L’article est intéressant et éclaire quelque peu sur la situation équatorienne. Il est vrai que les manifestations de ces derniers jours ont rassemblé essentiellement les classes moyennes contre la mise en oeuvre d’un système d’imposition qui me semble somme toute assez juste.
Ceci dit cet article, me semble-t-il, passe à coté d’un éléments essentiel du gouvernement de Correa, son manque de concertation sociale. Ce gouvernement a tendance à imposer des lois (souvent depuis l’exécutif, le pouvoir législatif n’ayant que très peu de poids) sans consultations ni information préalables, de telle sorte que, concernant cette loi, beaucoup de petits paysans craignent, à tort il me semble, que soient confisqués leurs terres communautaires.
Enfin, Rafael Correa n’est pas de gauche radicale et il ne l’a jamais été. J’aimerais savoir quels sont les éléments qui permettent à l’auteur de lancer une telle affirmation. La Revolución Ciudadana est un processus post-néoliberal, certes, mais pas post-capitaliste.
Rafael Correa le disait lui—même dans un entrevue al Telegrafo : "El modelo de acumulación no lo hemos podido cambiar drásticamente. Básicamente estamos haciendo mejor las cosas con el mismo modelo de acumulación, antes que cambiarlo, porque no es nuestro deseo perjudicar a los ricos, pero sí es nuestra intención tener una sociedad más justa y equitativa.".
En francais, cela donne "Nous n’avons pas pu modifier radicalement le modèle d’accumulations. Schématiquement, nous faisons mieux les choses en gardant le même modèle d’accumulation, avant de pouvoir en changer, parce que notre souhait n’est pas de nuire aux riches, mais bien de construire une société plus juste et plus égalitaire".
Cette poursuite d’un modèle capitaliste "social", et non de gauche radicale, est flagrant lorsqu’on analyse la Ley de tierras y Territorios qui régit l’activité agricole ; en effet, aucune réforme agraire n’est en vue. De même lorsqu’on s’intéresse à la situation des mines où sont exploitées les ressources naturelles et les travailleurs au mépris des conséquences sociales et environnementales. Pcq, conformément à la conception capitaliste, ces conséquences, aussi désastreuses soient elles, ne sont que de simples externalités qui n’entrent pas dans le calcul cout-bénéfice. Le profit pour l’exploitant, les pertes sociales, environnementales pour la collectivité.