RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Le Bloc Identitaire joue sur l’émotion et ne fait jamais appel au rationnel

Le Bloc identitaire et son choc des civilisations

Alohanews délivre son dernier article sur le Bloc identitaire. Après avoir abordé la genèse et les théories qui sont prônées par ce groupuscule, nous aborderons leur rapport à l’islam et les moyens utilisés pour contrecarrer ceux qui voudraient décrédibiliser leur cause.

L’islamophobie dans les milieux identitaires se caractérise de différentes manières. Pour le Bloc identitaire, la violence est intrinsèque à la religion islamique. En effet, les musulmans seraient forcément agressifs, car le Coran serait composé de récits violents, bellicistes.

Les identitaires braquent souvent leurs projecteurs sur Charles Martel pour lui rendre hommage de sa victoire à Poitiers face à la conquête arabo-musulmane en 732. Lors des attentats du 7 janvier, la Génération Identitaire, officine jeune du Bloc identitaire est allée jusqu’à détourner le slogan Je suis Charlie par Je suis Charlie Martel.

L’on remarque qu’il y a un glissement d’un racisme anti-arabe à un racisme porté sur les musulmans. Cette victoire n’est plus vue comme une victoire face aux Arabes, mais face aux musulmans tout simplement. Ce fait historique est ressorti pour affirmer, objectiver la violence et l’esprit de conquête qui animeraient les musulmans d’aujourd’hui.

La communauté musulmane serait également épinglée, d’après le groupuscule, pour son intolérance innée. Les Français musulmans ne voudraient pas assimiler les bienfaits de la civilisation française. Le Bloc identitaire serait-il nostalgique de la colonisation française ? À vous de juger. L’islam ne serait pas en adéquation avec la République. Les identitaires prennent pour exemple les questions des débats politico-médiatiques telles la laïcité, la viande halal dans les cantines scolaires ou la question du droit au blasphème. L’islam ne ferait l’objet que de polémiques. Sacrebleu !

La toile identitaire mère d’un complot bien huilé

L’islamophobie dans les milieux identitaires a accru sur internet et vient nourrir certaines théories du complot. Le Bloc identitaire vise à identifier deux phénomènes qui catégoriseraient les musulmans et non-musulmans qui ne sont pas acquis à leur cause :


- la taqiya. Cette pratique est minoritaire en islam. Elle consiste tout simplement à cacher son islamité si la communauté musulmane vivait dans une contrée où leur appartenance religieuse pourrait leur coûter la vie.


Depuis plusieurs années, plusieurs groupuscules d’extrême-droite, y compris le Bloc identitaire ont dévoyé le terme taqiya de son sens premier pour interpréter que le Coran donne la possibilité voire oblige les musulmans à mentir aux non-musulmans sur n’importe quel sujet. Quand on tape sur un moteur de recherche le mot taqiya, nous avons plus de 150.000 occurrences. La majorité des résultats de la recherche renvoie vers des sites identitaires. La thèse de cette idée est qu’elle sous-tend que la communauté musulmane ment systématiquement pour mieux amadouer ceux qui ne sont pas acquis à sa cause. Cela est une aubaine pour les complotistes en tous genres qui feraient le procès d’intention de la communauté musulmane entière. Par exemple, lorsque les musulmans de France se sont désolidarisés des attentats perpétrés dans les locaux de Charlie Hebdo, nombre d’internautes et membres du Bloc identitaire ont parlé de taqiya.


Même chose pour la polémique concernant la fille agressée alors que cette dernière bronzait en maillot de bain dans un parc à Reims. Les filles mises en cause ont expliqué qu’il n’était pas question d’islam. Nombre d’internautes se sont empressés d’évoquer la taqiya. Les filles incriminées, selon les identitaires, voulaient instaurer la charia en mettant en place une police des mœurs.

– les dhimmis. Un dhimmi est un citoyen non-musulman qui vit dans un pays musulman et a un régime juridique spécifique. Sur base des thèses de Bat Ye’or (essayiste connue pour sa thèse d’Eurabia, l’islamisation de l’Europe), s’est puissamment développée sur internet l’idée du dhimmi et de la « dhimmitude ».

Pour les identitaires, il s’agirait donc du français non-musulman soumis à cet islam et le priverait de son libre-arbitre. Par exemple, l’affaire du pain au chocolat avec Jean-François Copé est un exemple éloquent. Un enfant se serait vu confisquer son pain au chocolat pendant le mois de Ramadan dans la cour, car ses camarades de classe l’auraient interdit de le manger avant le coucher du soleil. Le mois de Ramadan tombant en été à cette période, cette anecdote n’aurait pu avoir lieu, vacances scolaires obligent. Nous n’allons pas en faire une chocolatine non plus.

Les dhimmis seraient ces non-musulmans qui auraient capitulé face à cette islamisation rampante. Seriez-vous un dhimmi sans que vous vous en rendiez compte ? Un diagnostic s’impose !

Le Bloc identitaire joue sur les peurs et est persuadé que tout musulman est acquis à la cause du terrorisme islamiste, car selon eux, la communauté musulmane peut faire preuve de taqiya (l’art de dissimulation) pour ne pas être mise en cause par la République. Ce procédé de taqiya est la boîte de Pandore pour les milieux d’extrême-droite qui peuvent affirmer leur thèse sur l’islamisation de la France sans être contredits.

Ajoutons à cela la mise en lumière de personnes qui ont, d’après les identitaires, une légitimité. Majid Oukacha est une personne qui a écrit un ouvrage (Il était une fois l’islam... : l’histoire de celui qui voulait diviniser pour mieux régner) qui déconstruirait toute la rhétorique de la religion islamique et donnerait les clés aux personnes qui voudraient débattre avec des musulmans. N’ayant aucune spécialisation en sciences des religions ou en islamologie, Majid Oukacha est une personne de référence pour les questions d’islam dans les franges identitaires. Ces mêmes identitaires qui le considèrent comme un simple Français administratif. On a l’auditoire que l’on mérite. Ce dernier nourrit l’idée de cette France qui s’islamise et vivra au rythme de l’appel à la prière des muezzins.

Si des islamologues ou des démographes venaient à disqualifier les thèses de ce dernier, ils seraient considérés comme des dhimmis, c’est-à-dire des non-musulmans qui travaillent et contribuent à l’islamisation de la République. C’est le cas de Raphaël Liogier, sociologue et philosophe, enseignant à l’Institut d’études politiques d’Aix-En-Provence. Il dirige l’Observatoire du religieux de l’IEP d’Aix-en-Provence depuis 2006. Il est l’auteur d’un ouvrage qui traite du mythe de l’islamisation. Ce dernier est conspué par la toile identitaire et est considéré comme un dhimmi. Même chose pour le démographe belge, François Gemenne qui est également couronné de cet ordre du mérite sauce identitaire. Ce chercheur en sciences politiques et spécialiste des phénomènes migratoires avait crevé l’écran dans l’émission “ Salut les Terriens ” de Thierry Ardisson. Il était opposé à Florian Philippot, le vice-président du Front National. En direct, il a déconstruit tout le discours du parti sur les dangers de l’immigration. Le Bloc Identitaire joue sur l’émotion et ne fait jamais appel au rationnel. Espérons que la raison vienne croiser leur chemin un jour.

»» http://alohanews.be/politique/le-bloc-identitaire-et-son-choc-des-civilisations
URL de cet article 29386
   
LA CRISE, QUELLES CRISES ?
Eric TOUSSAINT, Damien MILLET
Les médias et les économistes de la tendance dominante donnent généralement à propos d’un phénomène aussi profond qu’une crise des explications partielles, partiales et biaisées. Cette vision teintée de myopie caractérise tout ce qui touche aux questions économiques. Damien Millet et Eric Toussaint en spécialistes de l’endettement lèvent le voile sur les racines profondes et durables du déséquilibre économique qui caractérise toute la vie sociale. En 2007-2008 a éclaté la crise (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis.

Martin Luther King

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.