Déclaration CGT Cheminots- Energie- Métallurgie- Transports
ALSTOM : Choix entre l’intérêt général et l’intérêt particulier !
Le conseil d’administration d’ALSTOM vient de réaffirmer sa préférence pour une découpe de l’entreprise avec une vente de la branche Energie à GENERAL ELECTRIC.
Ce choix confirme une volonté de « vente à la découpe » du groupe pleinement assumée par le PDG du groupe, Patrick KRON, dans une interview au journal LE MONDE. Ce choix est d’abord financier et permet notamment au principal actionnaire, M.BOUYGUES de faire une plus-value juteuse d’environ 2,5 milliards d’euros. De quoi peut être le consoler de son échec avec SFR et lui permettre de se relancer dans le domaine des télécommunications.
Malgré les déclarations et les promesses du PDG de General Electric notamment lors d’un passage à la télévision publique française, sa politique sociale en France n’est pas celle qu’il décrit. Les salariés de General Electric en France peuvent en témoigner. Les plans de restructuration s’y succèdent, avec 658 suppressions d’emplois dans la division médicale comme de l’énergie. Et le management à l’américaine a de graves conséquences sur la vie et la santé du personnel concerné.
L’option SIEMENS conduirait aux mêmes conséquences industrielles et sociales. L’entreprise allemande est engagée dans un vaste plan de restructuration et de suppressions d’emplois depuis plusieurs mois. Les déclarations consistant à comparer cette prise de participation dans ALSTOM au programme AIRBUS sont un leurre. A la veille des élections européennes, il y a besoin d’un changement de cap et de décisions qui sortent les populations de l’austérité, du dumping social et du chômage.
Dans les 2 cas, les conséquences sociales seraient lourdes notamment en matière d’emplois. Les promesses des uns ou des autres se heurtent à la réalité de ce type d’opération et les exemples de rachats ne manquent pas en la matière.
Nous refusons de nous laisser enfermer dans ces deux seuls choix essentiellement capitalistiques. Nous refusons l’image caricaturale de la nationalisation temporaire de 2004 où le Ministre de l’économie de l’époque a fait « le ménage » des dettes et a engagé un vaste plan de 11 000 suppressions d’emplois pour livrer « propre » un des fleurons industriels de la France à son ami.
Depuis plusieurs mois, nos fédérations travaillent ensemble dans les 2 filières d’avenir que sont les transports et l’énergie.
Il y a besoin de reconstruire des synergies entre ces différentes entreprises et faire converger les technologies ou les savoir-faire des salariés concernés. Coopérer, travailler ensemble pour la réussite de nouveaux projets plutôt que de s’opposer dans une concurrence inutile et improductive.
Nous ne partons pas de rien. Des coopérations ont eu lieu par le passé comme par exemple :
A la SNCF : Dans les chemins de fer, il faut rendre compatibles les infrastructures, l’alimentation électrique avec le matériel. Développer de la grande vitesse, des trains Fret à très lourdes charges ou du train régional de nouvelle génération nécessite d’adapter le matériel aux besoins spécifiques. Toutes les innovations technologiques qui ont fait de la France un modèle mondial en matière de transport ferroviaire sont le fruit d’un travail coopératif entre les cheminots de la SNCF et les salariés d’Alstom, tant sur les cahiers des charges, la conception que les essais. Livrer Alstom à l’appétit des marchés financiers et des groupes étrangers nous ferait perdre cet atout industriel technologique national essentiel.
A la RATP : Depuis 40 ans, ALSTOM fournit le matériel ferroviaire en coopération avec Bombardier, soit les RER, métros et tramways. Il en est le plus gros poste d’investissement avec des marchés de plusieurs milliards d’euros. L’intervention du FSI et l’aide de la RATP ont permis à ALSTOM d’acquérir TRANSLHOR assurant ainsi le développement et la commercialisation du tramway sur pneu en service par exemple à Clermont Ferrand ou Padoue en Italie. Cette coopération s’est également traduite par la mise en place d’une filiale commune d’ingénierie créée en 2011 pour développer le métro de demain sur la base des savoir-faire des 2 entreprises.
Concernant la filière énergétique, en particulier au moment de la transition énergétique, il est indispensable de mettre en cohérence les compétences des entreprises du secteur (EDF, CEA, ALSTOM, AREVA), afin de ne pas dilapider les atouts de la France. Part de l’Etat dans les entreprises : EDF : 85%, CEA : 100%, AREVA : 100%.
Ces coopérations entre salariés se sont souvent heurtées à des rivalités de pouvoir ou à des enjeux capitalistiques, comme lors du rachat de la branche Transports et Distribution d’AREVA imposé par le gouvernement de Sarkozy pour plus de 2 Milliards d’euros pour Alstom.
Faire coopérer des entreprises françaises d’une même filière au service de l’industrie, de l’innovation et de l’emploi, n’est-ce-pas un vrai projet pour un état stratège ?
Nous considérons que le gouvernement doit se servir du délai d’un mois supplémentaire pour travailler la seule solution industrielle et sociale viable, c’est-à-dire la prise de participation majoritaire de l’Etat dans un groupe ALSTOM consolidé et cohérent sur l’ensemble de ces activités. C’est d’autant plus justifié que l’immense majorité des commandes provient des entreprises publiques ou des collectivités territoriales.
La CGT à partir de son expérience et de sa place dans l’ensemble des filières concernées, demande à être entendue par les pouvoirs publics. Pourquoi ne pas mettre en place un groupe de réflexions et de propositions avec la présence des syndicats afin de définir une stratégie de redéploiement ?
Après des exemples comme ARCELOR Florange et PCA Aulnay, le gouvernement doit prendre ses responsabilités et rompre avec les logiques de financiarisation de l’industrie et des services. LE VRAI CHANGEMENT, C’EST CA.
La CGT continuera à oeuvrer pour que les salariés interviennent et qu’ils se mêlent de leurs affaires. Les sondages montrent qu’une majorité de citoyens souhaitent que l’Etat nationalise ALSTOM dans l’intérêt général, au service d’une politique de développement de l’industrie et d’emploi dans le pays.
Les prochains rendez-vous d’actions les 15 et 22 mai sont une opportunité à saisir pour se faire entendre en nombre.
CGT