« C’est un pas important pour la reconnaissance du génocide politique », a réagi auprès de l’AFP Aida Avella, ex-candidate à la présidentielle et militante de l’UP, revenue de 17 ans d’exil après avoir échappé à un attentat en 1996. « Il a toujours été évident que l’État était lié à ces crimes », a-t-elle ajouté.
La Colombie a déclaré comme crimes contre l’humanité les meurtres politiques de 34 militants de l’Union patriotique (UP), un parti d’extrême gauche cible d’une vague d’assassinats il y a une trentaine d’années, a annoncé lundi le parquet.
Au total, on estime entre 3000 et 5000 le nombre de victimes de l’UP, un mouvement créé dans les années 80 dans la foulée de négociations ouvertes avec la guérilla marxiste des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).
« Nous sommes face à des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », a indiqué le vice-procureur général de Colombie, Jorge Fernando Perdomo, dans un communiqué, mentionnant des « homicides » ainsi que des « disparitions forcées ».
« Il a été établi qu’il s’agit d’attaques commises par des groupes paramilitaires, parfois en association avec des agents de l’État », a précisé M. Perdomo.
Le classement en crimes contre l’humanité des meurtres retenus par la justice les rend imprescriptibles et permet ainsi la poursuite des investigations.
« C’est un pas important pour la reconnaissance du génocide politique », a réagi auprès de l’AFP Aida Avella, ex-candidate à la présidentielle et militante de l’UP, revenue de 17 ans d’exil après avoir échappé à un attentat en 1996. « Il a toujours été évident que l’État était lié à ces crimes », a-t-elle ajouté.
Le conflit interne en Colombie, qui a fait officiellement quelque 220 000 morts en cinquante ans, a notamment opposé des mouvements de guérillas à des milices paramilitaires d’extrême droite dissoutes depuis 2006 et avec lesquelles des élus ont été par la suite accusés de collusion.
En 1987, l’assassinat du candidat présidentiel de l’UP avait provoqué la rupture du processus de paix avec les FARC.
Depuis deux ans, le gouvernement du président Juan Manuel Santos a rouvert des négociations avec la principale guérilla colombienne qui se déroulent à Cuba.