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Ben Barka 50 après

Voilà 50 ans jour pour jour que ce commis-voyageur de la révolution a été enlevé devant la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain.

Le leader de la gauche marocaine a disparu à jamais du moins physiquement car pour des génération de militants, ce rassembleur charismatique restera dans les consciences encore pour longtemps.

Né en 1920 dans la médina de rabat élève brillant en mathématiques et féru d’économie, il fut un important leader indépendantiste. Déporté dans le sud de l’atlas par les autorités coloniales en 1951, il est libéré en 1954 et devient dans le combat de l’indépendance le défenseur du petit peuple et le promoteur d’une réforme agraire. Mais, après 1956 il refuse de siéger au gouvernement et s’oppose à une dérive aristocratique du régime.

Ben Barka, militait ouvertement pour l’abolition du régime féodal et personnel marocain. En 1962, il échappe déjà à un attentat fomenté par les services du général Oufkir et du commandant Dlimi. Dans le royaume chérifien, il s’impose dans une gauche éclatée comme celui qui resserre les liens entre les tenants de l’option démocratique et ceux de l’option révolutionnaire. Quand éclate « la guerre des sables » entre l’Algérie et le Maroc durant l’automne 1963, il dénonce la guerre d’agression contre l’Algérie et prône la solidarité avec la révolution algérienne. En novembre, il est condamné à mort par contumace pour complot contre le roi. Commence alors un exil militant. D’abord Alger, alors carrefour de la plupart des mouvements révolutionnaires du tiers-monde et où il rencontre Guevara, Cabral, Malcom X. Il travaille surtout à fédérer les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Tricontinentale devant se tenir en 1966 à La Havane dans laquelle « les deux courants de la révolution mondiale (le courant surgi avec la révolution d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice) y seront représentés. Il y définit les objectifs, parmi lesquels l’aide aux mouvements de libération, le soutien à Cuba soumis à l’embargo, la liquidation des bases militaires étrangères et de l’apartheid.

C’est donc dans la Tricontinentale que se trouve la cause profonde de son assassinat. Il est alors pisté, surveillé et il se fait piégé à Paris. Il s’y rend pour rencontrer le réalisateur, Franju, qui lui a proposé de réaliser un documentaire. Antoine Lopez, un agent des services secrets français qui l’avait suivi demande à deux policiers en uniforme de l’interpeller et de le faire monter dans une voiture dans le quel figure des truands français à la solde de Hassan qui le conduise à Fontenay-le-Vicomte dans la maison de Boucheseiche. Torturé par Dlimi, chef de la sûreté marocaine sous les yeux du Oufkir, ministre de l’Intérieur, Ben Barka succombe dans la nuit. Afin d’éviter le scandale, décision est prise de ramener le corps au Maroc clandestinement, grâce à des complicités au sein de l’appareil d’État français. Arrivé à l’aéroport de Rabat dans la nuit du 31 octobre, le corps de Ben Barka est emmené dans un centre de torture, où le corps est plongé dans une cuve remplie d’acide, comme l’a révélé en juin 2001 un agent marocain.

Quant aux protagonistes et témoins de ce crime d’État, ils ont tous disparu. Azzemouri, un étudiant témoin de la scène a été retrouvé mort en 1971. Boucheseiche, et les truands complices sont exfiltrés vers le Maroc en 1965 sont morts assassinés en 1974. Entre-temps, le général Oufkir est mort lors du coup d’État raté contre le roi Hassan II en 1972. Enfin, Dlimi, devenu du coup le numéro 2 du régime, est mort en 1983, officiellement à la suite d’un accident de la circulation. Le seul protagoniste français encore en vie est l’ex-agent secret Lopez, qui avait, dans un entretien accordé au Parisien daté du 6 février 2000, levé un coin du voile sur l’affaire Ben Barka. Ainsi donc, cinquante après, au nom « de la raison d’État », la mort de Ben Barka n’est pas encore élucidée.

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Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de vous n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, n’importe où dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire.

Ernesto "Che" Guevara

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