Nâzim Hikmet fut le plus grand poète turc du XXe siècle, inconnu dans son pays de son vivant, ses œuvres étant interdites. Nâzim Hikmet est né à Salonique en 1902, dans une famille de hauts fonctionnaires de l’Empire ottoman. Avec une grand-mère polonaise du côté maternel, un grand-père gouverneur d’Alep, féru de poésie, et une mère artiste, pétrie de culture française, le jeune Nâzim avait tout pour réussir une brillante carrière. Il a passé près de la moitié de sa vie d’adulte dans les prisons turques, et pratiquement le reste du temps en exil à Moscou, ou en voyages à travers le monde. Déchu de sa nationalité, il mourra à Moscou en 1963, à lâge de 61 ans, citoyen polonais.
L’année suivante ses poèmes sont publiés en Turquie, après 28 ans d’interdiction. Mais il faudra attendre 2009 pour que la nationalité turque lui soit rendue.
Les heures de Prague
Dans Prague tandis que blanchit l’aube La neige tombe, liquide, d’un gris de plomb. Dans Prague doucement s’éclaire le baroque Tourmenté, lointain ; Il tremble dans ses dorures une tristesse noircie. Sur le Pont Charles les statues sont des oiseaux venus d’une étoile morte (…) Dans Prague passe une voiture, une charrette que traîne un seul cheval, devant le cimetière juif. La charrette est chargée de la nostalgie d’une autre cité et le charretier c’est moi. Dans Prague doucement s’éclaire le baroque tourmenté, lointain dans ses dorures une tristesse noircie. Dans Prague au cimetière juif la mort est silencieuse, muette. Ô mon amour, ô mon amour l’exil est pire que la mort…
C’est un dur métier que « l’exil »
La mort de la démocratie ne sera probablement pas le résultat d’une embuscade. Ce sera une lente extinction par apathie, indifférence et privation.
Robert M. Hutchins