime-qui-dure.html
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