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« On a l’impression de travailler pour payer les factures »

Portrait. Tout augmente, sauf les salaires. Alexandra et Ludovic, couple d’employés aux revenus modestes et parents de deux enfants près de Lyon, redoutent que 2014 ne soit synonyme d’une nouvelle baisse de leur niveau de vie.

Le sapin de Noël richement décoré trône encore dans le salon où ils viennent de fêter la nouvelle année et, pourtant, la magie des fêtes s’estompe très vite dès qu’on aborde la perspective du niveau de vie de la famille pour 2014. «  Optimistes de nature  », comme ils se décrivent eux-mêmes, Ludovic et Alexandra,
quarante-cinq et quarante et un ans, tous deux employés de supermarché près de Lyon et parents de deux filles de treize et seize ans, ne sont pas du genre à se plaindre, mais l’alourdissement du coût de la vie commence sérieusement à leur peser. Alors, quand on leur annonce qu’en 2014 leur pouvoir d’achat va encore reculer, ce n’est pas un coup de massue, mais un nouveau resserrage de ceinture qui les inquiète quelque peu. Certes, ils sont tous les deux en CDI, ont la chance d’être propriétaires – au prix d’un emprunt à rembourser sur vingt ans – et ne se restreignent pas sur l’essentiel. Mais, comme pour des millions de travailleurs français, le mot d’ordre, c’est «  ne pas faire de folies  ». «  Cette année, on n’est pas parti en vacances. On ne va plus trop au resto. Quand on va au cinéma, c’est grâce aux prestations de nos CE. Et on consomme tout ce qui est discount  », explique Alexandra. Des forfaits de téléphone aux billets de train pour aller voir sa famille dans le Sud, le low cost devient souvent la seule option pour tenir le budget. Exit l’épargne, encore possible il y a deux ou trois ans : garder les comptes du foyer à l’équilibre est devenu l’objectif le plus réaliste.

C’est que, pour cette famille, la colonne des revenus est vite vue : 2 700 euros de salaires net mensuels à eux deux, plus 125 euros d’allocations familiales. La colonne des charges, elle, est beaucoup plus longue : 840 euros à débourser chaque mois pour rembourser le crédit, entre 600 et 700 euros pour l’alimentation, au moins 200 euros pour l’essence des deux voitures, environ 130 euros pour l’électricité – dont les tarifs vont encore augmenter –, 80 euros pour payer l’école privée à l’aînée – «  le seul établissement où elle pouvait faire l’option qu’elle voulait pour devenir puéricultrice  », explique Ludovic –, 50 euros en forfaits de téléphone, 50 euros pour l’assurance des ­voitures, 45 euros pour la cantine de leur plus jeune fille, et 20 euros pour l’abonnement de transports en commun de leur fille aînée. Une fois toutes les autres petites dépenses quotidiennes ­effectuées, «  on n’est pas à découvert, mais on est limite  », constate Alexandra. «  On a l’impression de travailler pour payer les factures  », résume-t-elle avec une pointe de lassitude.

En plus de ces charges récurrentes, les impôts ne cessent de s’alourdir. «  En passant d’un ­appartement à une maison, on a eu 100 % d’augmentation en impôts locaux !  » souligne Alexandra, qui digère mal la facture de 1 036 euros.
Leur taxe foncière, elle, a pris 300 euros en plus, pour atteindre 1 300 euros. Pour ce foyer qui n’a jamais été redevable de l’impôt sur le revenu, la crainte est de passer en 2014 dans la tranche supérieure. «  Surtout qu’on a appris que les 10 % de réduction qu’on a dans les hypermarchés qui nous emploient sont devenus imposables !  » s’indigne Ludovic. Salarié avec une mutuelle d’entreprise obligatoire, il redoute également que l’intégration dans son salaire net de la contribution de l’employeur au titre de la mutuelle d’entreprise ne lui porte préjudice.

Surtout, la finalité de cette accumulation de petits rackets et de petits sacrifices imposés les laisse perplexes. «  Le gouvernement augmente la TVA pour financer le crédit d’impôt compétitivité, mais rien de cela n’est redistribué aux salariés !  » dénonce Alexandra. Pour Ludovic, qui est par ailleurs délégué CGT, c’est clair : «  Il y a moyen de prendre ailleurs, aux plus gros : ils payent moins d’impôts que nous !  » Mais surtout pas aux services publics, que tous deux jugent déjà débordés. Dans tous les cas, il y a urgence à inverser la tendance, car aucun des deux parents ne souhaite voir leurs filles galérer pendant ou après leurs études, et vivre moins bien qu’eux. «  Ce qu’il faut, c’est un nouveau Mai 68, avec tout le monde dehors. Sinon, rien ne changera  », insiste Ludovic, qui ne croit plus que le gouvernement puisse défendre l’intérêt des classes populaires.

Loan Nguyen

»» L’Humanité.fr
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