AFP, 15 novembre 2005.
Des chercheurs ont présenté mardi à Yaoundé, lors d’une conférence mondiale sur le paludisme, une étude qui confirme les résultats prometteurs d’un vaccin expérimental contre la forme la plus grave de cette maladie, due au Plasmodium falciparum, principale cause de mortalité des enfants en Afrique.
Sur le continent africain, elle fait plus d’un million de morts pas an, surtout des enfants de moins de cinq ans.
Selon ces travaux à paraître vendredi dans la revue médicale britannique The Lancet, ce candidat-vaccin a permis de réduire 35% les crises courantes de paludisme et de 49% les crises graves pendant une période de dix-huit mois sur un groupe de plus de 1.400 enfants du Mozambique vaccinés en 2003.
Ces résultats "sans précédent", selon ces chercheurs, confirment l’efficacité du candidat-vaccin RTS,S/AS02A, dont une précédente étude publiée en octobre 2004 dans The Lancet avait déjà montré les effets positifs pendant les six premiers mois suivant l’inoculation.
"Les résultats sans précédent démontrés dans ces travaux constituent une preuve supplémentaire qu’il est possible de mettre au point un vaccin capable de maîtriser la pandémie de paludisme, qui tue plus d’un million de personnes par an dans les pays en développement", s’est réjoui le responsable de cette étude, le Dr Pedro Alonso, de l’université de Barcelone (Espagne).
"Plusieurs années de recherches sont encore nécessaires avant que ce vaccin soit prêt à être commercialisé", a pour sa part souligné Jean Stéphenne, président de GSK Biologicals, une unité du groupe pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline qui a participé à l’étude.
"Mais les résultats d’aujourd’hui nous rapprochent du développement d’un vaccin qui pourrait offrir une protection durable et sauver la vie de millions de personnes", a poursuivi M. Stéphenne.
Outre l’université de Barcelone et GSK Biologicals, l’essai de ce vaccin a été réalisé en collaboration avec le centre de recherche en santé du district de Manhica (CISM), au Mozambique, et l’Initiative pour un vaccin contre le paludisme (MVI), financée par la fondation Bill et Melinda Gates, du nom du multimilliardaire fondateur du géant de l’informatique Microsoft.
Le candidat-vaccin RTS,S/ASO2A agit dès le premier stade de l’infection par le parasite Plasmodium falciparum, inoculé par la piqûre des moustiques anophèles femelles, afin de l’empêcher de se multiplier dans le foie et d’infecter les globules rouges.
Une bonne trentaine de "candidats-vaccins" contre le paludisme sont actuellement testés sur l’homme. Deux d’entre eux ont pris quelques longueurs d’avance sur leurs concurrents, dont celui de GSK Biologicals, mais n’en sont encore qu’à la phase d’évaluation de leur efficacité.
Plus de 1.500 chercheurs, responsables et experts sont réunis cette semaine à Yaoundé à l’occasion du plus grand rassemblement mondial jamais organisé sur le paludisme.