A l’heure où les nations unies se sont réunies pour statuer sur la situation en Syrie ; à l’heure où la France vient de commencer à bombarder Daesh (espérons qu’ils visent bien !) ; à l’heure où Vladimir Poutine a intelligemment proposé une solution, il n’est pas anodin qu’un livre à charge contre Bachar el-Assad sorte d’un chapeau médiatique.
Dans le nouvel obs, qui semble avoir "l’exclusivité" de l’auteur, on pouvait lire hier matin, ce titre : « SYRIE. 45.000 photos d’atrocités : "Ce livre montre le vrai visage de Bachar el-Assad" »
En lisant ce titre, je me suis dit que ce livre allait nous parler du président syrien, d’une façon différente de ce que nous ressassent en boucle tous les médias occidentaux dominants.
« le vrai visage de Bachar » : on s’attend à autre chose, à quelque chose qui nous surprendrait, quelque chose à découvrir, et pourquoi pas carrément une désintox sur le sujet. Que nenni, le titre de cet article n’est qu’une montagne qui accouche d’une souris.
Je vous retranscris ci-dessous, le début de l’article (la suite étant réservée aux abonnés) :
« Dans un livre qui sortira le 7 octobre, "César", un ex-photographe militaire, raconte les horreurs perpétrées par le régime de Bachar el-Assad dans les geôles syriennes. Interview exclusive.
Entre 2011 et 2013, "César", photographe de la police militaire syrienne, a copié et fait sortir au péril de sa vie 45.000 photos et documents de détenus qui ont péri dans les geôles de Bachar el-Assad. Il vit désormais caché quelque part en Europe.
Alors qu’il a toujours refusé de s’exprimer publiquement sur les crimes contre l’humanité qu’il a pu documenter et sur ses motivations, il a fini par se confier à Garance Le Caisne, collaboratrice de "l’Obs". Dans "Opération César" (Stock), la journaliste livre le récit de cet iconographe de l’horreur - les bonnes feuilles sont à lire dans "l’Obs" du 1er octobre.
Sur la base de ce livre, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "crimes de guerre" visant le régime de Bachar el-Assad.
"César" espère désormais que son témoignage va enfin faire réagir la communauté internationale. »
Source : http://actualites.nouvelobs.com/monde/20150929.OBS6738/syrie-45-000-photos-d-atrocites-ce-livre-montre-le-vrai-visage-de-bachar-al-assad.html
Quelques remarques de Chien Gué :
Déjà, l’interview commence très fort ; je cite : « Le livre va montrer le vrai visage de Bachar el-Assad, celui d’un dictateur qui a fait couler beaucoup de sang. ». Lol ! Quel français moyen qui écoute la radio, regarde la télévision ou lit la presse ou des magazines, n’est pas déjà persuadé que Bachar est un dictateur sanguinaire ? Le « vrai visage » n’est donc pas un scoop, vu que depuis plus de 4 ans, on nous dépeint Bachar el-Assad de cette façon.
45000 photos d’horreurs de guerre : Ok, mais une photo n’indique pas qui est responsable de l’horreur qu’elle affiche. Il pourrait bien y en avoir 200000, qu’elles ne prouveraient que l’atrocité, mais en aucun cas qui l’a commise. D’ailleurs ce livre me rappelle le récit d’un journaliste français revenu de Syrie, il y a un ou deux ans, et qui avait filmé des images prouvant que le régime de Bachar utilisait les armes chimiques, alors qu’il ne prouvait que le fait que des armes chimiques étaient utilisées en Syrie. Mais par qui ? Lire : http://forget.e-monsite.com/pages/les-scandales/syrie-sarin-et-serieux.html
J’aime beaucoup la dernière phrase, aussi : « il espère désormais que son témoignage va enfin faire réagir la communauté internationale ». Ah bon ? Parce qu’elle n’avait pas réagi ? C’est justement sa réaction instantanée et maladroite, il y a presque 5 ans, qui a provoqué le chaos actuel de ce pays. Car en armant et finançant la rébellion contre le président syrien, et ce, dès le début du conflit, les occidentaux ont propulsé Al Nosra, et Daesh au devant de la scène, les rendant désormais incontrôlables, tant ils sont devenus puissants, à grands coups de financements.
Et comme le dit un commentateur en réponse à l’article sur le nouvel obs : « S’il n’y avait pas eu bien des exemples fâcheux en ce domaine on pourrait le croire d’emblée, mais il y a eu Timisoara, le prétendu génocide Serbe au Kosovo avec le fameux plan "fer à cheval", les couveuses de l’hôpital de Koweit City, pour finir avec la fiole de gaz mortel brandie à l’ONU par Colin Powell. Donc je ne dis pas que ça n’a pas eu lieu, je dis que j’attends plus qu’un témoignage unique et des photos dont on ne sait pas ou elles ont été prises ni quand pour me forger une conviction. Ce qui m’interpelle c’est que cela tombe maintenant, au moment ou la crise Syrienne est au centre des discussions à l’ONU, bizarre, bizarre.... »
« Sur la base de ce livre, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "crimes de guerre" visant le régime de Bachar el-Assad. » : une enquête pour crimes de guerre basée sur un livre de photos ? Pincez-moi, je rêve !
L’auteur du livre dit plus loin dans l’interview : « Nous ne cesserons d’être inquiets que lorsque Bachar el-Assad aura quitté le pouvoir, quand nous pourrons revenir chez nous ». Demandez donc aux libyens s’ils sont moins inquiets depuis que Kadhafi a disparu de leur monde ...
Dans la suite de l’article, on apprend aussi que « César a été auditionné par la commission des Affaires étrangères américaine, à Washington DC, le 31 juillet 2014. » Pas très réactifs les américains, si les fondements de « César » sont crédibles...
On peut lire plus loin : « Aujourd’hui, il y a des dizaines de groupes syriens, et des pays étrangers ont leurs propres intérêts dans ce conflit. ». Ah ! quand même, enfin une phrase intelligente : eh oui, il y a des pays étrangers un peu trop investis en Syrie ; mais ça ne date pas d’aujourd’hui, vu que ce sont eux qui sont responsables de la situation actuelle.
On peut donc facilement conclure que la sortie de ce bouquin n’est qu’une manipulation médiatique, tant son contenu est prévisible, et tant la date de sa publication est judicieusement positionnée dans l’agenda de guerre onusienne... De plus, jouant sur le poids des images avec ses 45000 photos, juste après celle du petit Aylan sur la plage, la réaction populaire ne peut qu’être décuplée.
Mais bon, nous ne sommes plus à une désinformation près ...
Chien Guevara
L’article dans sa Niche : Syrie : un scoop de presse qui tombe à pic
Note :
(1) Mais était-ce de la bêtise dans une rédaction qui a soutenu toutes les guerres de l’OTAN, à commencer par celle qui disloqua la Yougoslavie et qui se plaît à dénoncer les dirigeants cubains, vénézuéliens, équatoriens, boliviens, etc. ?