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Colombie : la saveur aigre-douce des Forums de victimes (La Pluma)

Si l’on pouvait “goûter” avec le cœur, je dirais que les forums nationaux de victimes ont une saveur aigre-douce. Mais au-delà des mots, j’ai trouvé sur les visages des participants autant de raisons d’espérer que de désespérer.

Trois forums régionaux à Villavicencio, Barrancabermeja et Barranquilla, et un autre national, à Cali ont mis en évidence plusieurs faits : les différences dans la compréhension du conflit social, politique et armé, qui s’abat sur notre pays.

Par ailleurs, le manque sérieux de pédagogie sur les sujets comme les droits humains, le droit international humanitaire et la paix a été récurrent lors de ces quatre rencontres.

Des différences, voire des abîmes, dans certains cas, dans la compréhension du conflit social, politique et armé ont été mises en évidence par l’improvisation de certaines initiatives présentées.

Quelques exposés, dont les comptes rendus ont été édités par le groupe de l’ONU, étaient dépourvus d’analyse des faits dont les personnes étaient victimes dans leur ensemble et insistaient sur la réparation économique et l’indemnisation comme priorité.

Pourra-t-on finir avec un état de guerre permanent, spécialement dans les campagnes, en appliquant une formule mathématique ? L’argent ne répare pas tous les dommages causés au tissu social collectif, ni les blessures à l’âme d’aucune communauté.

À Barranquilla, le caractère informel des initiatives a contrasté avec la plus grande rigueur de celles de Barrancabermeja et Villavicencio, et à Cali, la plupart des propositions ont été présentées préalablement.

Des initiatives plus rigoureuses ont établi le lien entre la spoliation, le rejet d’une réforme agraire, la non-application de la loi 160 de 1994 (portant création d’un système national de réforme agraire et de développement rural paysan), des zones de réserves paysannes, et la victimisation de la paysannerie colombienne.

Lors des lectures des exposés, des paysans, des métis, des indigènes, des afro-descendants colombiens ont clairement dit que la terre est un prolongement d’eux-mêmes, de leur culture et que leurs territoires ont subi des dommages et certains ont été ravagés.

La passion et l’engagement pour la défense du territoire, autant rural qu’urbain, foyer des différentes communautés, ont été accueillis comme un cri d’urgence pour la protection des droits de la nature, sans voix mais en souffrance.

La connaissance comme instrument de paix

Il y a eu également des discussions, des propositions et des réclamations en rapport avec les droits humains et le droit international humanitaire, mais elles se sont caractérisées surtout par une confusion dans l’utilisation des termes.

Quelques participants méconnaissant le droit international humanitaire qui s’applique dans des conflits armés internes et méconnaissant les principes de base des droits humains ont fait des demandes qui n’étaient pas fondées au regard de cette réglementation.

Dans ces domaines, les modérateurs et rapporteurs ont brillé par leur absence pour apporter des éclaircissements. Par chance, des participants ayant de plus amples connaissances sur le sujet ont apporté leur éclairage sur les doutes et en ont expliqué les concepts.

Il serait très utile de proposer des cours, des ateliers d’information en matière de droits humains et de droit international humanitaire dans les communautés particulièrement en ce moment afin que les personnes comprennent ce qui constitue ou non une violation des droits humains, du droit international humanitaire

Cette connaissance est importante également pour faire la distinction entre les acteurs armés, les combattants dans un conflit armé, et la population civile désarmée, à qui l’on offre une protection.

Sans ces prérequis, on fabrique un schéma médiatique, on répète l’idée que seule une partie doit rendre des comptes pour les victimes qu’elle a faites alors qu’on garde le silence sur d’autres acteurs cités par des participants lors des forums, dans les groupes, comme les éleveurs, les producteurs d’huile de palme et les multinationales [i].

Nous avons besoin de façon urgente de revoir notre histoire, pas l’histoire officielle, mais celle qui parle des ”Gens très rebelles”, symboles de toutes les résistances dans notre pays. Peut-être que si notre motivation était davantage la curiosité que le désir d’établir les “fautes”, on parviendrait aux causes de ce conflit, social et armé qui a fait couler le sang des Colombiens pendant plus de soixante années.

Certains comprennent les origines de cette guerre et les situent dans l’injustice, l’inégalité, simplement dans l’absence d’État responsable du surgissement des guérillas et des paramilitaires, comme l’expliquait une victime du Club El Nogal [attentat à la bombe le 7 février 2003, qui fit 36 morts, attribué aux FARC, NdE].

En réalité, l’intervention de cette femme à Cali a surpris parce qu’elle était inattendue dans un contexte de polarisation comme le nôtre, on pourrait la considérer comme une castro-chaviste du fait de sa position raisonnable et éclairée.

Prêts pour la réconciliation ?

Mais ce qui a été le plus surprenant chez elle, ce ne sont pas ses déclarations ni son exposé en faveur d’une réconciliation nourrie par des valeurs. Ce qui a eu un véritable impact était de la sentir prête à s’engager.

Son attitude démontrait qu’elle est prête à le faire. Elle, comme peu d’autres, restait impassible en écoutant les interventions des autres participants. Je n’ai noté aucun geste [ii] de reproche chez elle.

C’est elle qui a écouté avec le plus d’attention l’intervention de l’ex-guérillero de l’ELN [iii] qui demandait qu’on inclue les proches des guérilleros dans les victimes et que l’Etat leur attribue des réparations.

Cet ex-guérillero a confirmé avec sérénité que son invitation à la réconciliation va au-delà des mots, c’est une attitude déjà assumée intérieurement.

On remarque cependant que tous ne sont pas prêts. Il y a encore du ressentiment, de la méfiance, la colère joue parfois de mauvais tours et certains mots sont révélateurs d’un ressentiment qui n’a pas été dépassé.

Il y a encore des victimes qui s’expriment sous le coup de la colère. Des victimes également de l’ELN, dont une femme qui se trouvait à la même table de travail que l’un des ex-guérilleros de cette organisation rebelle, et qui faisait des gribouillis sur une feuille de papier car incapable d’écouter cet homme- qu’elle considérait comme un assassin- qui était pourtant déjà désarmé physiquement et psychologiquement.

On sentait la tension dans les forums de Barrancabermeja[v] et Barranquilla [vi]. Les regards méfiants étaient nombreux mais on n’en est pas arrivé aux mains. Ce ne sont que les premiers forums de Villavicencio et de Cali qui ont provoqué des divisions [vii].

Malheureusement le travail des premiers forums s’est achevé par une fermeture inattendue et regrettable. Cet effort pour réunir des victimes et des bourreaux de façon pacifique a fini en provocations [viii] et réactions [ix].

Les victimes des FARC ont conçu une campagne médiatique [x] dénonçant des soi-disant actes d’intimidation à leur égard et une préférence donnée aux victimes de l’État, tandis que ces dernières se plaignaient aussi d’irrégularités dans le processus de sélection des victimes [xi].

Les victimes des FARC ont entrepris cette bataille idéologique avec l’appui de médias comme El Colombiano qui leur a ouvert ses colonnes pour remettre en cause la légitimité des victimes et en dénoncer leur propre invisibilité [xii].

Cette plainte a été récurrente dès l’ouverture des forums et a été relayée par le général de police retraité Luis Mendieta- prisonnier de guerre des FARC pendant 12 ans – dans El Colombiano du 29 juillet.

Ces déclarations ont été faites lors du Forum de Barranquilla, les17 et 18 juillet, au cours duquel il a fait du lobbying et preuve de ce lobbying, le déjeuner avec Fabrizio Hochschild de l’ONU et l’ambassadeur norvégien en Colombie, au restaurant La Cabaña de l’Hôtel El Prado. (Il est important de noter la présence du sénateur Iván Cepeda à leur table).

Dans cet article, Mendieta écrit : “ Par conséquent, ils sont en train de passer sous silence tout ce que nous avons dit, nous les victimes des FARC” [xiii], alors que les propositions des victimes des FARC ont été lues comme toutes les autres dans les comptes-rendus généraux et écoutées avec respect.

Voici un autre goût amer de ces forums. Si l’on accepte la présence d’un ex-prisonnier de guerre et combattant actif comme l’était le général Mendieta, pourquoi des guérilleros et des paramilitaires n’étaient-ils pas aussi présents aux forums ?

Les victimes des FARC, leurs proches ont tout à fait le droit d’être là mais inviter des combattants d’un seul bord enlève toute crédibilité à tout le processus et crée des doutes.

Il semblerait qu’à la fin, les victimes des FARC qui se sont déclarées une nouvelle fois victimes de silence, silence qui n’a existé ni dans les forums ni dans les médias, ont obtenu ce qu’elles ont demandé.

Chantage émotionnel et médiatique ? Lobbying à succès avec les représentants de l’ONU pour faire parler encore davantage de leurs victimes ? Ce qui est certain c’est qu’à Cali, ils ont été mis en avant comme la « voix de soprano », comme l’a écrit El Colombiano [xiv].

On les a autorisés à porter un teeshirt pour s’identifier [xv], ils ont eu droit à une table à part dans le forum, Herbin Hoyos était présent en tant qu’invité et des démonstrations ont eu lieu à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte [xvi].

Cela a attiré l’attention médiatique, ce que voulaient les victimes des FARC, mais cela a disqualifié l’objectif du forum qui était de socialiser les propositions à envoyer à la Havane dans une atmosphère de discrétion et de respect.

L’utilisation de ces tee shirts, l’attention que cela a créé dans les médias qui ont couvert spécialement ce groupe dans leurs comptes-rendus a provoqué des réactions de la part des autres victimes.

Agacées par le “show médiatique” créé autour des victimes des FARC, les victimes de l’État ont organisé un meeting le matin du dernier jour à l’intérieur du centre des conventions.

On a modifié le calendrier prévu pour les trois jours, il n’y a eu du travail en ateliers que le deuxième jour, sans grande nouveauté étant donné que les organisations présentes avaient participé aux forums antérieurs.

Lors des forums, on a repris les propositions qui ont été envoyées avec les représentants venant des différentes régions qui s’étaient organisées, qui tranchent avec les réclamations des autres organisations et personnes qui n’ont pu participer à cette dynamique. (Des personnes qui ont participé à ces forums se rendront également à la Havane)

Finalement, il faut préserver les attitudes critiques sur la manière d’assumer le fait d’être victime en tant qu’identité. Dans ce sens, l’exposé de H.I.J.O.S. [xvii] au cours des ateliers et celle de la femme afro-descendante dans le public, ont invité à ne pas considérer la victimisation comme une identité.

“La victimisation est un processus ambigu et dangereux. La situation de victime ne peut devenir un trait propre à l’identité parce que ce serait un générateur continu de violence vers l’extérieur et de frustration vers l’intérieur », explique Jorge Ubeda, professeur de philosophie.

Une femme s’est exprimée dans ce sens au cours du forum de Barrancabermeja où elle a dit que lorsqu’on s’adressait à elle, on ne l’appelait pas par son nom mais on disait “ voilà la victime”.

Dans ce même scénario, un représentant du Collectif Libertaire des Afro du Magdalena, a proposé de remplacer le mot de victime par celui de martyr dans la mesure où cela rend la dignité à la personne et la reconnaît dans sa résistance [xviii].

Il reste finalement des questions en suspens sur la caractérisation des “victimes”, martyres et survivants, le niveau de compréhension du conflit mais particulièrement sur la véritable disposition de la société toute entière face au problème de la réconciliation et de la paix, au-delà du simple slogan de campagne électorale, dans une ambiance de polarisation et de bagarres pour savoir qui aura le rôle principal dans les médias.

Fernanda Sanchez Jaramillo

http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

Traduit par Pascale Cognet

»» http://tlaxcala-int.org/article.asp++cs_INTERRO++reference=13299

Notes

[i] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[ii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[iii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[iv] http://radiomacondo.fm/2014/07/20/reconciliacion-el-tema-destacado-en-...

[v]. Otra nota http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[vi] http://radiomacondo.fm/2014/07/17/tercer-foro-regional-de-victimas-en-...

[vii] http://www.elcolombiano.com/BancoConocimiento/V/victimas_de_las_farc ​_quieren_protagonismo_en_los_dialogos/victimas_de_las_farc_quieren_p​ rotagonismo_en_los_dialogos.asp​

[viii] http://colectivodeabogados.org/Denuncian-intervencion-de-vice

[ix] http://www.elespectador.com/noticias/nacional/inconformismo-primera-se...

[x] http://elmeridianodecordoba.com.co/editorial/columnistas/item/65114-ma...

[xi] http://www.semanariovoz.com/2014/06/29/victimas-del-terrorismo-del-est...

[xii] http://www.elcolombiano.com/bancoconocimiento/v/victimas_reales_de ben_ir_a_cuba/victimas_reales_deben_ir_a_cuba.asp

[xiii] http://www.elcolombiano.com/bancoconocimiento/v/victimas_reales_deben_...

[xiv] http://www.elcolombiano.com/BancoConocimiento/V/victimas_de_las_farc_v...

[xv] http://www.elcolombiano.com/bancoconocimiento/v/victimas_de_las_farc_q...

[xvi] http://www.kienyke.com/politica/el-foro-de-victimas-de-cali-se-convirt...

[xvii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://radiomacondo.fm/2014/07/20/reconciliacion-el-tema-destacado-en-... /

[xviii]. Otra nota http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://radiomacondo.fm/2014/07/17/tercer-foro-regional-de-victimas-en-...

[xviii] http://colectivodeabogados.org/Denuncian-intervencion-de-vice

[xviii] http://www.elespectador.com/noticias/nacional/inconformismo-primera-se...

[xviii] http://elmeridianodecordoba.com.co/editorial/columnistas/item/65114-ma...

[xviii] http://www.semanariovoz.com/2014/06/29/victimas-del-terrorismo-del-est...

[xviii] http://www.elcolombiano.com/bancoconocimiento/v/victimas_reales_de ben_ir_a_cuba/victimas_reales_deben_ir_a_cuba.asp

[xviii] http://www.elcolombiano.com/bancoconocimiento/v/victimas_reales_deben_...

[xviii] http://www.elcolombiano.com/BancoConocimiento/V/victimas_de_las_farc_v...

[xviii] http://www.elcolombiano.com/bancoconocimiento/v/victimas_de_las_farc_q...

[xviii] http://www.kienyke.com/politica/el-foro-de-victimas-de-cali-se-convirt...

[xviii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...

[xviii] http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=articl...


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