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Mélenchon et la question atomique

On pourrait discuter des heures, échanger toutes sortes d'arguments sur les mérites des uns et les hontes des autres, décrire à l'envi les posture de tel ou tel et dénoncer l'hypocrisie commune aux politiciens de carrière, ça ne servirait à rien. Aujourd'hui, une fois de plus, le débat politique est miné par les compétitions de personnalités, et piétine devant l'impasse économique et sociale sans accepter de la reconnaître. Mais où nous conduisent tous ces VRP en sparadrap ? où, sinon nulle part, étant donné que des solutions nous n'en ayons pas encore, et qu'elles attendent que nous nous mettions au travail pour tenter de les définir, ce que tous nous savons impossible en recourant au langage et aux catégories d'une société moribonde. Croissance ? Emploi ? Pouvoir d'achat ? Revenus ? Transition écologique ? Vraiment ?

Jusqu’où sommes-nous prêts à laisser faire la machine industrielle capitaliste dans son entreprise de destruction massive ? Désolé d’en arriver là mais c’est la seule et unique question essentielle qui nous soit posée aujourd’hui. Ce n’est quoi qu’en disent les idéalistes, malheureusement pas la question d’organisation strictement politique qui soit la plus critique à présent. Le problème le plus critique c’est celui de la divergence absolue entre la croissance financière et l’épuisement destructeur planétaire qui nous conduise à la plus irrémédiable des banqueroutes. Car la question n’est pas de savoir quand les marchés finiront par s’effondrer sur leur propre dette mais ce que ça puisse signifier concrètement pour les habitants de la planète.

Il y a actuellement plus 4000 installations nucléaires de base sur la planète et dont aucune n’est préparée à être laissée à l’abandon sans énergie ni moyens pour la sécuriser. Ceci veut dire qu’en cas d’effondrement économique majeur de portée planétaire, aucune nation n’aurait de moyens de rémunérer qui que ce soit ou d’investir matériellement dans les opérations requises pour empêcher des catastrophes majeures de se produire en série. Peu importe la vélocité des catastrophes en question. Le nombre d’installations et la quantité phénomènale de radionucléides artificiels déjà produits qu’elles stockent définissent en eux-mêmes une menace actuellement inéluctable : celle d’une extinction totale de la biosphère au maximum en trente ans.

Nous-mêmes français sommes aux première loges, et sans doute parmi les plus "chanceux" puisque dotés d’une des plus formidables accumulations de poisons radioactifs au monde à La Hague et d’une merveilleuse vallée du Rhône atomique que tout le monde nous envie. On aurait la chance en cas de retour brutal à des conditions économiques moyen-âgeuses de crever parmi les premiers. Le fait qu’on sache que les nuages n’aient pas de frontières ne nous donne pas de complexe. Notre effondrement apportera sa contribution notoire à la catastrophe ultime. Ainsi lire les unes et les autres s’épancher sur leurs sympathies électorales ne changera rien : que le lepénisme ou le mélanchonisme prévale n’aura in fine absolument aucune espèce d’importance : on continuera à statuer que comme les radiations sont inodores et invisibles, il suffise de faire comme si elles n’existaient pas, comme si elles ne menaçaient personne, et pis tant pis hein, carpe diem.

Quand Mélenchon cause "transition écologique" et "responsabilité générationnelle" je pense aussitôt à cela, à cette façon de balayer le principal problème avec soin sous le tapis. Qu’on admire ses qualités de tribun, qu’on s’extasie sur ses capacités de travail ou sur ses dons avérés à répondre aux médias n’en fait pas moins un pauvre con comme vous et moi, tout aussi exposé au danger que vous et moi. Fessenheim mais la belle affaire ! si il n’y avait que cela ! Mais les héritages de la libération ne se limitent pas aux acquis sociaux du Conseil National de la Résistance ! Il y aussi l’héritage pourri de la bombe à la Française ! Celui qui le fasse entre autres, promouvoir l’indépendance nationale et souhaiter en conséquence qu’on maintienne l’arsenal nucléaire, même qu’on le modernise ! D’un côté il parle d’un abandon supposé du nucléaire en 25 ans et de l’autre il se réserve de présever la "force de frappe" ! Comment compte-t-il maintenir la bombe en fermant les centrales atomiques ? mystère. Compte-il importer du plutonium au lieu d’en produire ? mystère. Tient-il surtout compte de la masse de cochonneries toxiques et radioactives sur laquelle tous les français sont déjà assis ? Apparemment pas. Non, de toute façon l’important c’est "la constituante", c’est "la démagogie du PS", c’est d’être ’Insoumis".

Bah j’ai sans doute mauvais esprit mais la soumission à la menace des contaminations radioactives définitives que font peser les 58 réacteurs d’EDF, les installations de la Hague, et la quantité de sites de stockage existant déjà en France, je ne saisis pas vraiment comment il imagine de nous en soulager. Pour moi cette menace n’a rien de fictif, et s’impose comme déterminant principalement non seulement de toute alternative politique qui se veuille tant soit peu sensée ou crédible, si nous voulions seulement tenter de survivre et de l’assurer un peu pour les générations montantes. Tant qu’aucune réponse à ce problème critique n’est proposée, tant que la priorité donnée vraiment à toute survie possible n’inspirera en rien les projets des politiciens, tant qu’ils continueront à faire l’autruche, je préfererai les autruches les vraies qui, toutes aussi menacées que nous, n’y soient absolument pour rien.

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Victor Hugo à La Havane
Maxime VIVAS
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Il n’y a pas de moyen plus violent de coercition des employeurs et des gouvernements contre les salariés que le chômage. Aucune répression physique, aucune troupe qui matraque, qui lance des grenades lacrymogènes ou ce que vous voulez. Rien n’est aussi puissant comme moyen contre la volonté tout simplement d’affirmer une dignité, d’affirmer la possibilité d’être considéré comme un être humain. C’est ça la réalité des choses.

Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

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