Le 25 août se tenait à Montreuil l’ Assemblée confédérale de rentrée, en présence donc des dirigeants des fédérations et des Unions départementales.
C’est Fabrice ANGEI qui a introduit le débat à partir d’une déclaration qui a reçu l’approbation préalable du Bureau confédéral.
C’est de manière justifiée qu’il est parti de la situation internationale.
Nous retiendrons en particulier comment il analyse ce qui s’est passé en Grèce cet été dans la mesure où c’est la situation qui en Europe a le plus d’impact et comporte les enseignements les plus immédiats.
Ce que le rapport dit
Il souligne la signification historique des événements.
Il met l’accent sur la violation du vote démocratique du peuple grec (referendum du 5 juillet plus de 61% rejetant la politique d’austérité infligée par la Troïka).
Il évoque le "soutien financier" en contre-partie "d’ajustements budgétaires draconiens" et de "réformes douloureuses" (une hausse de la TVA, y compris pour ce qui est de l’eau, l’énergie et les produits alimentaires ; une hausse des cotisations à la sécurité sociale ; une réforme des retraites avec le report de l’âge légal de la retraite à 67 ans, une réforme de la procédure civile...).
Il souligne l’impasse de ce plan incapable d’apporter de solution à la Grèce et aggravant au contraire la situation.
Il met en cause l’Union européenne "exemple paradigmatique d’une tendance générale à l’asséchement de la sphère publique politique"
Et de s’interroger sur le fonctionnement de l’UE, sur sa vocation à protéger les peuples, sur l’Europe à 2 vitesses ... pour conclure sur l’exclamation et la supplique :
"OUI, une autre Europe est possible" et il suffirait "d’inscrire les populations elles-mêmes dans un processus politique qui jusqu’à présent leur échappe."
En concluant sur le congrès de la CES à Paris en septembre-octobre et l’appel (formulé depuis 30 ans !) à une CES ne se comportant plus comme une institution européenne et se montrant plus offensive.
Ce que le rapport ne dit pas
Il est en effet muet sur plusieurs point majeurs :
L’organisation de la paralysie de l’économie grecque et du système bancaire par la Banque centrale européenne (BCE) à la veille du referendum du 5 juillet.
Le comportement de Hollande, du PS et du gouvernement français comme supplétif du ministre des finances allemand et de Merkel.
Le positionnement de la CES exigeant l’annulation du referendum décidé par le gouvernement grec aligné sur les positions du président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker ayant par avance proclamé "Il n’y a pas de démocratie contre les traités européens"
Le fait que sous couvert "d’aide" il s’agit en réalité d’une véritable colonisation de la Grèce dont les richesses sont livrées aux financiers et aux multinationales comme on le voit avec la main-mise sur 14 aéroports régionaux du consortium allemand Fraport-Slentel. Merci Merkel, merci l’UE, merci Hollande !
Un déni de réalité
C’est à un véritable déni de réalité que se livre la direction confédérale et son rapporteur afin de justifier la poursuite de son insertion dans les institutions européennes et son ralliement à la CES au début des années 90 :
Non il n’y a pas de dérive actuelle dans le fonctionnement de l’UE.
C’est dès sa construction que ses pères fondateurs (Monnet, Schuman ...) entendent placer les peuples en tutelle afin de mettre à l’abri les intérêts de l’oligarchie de toute intervention populaire.
Non l’UE n’est pas un facteur de paix comme on peut le voir avec son soutien aux agressions du pouvoir de Kiev et des nazis qui en sont une composante contre le peuple du Dombass.
La crise grecque, la mise en œuvre d’une stratégie visant à la capitulation de Tsipras est la preuve incontournable que l’UE n’est pas réformable de l’intérieur.
La défense et la religion de l’euro constituent la ligne directrice de ses décisions et de ces choix, et sans remise en cause, et confrontation avec ces choix il n’est pas d’Europe sociale et de sortie des politiques d’austérité.
Et c’est de loin que l’analyse de la Fédération du livre CGT (FILPAC) qui fin juillet dernier correspond à la réalité et aux tâches du mouvement syndical :
"La preuve est faite qu’une politique sociale, démocratique et écologique n’est pas réalisable sans mettre à bas l’UE. "
L’UE n’est pas une force de paix, de progrès et de démocratie, contrairement à ce que prétend la Confédération européenne des syndicats : c’est un ensemble despotique d’institutions et de règles au service du projet capitaliste des grands groupes industriels et financiers."
Et c’est donc de là qu’il faut partir pour définir notre orientation syndicale !
La préparation du 51e congrès s’engage.
Face à ce déni et à cet entêtement à nier les réalités de l’UE et à tirer les enseignements indispensables pour libérer l’énergie et la détermination des travailleurs, il est de la responsabilité des militants et de toutes les instances de la CGT d’exiger que le débat s’engage et que les leçons soient tirées de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons :
Quel est le bilan de notre adhésion à la CES ?
Quel a été le comportement de la CES dans cette crise ?
Comment se fait-il que ce soit Hollande et Jean-Claude Juncker qui soient chargés d’inaugurer le congrès de la CES à Paris le 29 septembre prochain ?
Quel est le bilan revendicatif des 25 dernières années ?
Quelles conclusions et enseignements devons nous tirer de la crise grecque et de la capitulation de son gouvernement ?
Le Front Syndical de Classe
28 août 2015
Le texte confédéral en fichier joint ci-dessous
Les textes syndicaux (entre autres) sur la crise grecque :
"Longtemps j’ai cru que pour changer les choses il vaut mieux être dedans que dehors, ne pas laisser la chaise vide... Longtemps j’ai cru que l’on pourrait peut être un jour changer de l’intérieur cette Europe du pognon, cette création à mes yeux artificielle, qui entend mettre au pas pour l’éternité et sous la botte allemande et de la finance, les peuples, sommés de comprendre que hors du néolibéralisme : point de salut. Et qu’ils se le mettent bien dans la tête : il n’y a pas d’alternative ! Soumission et résignation...