En campagne électorale, la candidate de la gauche à la présidentielle Aida Avella et le directeur de l’hebdomadaire communiste Voz, Carlos Lozano, ont été pris pour cible.
L’Union patriotique (UP) est toujours en danger. La candidate à la présidentielle colombienne Aida Avella et le directeur de l’hebdomadaire communiste Voz, Carlos Lozano, qui représente les couleurs de la formation de gauche aux sénatoriales du 9 mars, ont été victimes d’un attentat, dimanche, alors qu’ils se rendaient ensemble à un meeting dans le département d’Arauca. La caravane électorale a été prise pour cible par deux motards qui ont ouvert le feu sur l’une des voitures blindées, la criblant de quatorze balles. Si aucune victime n’est à déplorer, cette attaque témoigne de la détérioration du climat politique, alors que les Colombiens sont appelés aux urnes en mars et en mai. Cet attentat est d’autant plus inquiétant qu’il vient assombrir les pourparlers de paix entamés il y a plus d’un an, à Cuba, entre le gouvernement de droite de Juan Manuel Santos et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Depuis un mois, les menaces visant des personnalités de gauche se multiplient. L’UP est particulièrement ciblée. Cette coalition était née dans la foulée des accords de La Uribe entre les Farc et le gouvernement du président Belisario Betancur, en 1984. L’objectif alors poursuivi était la réintégration des insurgés dans la vie politique. L’expérience s’est soldée par une entreprise d’exterminations ciblées : plus de 3 000 militants, dont deux candidats à la présidentielle et treize parlementaires, ont été assassinés par les groupes paramilitaires et les services de sécurité de l’État. Aida Avella, à l’époque responsable de la formation au sein de l’UP, a été contrainte de s’exiler durant dix-sept ans après avoir survécu à un attentat. Pour Carlos Lozano, joint hier au téléphone, il ne fait aucun doute que cette attaque « vise à mettre en danger le processus de paix, et à rejeter l’UP sur la touche ». « Derrière cet acte se profilent l’extrême droite et le commandement militaire, celui-là même qui espionne les pourparlers de La Havane au risque de les faire capoter. Nous ne renoncerons pas à la campagne électorale », insiste-t-il.
De passage à Paris en décembre dernier, Aida Avella avait souligné la vulnérabilité des opposants, cibles de menaces physiques. L’attentat dont elle a été victime avec le journaliste communiste, à sept kilomètres d’une base militaire, en est l’illustration. Avec 25 000 soldats déployés, le département d’Arauca est considéré comme l’un des plus militarisés de Colombie...
Cathy Ceïbe
