Les sympathisants du parti Les Républicains ont choisi un bien inquiétant personnage pour les représenter à la candidature à la présidence de la République. Le 25 novembre dernier François Fillon a déclaré dans un discours qu’il voulait sans doute rassembleur que "le patriotisme est la seule façon de transcender nos origines, nos races, nos religions" (des propos qu’il avait déjà tenus en 2013 dans l’indifférence générale).
Nous voici donc avec un candidat de la droite « républicaine » à la présidentielle française qui parle tranquillement de "nos races" après avoir pointé du doigt les "musulmans", et leur demande « de faire échec à l’intégrisme en (leur) sein », le même qui soutenait cet été la campagne raciste et stupide contre le burkini.
Il a ensuite voulu marquer un signe d’égalité entre les citoyens en rappelant comment la République avait soumis l’Église et « comme il a fallu exiger des Juifs qu’ils acceptent les lois de la République ». Ainsi il met sur le même plan l’Église et son pouvoir écrasant en France, et les juifs exclus de tou droit jusqu’à la révolution française. Belle leçon d’histoire. De plus en évoquant le Sanhédrin de 1806 mis en place par Napoléon pour intégrer les juifs, il utilise le vocabulaire de la soumission présentant les juifs comme implicitement rebelles, et de qui il a fallu « exiger » qu’ils acceptent les lois de la République. Insoumis peut-être mais surtout dominés ! Il oublie aussi que le principe de l’égalité des juifs s’est souvent construit contre les institutions de la République, comme lors de l’Affaire Dreyfus et que le personnel républicain de la IIIe République (hommes politiques, préfets...) s’est vautré dans l’abjection antisémite sous Vichy.
Ainsi le premier discours officiel du lauréat de la droite "républicaine” est un discours de division et de stigmatisation, profondément inégalitaire, qui l’inscrit dans l’héritage colonial de la République et sa dérive raciste post coloniale.
Le bureau national de l’UJFP, le 5 décembre 2016.
Soit dit en passant, c’est une chose assez hideuse que le succès. Sa fausse ressemblance avec le mérite trompe les hommes.
Victor Hugo