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Haïti, la quadrature du cercle ou l’improbable lutte contre la corruption

Alors qu'il est inculpé et suspecté de blanchiment d'argent, alors que son administration et son cabinet sont peuplés de personnes recherchées par la justice et / ou épinglées par des rapports officiels dénonçant de nombreux cas de corruption, le président haïtien vient de faire une nouvelle provocation en disant qu'il est le seul à avoir la solution contre la corruption en Haïti. Serait-ce un aveu qui confirme l’implication de l'état haïtien au plus haut niveau dans les pratiques mafieuses comme le dénonce le rapport de la commission sénatoriale sur les malversations des fonds de PetroCaribe  ? Ou serait-ce une manière de banaliser l'initiative de ceux qui cherchent à se mobiliser contre la corruption ? Qu'importe le sens de cette affirmation, elle renforce l'idée de l'improbable capacité de la société haïtienne à se mobiliser pour lutter contre la corruption comme le prouve l''échec de la marche contre la corruption au regard du succès de la procession de l'église catholique consacrée à Marie.

Une marche apolitique mesurée contre une course politique effrénée

Le mardi 5 décembre 2017, à l’initiative du « collectif du 4 décembre » et de ses alliés, une marche contre la corruption a eu lieu à Port-au-Prince. Il s’agissait, pour la société civile haïtienne de prouver à elle-même et au monde entier qu’Haïti pouvait aussi, comme ailleurs, en Corée du Sud, au Guatemala, en République dominicaine ou en Israël, se mobiliser collectivement pour agir dignement contre la corruption.

C’était un rendez-vous pour le moins attendu, notamment après le rapport de la commission sénatoriale sur PetroCaribe documentant un vaste réseau de dilapidation, de détournement des fonds de PetroCaribe, à hauteur de plus de 3.8 milliards de dollars, par les différentes administrations politiques qui se sont succédé en Haïti entre 2009 et 2016. C’était aussi, en quelque sorte, un test grandeur nature pour mesurer la capacité de l’opinion publique à se mobiliser afin d’apporter une réponse aux personnes indexées dans ce rapport, lesquelles n’ont pas manqué de culot pour jouer les pleureuses et les vierges effarouchées en s’appuyant sur leurs appuis médiatiques, par juste retour d’ascenseur, pour se déclarer innocentes et victimes de machination, d’instrumentalisation et de complots. Elles sont si confortables dans leur audace, car bien aidée par les médias, que tour à tour elles nous ont imposé leur arrogance, leur absence totale de dignité en insultant notre intelligence par la publication de lettres cherchant à révéler, au-delà de leur kleptomanie, leur talent épistolaire. De quoi assurer le succès de la prochaine édition de livres en folie dont le titre peut être : La saga de PetroCaribe en mode épitres en folie !

Ainsi se dressait le contexte de la marche du 5 décembre 2017. Évidemment, ce n’était pas la grande foule comme en Corée du Sud ou à Santo Domingo. Cette marche aurait drainé, selon les estimations de quelques médias (radio ibo), une dizaine de milliers de participants, toutes tendances confondues. Encore, que parmi les marcheurs, il y en avait qui n’étaient pas de toute pureté éthique. En effet, on a vu se défiler, dans cette marche, avec des pancartes dénonçant la pratique des subventions accordées aux parlementaires, d’anciens parlementaires qui étaient des champions de cette pratique et qui, pendant leur mandature, trouvaient même qu’elles étaient trop peu pour leurs besoins.

Ont-ils depuis changé ? Ont-ils fini par prendre conscience que la corruption est un vrai fléau ? Sont-ils devenus de convaincus adeptes de l’anticorruption ? Ce serait de bon aloi, mais nous nous autorisons à en douter. Ne serait-ce que parce que le profil de ces gens s’apparente davantage à des mercenaires politiques qui rallient les justes causes uniquement quand ils ne sont pas en situation de pouvoir et de responsabilité.

Néanmoins, cette marche a laissé augurer, dans l’esprit de certains, un timide réveil de la dignité nationale. Même si pour d’autres, c’est encore très loin du grand réveil espéré pour amorcer la longue marche qui doit donner l’assaut contre les coureurs de fond de la corruption. Quoiqu’il en soit, cette initiative dénote un certain sursaut de colère et invite la société et la population haïtienne à se reprendre en mains pour sortir de cette mare indigente qui enlaidit tout un peuple et laisse profiler l’image d’une société médiocrement et corruptiblement compatible.

Partant de cette image, on ne peut s’empêcher de regretter que les initiateurs de la marche eussent, par stratégie conciliante, placé leur mouvement dans le sillage d’une démarche apolitique. Une telle revendication de neutralité politique autorise à se demander jusqu’où veut-on ne pas aller trop loin dans la lutte contre la corruption ?

D’abord, il y a lieu de préciser que cette posture charrie une énorme contradiction et un réel paradoxe. En effet, comment peut-on lutter efficacement contre la corruption, qui est, de plus en plus, un fait politique, en refusant de porter la dynamique de la lutte sur le front politique ? Comment construire un front commun contre la corruption en se déclarant apolitique alors que tous les corrompus se transforment en de véritables coureurs de fonds qui assautent le pouvoir politique afin d’obtenir l’immunité politique ?

En outre, ce n’est même pas la corruption qui pose problème, puisqu’elle est un phénomène mondial, commun à toutes les sociétés et profondément enraciné dans une certaine part immonde de la nature humaine. C’est de préférence l’impunité qui constitue le drame qui alimente l’indigence de la société haïtienne, parce que résultant de la défaillance du système judiciaire et de l’irresponsabilité des juges qui pactisent, se solidarisent et protègent les corrompus. Le drame, c’est aussi, le dysfonctionnement du système électoral qui permet à des crapules et des corrompus de se porter candidat, dans une quête effrénée, pour obtenir, à tout prix, le saint Graal qu’est l’immunité politique afin de couvrir leur délinquance. Le drame, c’est encore, l’accommodement d’une partie la société avec des résultats électoraux douteux trafiqués par des conseillers électoraux cherchant à obtenir en retour des nominations de haut rang dans l’administration publique, quand ce n’est pas pour monnayer simplement, pour leur compte, des espèces sonnantes et trébuchantes. Le drame, c’est, surtout davantage, les hommes d’affaires qui financent les réseaux politiques mafieux pour pouvoir accéder par redevance financière à leur part de butin dans le festin de la corruption politique par le truchement de contrats de gré à gré signés dans la foulée de toutes les urgences. L’immense drame reste certainement la faillite de toutes les institutions nationales et la déchéance de toutes les forces morales qui , par leur complaisance ou leur silence, renforcent et structurent les réseaux nationaux de la corruption.

Ainsi, du système judiciaire au système électoral, l’impunité, qui découle de l’immunité, participe d’une volonté politique et témoigne, sans le moindre doute, du fonctionnement d’un réseau d’accointances mafieuses qui confisque le pouvoir politique pour promouvoir la délinquance et la criminalité financière. De même, de la société civile aux patrons des médias, des électeurs aux entrepreneurs, des hommes de foi aux hommes de loi, l’absence de scrupule et l’accommodement d’avec ce qui est hors norme, en contrepartie d’un gain matériel, d’un profit personnel ou d’une collusion idéologique, relève d’une dynamique cherchant à nourrir la corruption politique.

Dès lors, vouloir agir contre des faits et des évidences politiques hors du champ politique et sans stratégie politique ne peut être, au mieux, qu’une imprudence, et, au pis, une imposture.

Les frontières mouvantes de la corruption

De toute évidence, dire qu’on lutte de manière apolitique contre un certain système politique révèle des failles stratégiques qui méritent d’être interrogées. En effet, sachant que « les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde et que les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques », on en vient à se demander, si en se cantonnant derrière une ligne apolitique, on ne cherche pas à réduire l’essence de la lutte contre la corruption en la limitant à une sphère où la population serait exclue. Autrement dit, on ne cherche qu’à être entre copains pour fébrilement dénoncer quelques coquins.

Ainsi, vidée de sa capacité à rallier les foules à sa cause, la lutte contre la corruption deviendrait alors une stratégie de copinage et de coquinage permettant aux uns de protéger les autres tout en se donnant bonne grâce dans l’opinion publique. Ce serait aussi une certaine manière de se protéger soi-même tant les frontières de la corruption sont mouvantes et étroites en Haïti, tant chacun est, à un certain degré, compromis dans des affaires douteuses ; tant chacun possède un parent, un ami et un bienfaiteur mêlé dans l’imbroglio d’un scandale ou pris dans les mailles des filets d’une agence nationale ou internationale de lutte contre la corruption et la criminalité.

Ce qui nous amène à nous interroger sur les formes et les nuances de la corruption en Haïti. Et pour cause, car on a déjà entendu des hommes d’affaires prendre la parole pour faire l’apologie des mauvais arrangements comme s’il s’agissait d’une culture d’entreprise. De même, on a aussi entendu d’autres s’insurger, avec véhémence, contre toute démarche d’audit, de redevabilité et d’imputabilité des administrations politiques avec lesquelles ils sympathisent.

Cela autorise à se demander si, en Haïti, ce n’est pas toujours l’autre qui est corrompu, tant on sait se montrer zélé à protéger les corrompus de son camp. Il en ressort une vaste forfaiture qui autorise le camp au pouvoir à faire la chasse aux corrompus du camp adverse tout en protégeant les corrompus du camp du pouvoir. Certainement, au-delà de cette solidarité apolitique qui phagocyte toute stratégie intelligente et efficace de lutte contre la corruption, il faut questionner les frontières et les délimitations de la corruption, comme il faut questionner les réseaux qui bénéficient des avantages de la corruption et qui ne peuvent que s’en accommoder.

De la corruption financière à la corruption politique, qui permet à des hommes d’affaires d’acheter des hommes politiques en finançant leur campagne électorale pour pouvoir bénéficier en retour d’énormes avantages fiscaux équivalents au budget national, il est important de connaitre les limites de ce qui est pratique mafieuse et de ce qui est culture d’entreprise opportune.

De la corruption éditoriale à la corruption médiatique, qui permet à un journaliste de désinformer délibérément la population en occultant certains faits et en passant d’autres sous silence pour pouvoir bénéficier de menus avantages sous forme de subventions et de publicité, il est important de déceler les frontières de ce qui est professionnellement éthique et de ce qui ne l’est pas.

De la corruption morale à la corruption professionnelle, qui permet à un expert de trafiquer les résultats d’une étude sociale pour garantir le maintien de son budget au nom du principe qui finance commande ; ou qui permet à un commerçant de faire du profit en vendant, en connaissance de cause, des produits douteux et avariés ou en dépouillant les consommateurs à travers des services pouilleux ; ou même qui permet à certains de ne payer leurs impôts qu’au moment où ils vont être investis d’une autorité leur habilitant à dépouiller les caisses publiques ; il est urgent de délimiter les frontières de la corruption ou de l’intelligence d’affaires.
On voit bien qu’entre l’escroquerie de masse, le déni et l’arnaque de service, la publicité mensongère, la dilapidation des caisses publiques, les contrats de gré à gré passés par le biais des accointances politiques et sociales, les falsifications de registres électorales, le refus d’appliquer la loi et de respecter les normes de responsabilité sociétale, les négligences éditoriales contre largesse publicitaire, les rapports d’observation partisans de la société civile contre de généreuses subventions, il y a une grande famille virale agissante qui touche tous les secteurs de la société haïtienne et qui impacte négativement toute politique de développement du pays et de succès collectif.

D’où l’improbable capacité à mobiliser en Haïti, comme c’est le cas ailleurs, des millions de gens pour dire non à la corruption, non à l’impunité. Puisque selon les faits, notre économie se criminalise de plus en plus et que nous vivons tous de la corruption. N’est-ce pas le message qui est sous-jacent à la banalisation de la corruption dans le pays ? N’est-ce pas une violence inouïe d’entendre certains déclarer que cela a toujours été ainsi et que cela sera toujours ainsi ? Implicitement, on nous invite à laisser faire ou malicieusement à savoir en profiter. N’est-ce pas aussi pour le moins scandaleux d’entendre d’autres prétendre, avec une rare et suffisante médiocrité, que le rapport de la commission sénatoriale sur PetroCaribe est une démarche politique, parce que conduite par des sénateurs se réclamant d’une certaine tendance politique. Comme si le sénat de la république n’était pas une institution politique dont les sièges sont occupés par des partis politiques revendiquant des tendances politiques. Comme si le jeu politique était dépouillé de revendication politique. Comme si parce que certains avaient volé hier, il faut apprendre à fermer les yeux sur les vols d’aujourd’hui et de demain. Comme si nous étions condamnés à subir l’arrogance et la médiocrité des corrompus et des corrupteurs en ne cherchant qu’à nous associer aux tenants du pouvoir pour se gaver et se protéger.

L’imposture haïtienne, un vrai handicap pour le changement

Ainsi fonctionne l’imposture haïtienne. Au nom d’une indigence partagée, qui assure le succès des entrepreneurs politiques, médiatiques et autres, on nous invite à fermer les yeux sur les crimes financiers des uns et des autres, au lieu d’exiger la justice pleine et entière contre tous les voleurs. Cela participe d’une solidarité répugnante qui doit être dénoncée. Au demeurant, si la corruption est un crime, faire l’apologie de la corruption participe d’une violence qui doit être aussi combattue, qu’importe ceux qui en sont coupables. Et c’est là que nous prenons à défaut la société civile et les médias. Car, ceux qui dénoncent du bout des lèvres et invitent à marcher dans la neutralité contre la corruption passent sous silence ou banalisent certains discours qui font ouvertement l’apologie de la corruption.

Qui ne se souvient pas des paroles de ce puissant homme d’affaires, qui, en 2014, au moment de nommer sa nouvelle cour à la primature, à travers la nomination du premier Ministre Evans Paul, comme nouveau fou pour protéger le roi indigent, avait dit que tout vrai audit de l’administration sortante (en l’occurrence du gouvernement du Premier Ministre Laurent Lamothe) enverra plus de la moitié de la population haïtienne en prison. N’est-ce pas là un aveu de corruption ? Qui peut prétendre ne pas savoir que les mêmes qui ont tenu ces propos sont les mêmes qui bénéficient des redevances de la continuité politique ?

Comment croire alors aux démarches apolitiques pour lutter contre la corruption ? Comment alors prendre au sérieux ceux qui ne cherchent qu’à se donner bonne presse tout en cherchant à maintenir actifs les réseaux politiques qui nourrissent la corruption ?

Ainsi fonctionne la quadrature de la corruption comme une certaine identité collective, comme un sport national, comme une voie royale vers la réussite. Alors quoi de plus efficace que d’occulter la dimension politique de la lutte contre ce système ? Ne faites pas la politique, car la corruption n’est qu’une affaire banale sans incidence politique. Ainsi le pouvoir politique sera toujours aux mains de cette équipe autour de laquelle un large consensus social semble se faire pour barrer la route aux seuls corrupteurs et corrompus reconnus : ceux qui ne sont pas du clan actuellement au pouvoir.

Alors, revient l’éternelle question : que faire ? Comment lutter efficacement contre la corruption dans un pays qui s’accommode d’un président inculpé et d’une assemblée législative corrompue ? Comment une population dont une partie accepte, par lassitude, par vice, par paresse ou par cupidité, de monnayer son vote contre argent, peut-elle s’associer activement à la lutte contre la corruption ? C’est, pour le moins, comme jadis la question improbable que se posaient les Grecs : comment construire un carré de même surface qu’un cercle à la règle et au compas, sachant que le nombre pi n’est racine d’aucune équation polynomiale ?

(Surface du cercle = [Pi] * rayon *rayon, Surface du carré = côté * côté, résoudre ce problème, c’est construire la racine carrée de Pi avec la règle et le compas : c2= [Pi] * r2 ).

C’est l’un des problèmes mathématiques à ce jour insolubles. Vouloir résoudre ce problème, c’est vouloir chercher quelque chose d’impossible ou se lancer dans quelque chose d’irréalisable. Nous nous empressons quand même de préciser que ce n’est pas la lutte contre la corruption qui est en soi improbable ou impossible en Haïti, c’est plutôt l’imposture de la société haïtienne qui est le vrai handicap pour le changement.

Et comme pour faire la démonstration de l’évidence de cette imposture, la hiérarchie de l’église catholique, qui s’est murée dans un silence face a la dislocation du tissu social haïtien, a lancé, 3 jours après, une procession consacrée à Marie sans même faire écho de la corruption qui s’installe comme normes de fonctionnement de la société haïtienne. Devant la foule drainée par cette initiative de l’Église, on se demande pourquoi les Évêques d’Haïti ne s’étaient pas associés à la marche contre la corruption, vu qu’elle était politiquement neutre ? Ce sont des silences qui disent combien l’adoration de ceux qui sont à la tête de l’Église d’Haïti est immense devant la puissance de l’argent. Il est bruit que certains évêques avaient même invité le président à marcher avec eux pour donner la preuve de sa volonté de lutter contre la corruption. On comprend bien qu’une église, qui invite les adeptes et les tenants de la corruption à sa procession, ne peut pas être celle de ce Dieu qu’on dit de justice et de vérité et dont le fils avait, jadis, chassé, à coup de cordes, les voleurs et les marchands d’un temple consacré à son culte.

De toute certitude, avec des élites moins indigentes, avec une société civile moins accommodante de la corruption, avec des citoyens plus engagés politiquement, avec des médias plus soucieux de contribuer à la formation des citoyens, avec des professionnels plus responsables éthiquement, avec des intellectuels plus engagés dans les luttes contre l’injustice et pour la dignité humaine, il sera plus facile de s’inscrire dans une vraie démarche pour contrer la corruption par la dynamique naturelle d’une société devenue plus exigeante, plus engageante, plus solidaire et plus responsable . En attendant la corruption a de l’avenir en Haïti, car les coureurs aguerris et engagés politiquement dans la corruption sont plus nombreux et plus bruyants que les marcheurs aux slogans neutres.

Erno Renoncourt

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Thomas Frank. Pourquoi les pauvres votent à droite ? Marseille : Agone, 2008.
Bernard GENSANE
Rien que pour la préface de Serge Halimi (quel mec, cet Halimi !), ce livre vaut le déplacement. Le titre d’origine est " Qu’est-ce qui cloche avec le Kansas ? Comment les Conservateurs ont gagné le coeur de l’Amérique. " Ceci pour dire que nous sommes en présence d’un fort volume qui dissèque les réflexes politiques, non pas des pauvres en général, mais uniquement de ceux du Kansas, dont l’auteur est originaire. Cela dit, dans sa préface, Halimi a eu pleinement raison d’élargir (…)
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Le déficit de l’Etat était l’objet même de spéculations. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or chaque emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’Etat, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans des conditions toujours plus défavorables.

Karl Marx
La lutte des classes en France. 1850

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