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L’immobilier échappe aux lois de la gravité

Photo : laurentchehere.com

Une nouvelle fois, l’immobilier ancien a déjoué tous les pronostics. Alors que tout le monde ou presque lui avait promis une « annus horribilis », une année de purge après les excès des années 2000, il a traversé 2013 sans encombre. La preuve ? Les prix n’ont que très légèrement fléchi, et encore pas partout. Résultat, le prix moyen du mètre carré dans l’ancien n’a perdu que 4 % par rapport à son pic historique de 2011.

Pas de quoi parler d’une baisse donc. Tout juste d’une légère érosion. Quant aux transactions, elles sont reparties à la hausse, signe que la demande de logement reste toujours aussi vigoureuse. Véritable spécificité française, une telle résistance a de quoi surprendre, alors que le reste de l’économie est atone et que l’écart entre les prix d’acquisition et le revenu des ménages ne cesse de grandir. Elle n’est pourtant pas près de faiblir. Le marché va continuer à résister à tous les stress. Et les prix ne sont pas près de chuter.

Il faut dire que l’immobilier dispose de deux puissants alliés. À court terme, il peut compter sur le soutien de Mario Draghi. En maintenant les taux d’intérêt tout près de zéro, le président de la Banque centrale européenne fait baisser le coût global de l’achat d’un logement, puisque cette transaction reste avant tout une opération à très fort effet de levier. En clair, il donne un coup de pouce au pouvoir d’achat immobilier des acheteurs. Alors, bien sûr, les taux ne vont pas rester aussi bas indéfiniment. Ils devraient même remonter, dès cette année. Mais c’est sans importance, car les prix disposent d’un second allié : la pénurie chronique de logements.

À Paris, cette situation est évidente. Mais, ailleurs, aussi. Partout où la demande immobilière est forte, le manque se fait sentir. Parce que le parc se renouvelle au compte-gouttes. La faute aux promoteurs, d’abord, qui pilotent au plus juste les mises en chantier de logements neufs pour ne pas se retrouver avec des stocks d’invendus sur les bras. La faute surtout à des règles d’urbanisme aberrantes, qui constituent un frein puissant à la construction. Et ce n’est pas la politique de Cécile Duflot qui va arranger les choses dans ce domaine. En partant en guerre contre les propriétaires-bailleurs, la ministre du Logement a fait fuir les investisseurs. La crise du logement a donc de beaux jours devant elle.

Dans un tel contexte, le statut de valeur refuge de l’immobilier n’est pas près d’être remis en cause. C’est sans doute une bonne chose pour les propriétaires, certains de voir leur matelas de pierre prendre de la valeur. C’est en revanche une mauvaise nouvelle pour les Français qui cherchent à se loger et plus encore pour le pays dans son ensemble. Car, de tous les produits d’épargne, l’immobilier est celui qui crée le moins de richesse.

François Vidal | 07/01 | 06:00 | mis à jour à 10:31

»»  Les Echos
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