Les citoyens canadiens qui reviennent dans leur pays par avion sont, depuis peu, fichés dans une banque de données qui contient toutes les informations inscrites sur leur passeport, ainsi que celles figurant dans le "dossier client" de la compagnie aérienne utilisée : date de départ et d’arrivée, itinéraire complet, numéro de siège occupé, lieu d’achat du billet, mode de paiement, nombre de valises enregistrées, allergies alimentaires éventuelles.
Sous le couvert de la lutte antiterroriste et sous la pression des Etats-Unis, la création de ce fichier de l’Agence des douanes et du revenu du Canada (ADRC) a été avalisée en octobre 2001 par le gouvernement canadien, sans tambour ni trompette. Il était cependant prévu que ces renseignements ne soient conservés que durant vingt-quatre heures. Or voici que l’ADRC a décidé, depuis le 7 octobre, de les conserver pendant six mois, ce qui permettra d’"analyser les habitudes de voyage" des personnes fichées, reconnaît benoîtement une porte-parole de l’Agence, Caroline Jacques, citée dans Le Devoir de Montréal.
Autrement dit, ajoute le quotidien, seront repérés non seulement les terroristes potentiels mais aussi les pédophiles, les fraudeurs du fisc, les mafiosi ou les touristes sexuels éventuels. Le commissaire canadien à la protection de la vie privée, George Radwanski, a rapidement réagi en dénonçant une "ingérence sans précédent dans la vie privée" : "C’est la première fois que le gouvernement fédéral entreprend de constituer une banque de données avec des renseignements personnels obtenus de tiers, sans le consentement des intéressés et à des fins non pas de service à la population mais d’intervention éventuelle contre elle", a-t-il déclaré. Il va demander à la Cour suprême de se prononcer sur la constitutionnalité de cette loi, tandis que l’opposition réclame un débat au Parlement sur le sujet.
En attendant, "Big Brother l’a une nouvelle fois emporté", conclut Le Devoir dans son éditorial.
info transmise par Martine Jacot
Le grand Soir ne dispose pas des références exactes de l’article repris. Désolé