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Entre complot et paranoïa

Les complots ont toujours existé, ils existeront toujours, vouloir nier cela c’est nier l’histoire, mais LE grand Complot, non, les complots, oui, et effectivement ils ne se cachent même plus, ou à peine.

Il a toujours existé des lobbies et des organisations, qui cherchent à peser sur les prises de décisions politiques et économiques. Les groupes de pression existent et sont connus, ils se sont autoproclamés, sans concertation, ils ne sont pas élus : G8, G20, OMC, FMI, OTAN, ONU, Commission Européenne, .... Le sommet de Davos est de même nature : c’est un lieu où un grand patron se doit d’être vu pour prouver qu’il compte, idem pour un politicien. D’ailleurs, il n’est nullement besoin de Bilderberg ou de Davos pour que les milieux des affaires, politiques et médiatiques se fréquentent. Les réseaux de sociabilité et de reproduction de la bourgeoisie suffisent amplement.

Il serait également stupide de croire que des organismes comme la CIA, le MI6 ou d’autres, qui disposent d’effectifs et de fonds considérables, n’ont jamais rien fait, ne font rien et ne feront jamais rien, il suffit de regarder les livres d’histoires. Chaque pays manœuvre en fonction de ses intérêts stratégiques et de l’intérêt économique de ses entreprises, le complot est une arme politique comme une autre, utilisé comme une autre par tous les gouvernements et toutes les nations quelles qu’elles soient. Les multinationales ne se gênent pas pour influer sur le cours de telles ou telles matières premières pour augmenter leurs profits ou trouver des prétextes pour délocaliser afin d’exploiter une main d’œuvre docile et bon marché. Les banques spéculent sur les dettes des états et manœuvrent en coulisse auprès d’organismes officiels. Les services secrets sont prêts à fomenter un coup d’état contre un pays qui 20 ans plus tard se retournera contre son commanditaire.

Balzac disait : « Tout pouvoir est une conspiration permanente », mais si avec le mystère et le complot on peut faire de la bonne télévision et un cinéma distrayant, on ne peut faire que de la mauvaise politique. Et c’est tout le problème que pose le « conspirationnisme », cette sorte d’aliénation de la pensée qui imagine qu’à l’origine de tout événement historique, il y a la conspiration d’un groupe occulte suffisamment puissant pour tirer d’innombrables ficelles, tout en restant bien entendu hors de la vue du commun des mortels. Les conspirationnistes se servent d’une incohérence ou d’une partialité de l’information pour faire correspondre les faits à leur point de vue et pouvoir dire : c’est de la faute des juifs/francs-maçons/illuminatis/satanistes, au choix ou tous à la fois.

Derrière ces « complots », il y a surtout la bonne vieille lutte des classes, qui consiste, pour une minorité, à s’approprier les meilleurs fruits du travail de la majorité, tout en lui enlevant toute idée de lutter, afin qu’elle n’envisage même plus la possibilité de son émancipation. C’est contre la rationalité folle de l’économie politique moderne que Marx écrit Le Capital. Car tout cela ne relève pas du COMPLOT, mais d’une connivence de classe établie, et les médias participent à la propagande et à l’abrutissement généralisé des masses. Cette illusion du grand complot mondial embrigade et détourne des gens en manque de repères de la véritable lutte qui oppose depuis toujours le capital au travail, les exploités aux exploiteurs, les possédants aux démunis, les riches aux pauvres, c’est-à-dire la lutte des classes... tout simplement ! Donnez-leur le nom que vous voulez, mais au final ce sont simplement des capitalistes, qui luttent pour leurs intérêts et contre vous ! Libre à vous de le refuser en vous réfugiant derrière des théories délirantes, mais libre aussi à vous de vous battre pour changer les choses.

Les théories du complot ne servent au final que le système capitaliste qui peut continuer à exploiter tranquillement les populations, car les théories du complot sont un frein à la critique sociale et à l’émancipation des peuples. Mais paradoxalement c’est aussi un confort pour les exploités, car cela permet facilement de tout expliquer sans faire l’effort de comprendre le monde réel. Croire aux théories du complot évite de s’engager, et permet d’être passif en se disant que de toute façon tout est contrôlé et qu’il n’y a rien à faire. Les théories du complot permettent au système d’accélérer la dépolitisation des citoyens, au final les théories du complot sont peut-être propagées par LE SYSTEME lui même et relayées adroitement par des individus à sa botte. C’est peut-être ça le vrai complot ! Ceux qui bougent le moins et se laissent tondre la laine sur le dos, ce sont ceux qui s’extasient devant des gourous qui leur expliquent que le monde extérieur est dangereux et contrôlé par les conspirateurs du nouvel ordre mondial.

Enfin, il y a tout de même une grande différence entre être conspirationniste à la sauce « protocole des sages de Sion » et remettre en cause ce que nous servent les journaux télévisés de 20H, pour accréditer la version officielle et parfois simpliste des autorités. Douter est un réflexe positif, et entre la version officielle et la paranoïa, il y a peut-être un peu de place pour ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez et n’aiment pas qu’on les prenne pour des cons ! Non ? Je pense surtout aux fables sur « les caisses sont vides », « on ne peut plus payer les retraites », « le travail coute trop cher » ... tout ça fait effectivement parti d’un complot pour liquider toute notre protection sociale et nous enfoncer dans la précarité ... mais nous connaissons les commanditaires. Qu’attendons-nous pour agir ?

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« On dit que le Titanic a heurté un iceberg, pourtant parmi les débris de l’épave on a retrouvé aucune trace de l’iceberg ! » ... ONENOUDIPATOU

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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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L’affaire Julian Assange aurait été réglée en quelques mois si nous avions une presse agressive et indépendante qui aurait mis une claque aux autorités américaines et britanniques pour leur persécution criminelle d’un journaliste qui a révélé des crimes de guerre.

Stefania Maurizi

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