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OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 3/3

La réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN

Septembre 2007. George Bush est encore président des USA. Interviewé par le New York Times, Nicolas Sarkozy, Nicolas-Sarkozy-et-George-W.-Bushalors nouveau président de la république française, parle de « l’éventualité d’une évolution » de la place de la France dans l’OTAN. Il laisse entrevoir en matière de politique étrangère un alignement plus affirmé de la France sur les positions américaines.

Pourtant depuis 2003, les États Unis sont engagés dans une guerre illégale en Irak, comme l’avait affirmé et réaffirmé le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Il faut rappeler que cette agression reposait sur une mystification : les prétendues « armes de destruction massives » détenues par Saddam Hussein, un « incroyable mensonge » qui permit de déclencher la guerre en Irak. Et Nicolas Sarkozy ne pouvait pas ignorer non plus que Donald Rumsfeld, secrétaire à la défense de 2001 à 2006 de la première administration de G.W. Bush, avait encouragé l’utilisation généralisée de la torture lors des interrogatoires de détenus, bafouant ainsi les Conventions de Genève.

source : 6 décembre 2007 – Lettre ouverte à Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères : plainte déposée contre Donald Rumsfeld en France Ligue des droits de l’Homme

Malgré cela, le 7 février 2009, le président Sarkozy prononce un discours au Forum de Munich sur les politiques de Défense, qui rassemble les principaux acteurs de la politique internationale. Il y parle de « rénover la relation à l’OTAN ». La suite est simple : Nicolas Sarkozy va s’employer à respecter à la lettre l’agenda fixé par les stratèges de la Maison Blanche, que plusieurs centaines de hauts fonctionnaires et décideurs français se sont vus remettre lors du premier voyage du Président Sarkozy aux USA.

Depuis la réintégration de la France, quatre ministres des Affaires étrangères se sont succédé :

Bernard Kouchner

Il fut au cours de sa longue carrière politique un faire-valoir de l’impérialisme. Son principal argument « le droit d’ingérence ». Son alibi ? Kouchner est l’un des co-fondateurs de Médecins Sans Frontières ! M. Kouchner a toutefois quitté MSF en 1979. Depuis cette date, il n’exerce plus aucune fonction ni responsabilité au sein de l’organisation.

Un médecin qui sera l’un des promoteurs hyperactifs des guerres de Yougoslavie, d’Afghanistan et de Libye. Bien entendu, il est très favorable à des interventions militaires en Iran et en Syrie.

En 2002, Bernard Kouchner et d’autres va-t-en-guerre français exploiterons les mensonges d’une officine de propagande du Pentagone créée par Paul Wolfowitz (Office of Special Plans) qui répandait l’idée que... Saddam Hussein avait des liens avec Al-Qaida et cachait des armes de destruction massive.

Kouchner soutient une guerre pour le pétrole

Le 6 Février 2003, Tony Blair affirme que « la théorie du complot du pétrole est absolument absurde ». Pourtant, en avril 2011, le quotidien The Independent rapportait que plusieurs mois avant d’envahir l’Irak, la baronne Elisabeth Symons, ministre du commerce du gouvernement Blair, rencontrait les dirigeants des compagnies pétrolières BP, Shell et British Gas. Ces derniers craignaient que des accords politiques ne soient pas favorables à leurs intérêts. Pour parer à cette éventualité, Lady Symons s’est engagée à faire pression sur l’administration Bush au nom de BP. Ces documents ont été obtenus par l’activiste Greg Muttitt en vertu de la loi britannique sur liberté de l’information. Les documents révèlent qu’au moins cinq réunions ont eu lieu entre des fonctionnaires anglais, des ministres, et les responsables de BP et Shell à la fin de 2002. Des révélations qui ne firent que confirmer ce que l’on savait déjà.

A ce propos, le secrétaire adjoint à la Défense des États-Unis de 2001 à 2005, Paul Wolfowitz, a admis que le pétrole était la principale raison de la guerre en Irak.

La coalition militaire en Irak conduite par les Etats-Unis se composait de plusieurs pays membres de l’OTAN : Royaume Uni, Bulgarie (adhésion à l’OTAN en 2004), Danemark, Pologne, Roumanie (adhésion à l’OTAN en 2004), Albanie (adhésion à l’OTAN en 2009), Lettonie (adhésion à l’OTAN en 2004), République tchèque et Estonie (adhésion à l’OTAN en 2004).

Pour parfaire le profil de Bernard Kouchner, revenons sur l’année 2002, où le « French Doctor » ex-ministre de la Santé du gouvernement socialiste et fondateur de MSF toucha 25 000 euros pour blanchir la compagnie TOTAL sur le travail forcé en Birmanie. Tout en attestant que TOTAL n’avait pas eu recourt à ce type de pratique, il conclut ainsi l’une des parties de son rapport : « le travail forcé est d’ailleurs une coutume ancienne, qui fut même légalisée par les Anglais en 1907″. Finalement Kouchner sera désavoué par TOTAL qui pour éviter un procès, acceptera de verser 10 000 euros à chacun des sept Birmans qui l’accusent d’avoir été contraints de travailler gratuitement.

Source : Birmanie : Kouchner n’a pas vu d’esclaves mais TOTAL les indemnise...

Michèle Alliot-Marie

Le 17 décembre 2010, suite à l’immolation à Sidi Bouzid de Mohamed Bouaziz, un jeune vendeur de fruits et légumes tunisien qui s’était vu confisquer sa marchandise par des policiers, la Révolution tunisienne éclatait. Elle allait marquer la fin de la carrière ministérielle de Michèle Alliot-Marie dans le gouvernement Sarkozy. Dès le 12 janvier 2011, Michèle Alliot-Marie proposa selon ses mots « le savoir-faire français à la police tunisienne pour régler les situations sécuritaires ». Deux jours plus tard le dictateur tunisien Ben Ali, lâché par ses alliés occidentaux, sera contraint à l’exile. Dès lors, la presse française révélera que MAM et la Tunisie, c’est une longue histoire de collusion d’intérêts. Le 27 février 2011, Michèle Alliot-Marie remettra sa démission à Nicolas Sarkozy.

Mais la parenthèse Alliot-Marie ne doit pas nous faire oublier les liens privilégiés qui unissaient la dictature tunisienne de Ben Ali et les pays occidentaux. En janvier 2011, le magazine américain CounterPunch revient sur la saga Ben Ali avec un titre d’article ô combien significatif « La Chute du petit dictateur de l’Ouest ». En premier lieu, CounterPunch nous rappelle qu’avant que Sarkozy et Obama ne laissent tomber Ben Ali, le Congrès américain approuva une aide militaire de plusieurs millions de dollars à la Tunisie, cela malgré les restrictions de libertés, la torture, l’emprisonnement de dissidents, et la persécution de journalistes et de défenseurs des droits humains. Par ailleurs, CounterPunch retrace le passé du général Ben Ali, pur produit des académies militaires françaises (Saint-Cyr Coëtquidan et École d’artillerie). Par la suite, Ben Ali intégrera l’École de l’armée américaine à Fort Bliss, Texas, et suivra une formation à la Senior Intelligence School de Fort Holabird dans le Maryland. Un CV qui lui permit au fil des ans, de nouer des relations étroites avec les agences de renseignement occidentales, en particulier la CIA, ainsi que les services de renseignement français et ceux de l’OTAN.

Source : The Fall of the West’s Little Dictator – CounterPunch

Alain Juppé

Ancien ministre des Affaires étrangères d’Édouard Balladur, Alain Juppé remplaça Michèle Alliot-Marie. Juppé avait pourtant exprimé un désaccord concernant le retour de la France dans l’OTAN deux ans auparavant, dans une tribune au Monde, où sous la forme d’un monologue il s’interrogeait : « La France a-t-elle intérêt à réintégrer en 2009 le commandement militaire de l’OTAN qu’elle a quitté en 1966 ? La question n’est pas sacrilège. Nul ne sait comment le général de Gaulle y répondrait aujourd’hui. »

Source : Quand Alain Juppé critiquait l’OTAN

Nul ne sait non plus comment De Gaulle aurait réagit à l’intervention « OTANisée » d’Alain Juppé à l’ONU qui, dans la droite ligne de la politique hégémonique des néoconservateurs américains, demanda le recours à la force en Libye et fit voter la résolution 1973 le 17 mars 2011. Dès septembre 2011, Thomas C. Mountain, un journaliste indépendant, dressait un état des lieux monstrueux à propos de l’enfer de cette prétendue « mission Humanitaire » : Une mission humanitaire infernale : 30 000 bombes sur la Libye. En juillet 2012, Thomas C. Mountain écrira : »Tripoli, la capitale de la Libye, semble en passe de devenir ce qu’était Mogadishu, la capitale de la Somalie, il y a 20 ans, avec l’installation dans la ville de diverses milices bien armées venant de l’extérieur qui se battent pour prendre des territoires et tout ce que le pouvoir procure. »

Traduction complète par Le Grand Soir ici.

Au fil du temps, les points d’interrogation ont laissé place aux points d’exclamation, et les intérêts financiers combinés à l’arrogance et la folie du trio Sarkozy, Henri-Levy, Juppé ont plongé la Libye dans le Chaos. Dernièrement dans un entretien à la télévision française, Rony Brauman rappelait qu’il avait mis en garde, à l’époque, contre une série de réactions en chaîne incontrôlables qui découlerait de cette intervention militaire.

Laurent Fabius

Après son élection en mai 2012, le nouveau président socialiste François Hollande choisit Laurent Fabius comme ministre des Affaires étrangères. Fabius est le premier socialiste à occuper ce poste depuis la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.

Il convient de noter que, dès sa prise de fonction, l’actuel ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s’aligna sur les positions de la Maison blanche sur la totalité des dossiers. Seulement trois mois après son arrivée au Quai d’Orsay, Laurent Fabius, dans un langage très peu diplomatique, déclara que « Bachar al-Assad ne mérite pas d’être sur la terre » .

Indigné Laurent Fabius... mais sélectif : En 2012 il s’est rendu en Arabie Saoudite en grandes pompes, etil fut reçu au Palais Royal, siège rappelons-le, d’un pouvoir qui s’exerce selon le droit de la charia, la loi islamique qui permet l’emploi de la torture, la flagellation, la lapidation, la crucifixion, ou encore de marier les filles entre 10 et 12 ans. Des pratiques moyenâgeuses qui visiblement n’ont pas offusqué notre ministre qui trouva le moyen de déclarer à son retour d’Arabie Saoudite « on se croirait dans « Tintin au pays de l’or noir ! » »...

En 2013, sans jamais apporter la preuve que l’armée syrienne avait utilisé des armes chimiques illicites, Fabius n’affirma-t-il pas en notre nom à tous : « La France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée » ? Selon l’ancienne Procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie Carla Del Ponte, ce sont les rebelles syriens qui ont utilisés du gaz sarin. L’affirmation de Carla Del Ponte fut confortée par le journal turc Zaman, qui nous informait en mai 2013 que la police turque avait trouvé du gaz sarin chez les terroristes d’Al Nosra, qualifiés de « groupe rebelle de militants syriens », que les USA mirent plus d’un an à inscrire sur leur « liste noire du terrorisme international ».

Il y a encore quelques mois, François Hollande et Laurent Fabius déclaraient : « Nous souhaitons que les Européens lèvent l’embargo » sur les armes à destination des rebelles syriens. François Hollande qui confirmera, pour la première fois en août 2014 dans un entretien accordé au Monde « la France a bien livré des armes aux rebelles en Syrie »... une action secrète du gouvernement français, une fois de plus en parfaite adéquation avec le Qatar, la CIA, mais aussi des donateurs koweitiens et saoudiens. Pour paraphraser Robert Fisk, « allons-nous continuer à tuer des Arabes et à bombarder, bombarder, et encore bombarder, jusqu’à ce que...l’on continue de bombarder ? »

En conclusion

L’OTAN est la conséquence institutionnelle d’une école de pensée appelée atlantisme, une doctrine qui affirme que même après la guerre froide il est toujours dans l’intérêt général de maintenir des relations étroites entre l’Europe occidentale et les Etats-Unis en matière de coopération militaire.

Dans le domaine de la propagande de guerre, l’OTAN n’a pas son pareil pour maquiller ses interventions militaires au service d’intérêts mercantiles ou géostratégiques en « nécessité humanitaire ». Cependant, avec le temps, le maquillage tombe en lambeaux et la supercherie est détectée de plus en plus tôt. Il est par exemple devenu impossible pour l’OTAN de faire oublier le caractère dictatorial et anti-humaniste de certains de ses partenaires, entre autres l’Arabie Saoudite qui pratique la décapitation au sabre, le Bahreïn, une monarchie qui réprime durement toute forme de contestation, le Qatar, royaume de l’esclavage moderne, l’Ukraine qui compte pas moins de quatre néo-nazis dans son Gouvernement, ou encore Israël qui viole délibérément le droit international depuis 60 ans.

Avec 70% des dépenses de défense mondiales, l’OTAN est un monstre semblable au psychopathe-type selon les critères définis par le Dr Robert Hare : beau-parleur, absence d’empathie, manipulateur hors-pair, gestionnaire virtuose de son image, prise de risque, absence de remords, agressivité, paranoïa, appétit de pouvoir.

Un monstre qui sous couvert de bons principes, n’hésita pas à utiliser des munitions à têtes en uranium appauvri, qui diffusent une quantité considérable de poussières radioactives aux effets rétroactifs ultra toxiques sur les soldats, mais aussi sur les populations civiles comme en Irak à Bassorah, et cela pour de nombreuses années, multipliant ainsi les cas de cancers, leucémies et malformations chez les nouveau-nés.

ANTICONS

A lire dans la même rubrique : Atlantic Council : l’officine-de-propagande de l’OTAN

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