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Valls juge « légitime » le débat sur les allocations chômage

C’est un nouveau totem qui vacille à gauche sur fond de chômage record. Alors que l’exécutif multiplie les pistes d’inspiration libérale (baisses des charges, réforme des seuils sociaux, travail dominical) pour tenter de dynamiser les créations d’emploi, le Premier ministre a relancé le débat, explosif, sur le niveau et la durée des allocations chômage. Ce mercredi, il a affirmé, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, que « la question de l’efficacité et de l’équité » de l’assurance-chômage est « un débat légitime » : « Au plus tard en 2016 », terme de l’actuelle convention Unédic, les syndicats et le patronat, qui en ont la charge, « auront à se poser » les questions « des devoirs des chômeurs » et de « l’incitation à la reprise la plus rapide d’une activité. »

C’est en filigrane un plaidoyer pour la mise en place d’allocations dégressives dans le temps et le renforcement, déjà évoqué en septembre par François Rebsamen (Travail), du contrôle des chômeurs. Mardi, Jean-Marie Le Guen, ministre des Relations avec le Parlement et proche de Manuel Valls, avait abondé dans ce sens, estimant qu’avec le système actuel d’allocations, « des gens peuvent se dire « Je peux attendre six mois, un an, avant de rechercher ». »

Embarras dans le camp socialiste

Un discours que ne renierait pas le patronat, qui plaide de longue date pour la dégressivité des allocations mais qui s’est de nouveau heurté, lors de la renégociation Unédic en début d’année, au refus des syndicats. Signe que l’embarras gagne le camp socialiste, deux ténors du PS, Claude Bartolone et Jean-Christophe Cambadélis, assuraient ce mercredi matin qu’une telle piste n’était « pas à l’ordre du jour »... En fin d’après-midi, François Lamy, proche de Martine Aubry, a fustigé les propos du Premier ministre : « Est-ce bien [son] rôle de lancer sans concertation un débat sur l’assurance-chômage dans la situation économique et sociale actuelle  ? », a-t-il twitté.

Interrogé lors de son déplacement à Milan, François Hollande est, lui, resté très évasif sur la question, son entourage précisant que « en l’état actuel des choses, il n’y a pas de sujet. »

Non ferme des syndicats

De fait, l’éventuelle instauration d’allocations dégressives ne devrait pas, comme l’a précisé Manuel Valls, se poser formellement avant l’échéance, mi-2016, de l’actuelle convention Unédic, en vigueur depuis le 1er juillet. Comme l’a fermement rappelé FO, la gestion de l’Unédic, bastion historique du paritarisme, « n’est pas de la responsabilité du gouvernement » mais du patronat et des syndicats. Or ces derniers ont fermement repoussé « le ballon d’essai » (FO) de Manuel Valls. « Il n’est pas question, dans cette période de hausse du chômage, de baisser les droits, encore moins de renégocier la convention », a réagi la CFDT tandis que la CGT dénonçait une « provocation ».

Les déclarations du Premier ministre sont aussi à lire à l’aune de sa volonté d’envoyer des signaux de bonne volonté réformatrice à Bruxelles, où l’on pointe que l’assurance-chômage française est une des plus généreuses au monde. L’exécutif a toutefois une carte à jouer dès à présent dans le cadre de la renégociation en cours, de la convention Etat-Unédic-Pôle emploi. Manuel Valls a indiqué qu’elle doit être « l’occasion d’avancer » sur les devoirs des chômeurs et l’incitation à la reprise d’emploi. De là à penser qu’il prépare le terrain à une généralisation du contrôle renforcé des chômeurs expérimenté depuis un an par Pôle emploi , il n’y a qu’un pas.

VIDEO - Manuel Valls évoque l’instauration d’allocations dégressives, mais renvoie le dossier à 2016. Le contrôle des chômeurs pourrait être renforcé.

»» http://www.lesechos.fr/economie-fra...
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Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

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