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Intervention de Léon Landini au débat « Les FTP-MOI, les étrangers et une certaine idée de la France » [FÊTE DE L’HUMANITÉ ]

Le vendredi 12 septembre 2014, Léon Landini était invité au débat « Les FTP-MOI, les étrangers et une certaine idée de la France » avec Georges Duffau-Epstein (fils de Joseph Epstein, commandant FTP Île de France), Pierre Krasucki (fils de Henri Krasucki), Christian Langeois (biographe d’Henri Krasucki), Nordine Idir (responsable des Jeunesses communistes), Laurence Karsznia et Mourad Laffitte (réalisateurs du documentaire « Les FTP-MOI dans la Résistance »). Malgré l’heure précoce de cet évènement – 17 heures – l’Agora est bondée. Devant près de 500 personnes, la journaliste Caroline Constant qui anime le débat, présente Léon Landini comme résistant FTP-MOI du bataillon Carmagnole-Liberté et président du PRCF.

Éternel résistant et militant infatigable, Léon Landini tient d’abord à remercier les camarades qui rendent ici hommage aux FTP-MOI. Il rappelle qu’il aura fallu batailler durant de longues années pour que tous ces immigrés, issus pour la plupart de la famille communiste, soient enfin sortis de l’oubli ; lui même ayant beaucoup œuvré en ce sens, ce que confirment Georges Duffau-Epstein et Pierre Krasucki.

Il cite alors tour à tour, parmi les nombreux hommages rendus à ces résistants étrangers, celui de François Marcot (professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Franche-Comté), Serge Ravanel, Pierre Villon et Charles Tillon.

Il revient ensuite sur son engagement et celui de ses camarades dans les FTP-MOI, soulignant que nombre d’entre eux étaient de très jeunes étrangers devenus adultes avant l’âge. Étrangers, c’est vrai mais dont les racines s’étaient nourries de la culture communiste et de ses valeurs.

Lui dont la famille italienne et communiste avait été chassée d’Italie par les fascistes, raconte comment, alors que l’armée italienne venait d’envahir le Sud de la France, son père, son frère et lui-même choisirent de s’engager sans hésitation dans la seule voie possible : la lutte armée pour défendre le pays qui les avait accueillis et le libérer des chemises brunes.

S’il évoque avec enthousiasme les actions qu’il a menées, avec humilité sa propre arrestation, les tortures qu’il a subies, son évasion du fort Montluc et l’insurrection de Villeurbanne, c’est avec beaucoup d’émotion qu’il parle de ses camarades de Carmagnole-Liberté, hommes et femmes, morts pour la liberté de tous, dont 52 sous la torture.

Ainsi son « pote Jeannot » qu’il considérait comme un frère, abattu au cours d’un combat dans les Basses-Alpes, par les SS qui interdirent à la population d’emporter son corps sous peine de représailles ; Jeanine Sontag arrêtée après avoir été blessée pendant une action menée contre un garage à Lyon, puis torturée et assassinée.

Comme chaque fois qu’il témoigne de l’histoire de ces étrangers, la sienne donc, Léon Landini saisit l’esprit de ceux qui l’écoutent. Cette force, cette émotion, tient d’une part à la voix du vécu qui narre ce que beaucoup ignorent encore mais tient aussi à l’actualité de son discours, à un moment où l’on falsifie tant de vérités.

En effet, complétant les interventions des autres invités du débat, Léon Landini insiste sur le fait que tous ces FTP-MOI se sont battus pour un monde meilleur, libre, démocratique alors qu’aujourd’hui, il n’est rien de tout cela. Il rappelle comment le « NON » de 16 millions d’électeurs au TCE a été « volé » ; comment cette Europe mène une politique sans aucun rapport avec ce qui était espéré et prévu notamment dans le Programme du Conseil National de la Résistance ; comment les pouvoirs en place stigmatisent chômeurs, étrangers, malades... quand les loups de la finance ont vu leurs bénéfices augmenter de 30 % en moins de 6 mois cette année !

Sans doute faut-il souligner qu’à cet instant, une fois de plus, les applaudissements nourris de l’assemblée viennent renforcer les propos tenus par Léon Landini.

Quand arrive la dernière partie du débat consacrée à la transmission de cette mémoire et à la situation des étrangers en France aujourd’hui, Léon Landini se saisit de l’occasion pour rappeler que la place des étrangers dans les années 30 n’était pas toujours facile. La différence de traitement pouvait engendrer par-exemple, des oppositions entre les travailleurs étrangers et français. Et pourtant ajoute-t-il, c’est bien dans la convergence des luttes qu’ils ont su se retrouver et dépasser ces différends. Il illustre son propos en expliquant comment son père avait su unir des mineurs de toutes nationalités au travers d’une grève ; cette fraternité s’incarnant par l’interprétation de l’Internationale entonnée dans toutes les langues !

Jusqu’au bout, Léon Landini se fera un devoir de témoigner, en toute circonstance, pour rendre hommage à tous ses camarades et pour réveiller les consciences d’aujourd’hui.

« Pensez-vous que c’était une usine à fabriquer des héros » demande-t-il pour finir, à l’assemblée, avant de répondre que tous étaient convaincus qu’il fallait libérer ce pays où pourtant ils se faisaient parfois traiter de métèques, qu’il fallait se battre pour un monde différent, un monde meilleur où il ferait bon vivre, « un monde où il y ait du pain et des roses » comme disait Paul Vaillant-Couturier . C’est portés par cette conviction qu’ils ont agi, qu’ils se sont sublimés à leur insu sans jamais songer qu’ils étaient des héros.

Au terme de ces deux heures de débat, durant lesquelles pas une personne n’a quitté l’Agora, Léon Landini se voit applaudir pendant plus d’une minute trente, un militant fait remarquer qu’une telle ovation n’est pas arrivée depuis l’ère Marchais !

Très touché, il remercie l’ensemble des personnes présentes et en particulier tous les camarades du PRCF.

La force de son témoignage à la fois engagé et émouvant, n’a laissé personne indemne. Plus tard au cours du week-end, recroisant quelques camarades ayant assisté au débat, certains avoueront qu’ils n’ont pu s’empêcher de pleurer en l’écoutant.

Sans doute tout le sens de ce que Léon Landini transmet, tient-il dans les mots que sa propre mère lui adressa à lui, son frère et son père au sortir de la guerre : « Quand cette guerre a commencé, j’étais sure qu’il y aurait des chaises vides autour de cette table. Vous avez beaucoup souffert mais vous êtes là tous les trois. C’est le plus beau jour de ma vie ».

par Laurence Karsznia, pour initiative communiste

co-réalisatrice du documentaire « Les FTP-MOI dans la résistance »

(dvd disponible sur le site http://images-contemporaines.com/)

L’enregistrement sonore de l’intégralité du débat est disponible sur www.initiative-communiste.fr ici

»» http://www.initiative-communiste.fr...
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