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Lutter encore contre toutes les formes de racisme sans hiérarchisation.

Mobiliser et rassembler plus largement encore contre le racisme semble être la nécessité du moment. Les manifestations de l’automne 2013 n’ont pas épuisé cette nécessité. Depuis d’autres évènements sont intervenus - politiques et médiatiques - qui ont à nouveau lâché la parole ou le geste raciste.

Renouer avec l’antiracisme universaliste pour mobiliser largement est donc nécessaire ! C’’est nécessaire pour construire un autre monde, plus fraternel et plus solidaire ! Au plan national, la République a été compromise jadis par le colonialisme, elle ne saurait s’accommoder au racisme du FN ou à celui de certains médias qui construisent une opinion faussée d’autrui. A la République il faut un antiracisme universaliste ferme doublé d’une ouverture d’esprit aux problèmatiques nouvelles issues des migrations humaines.

Le racisme se manifeste soit par un discours soit par des exclusions dites racistes. Le combat contre le racisme est un combat constant mais difficile.

I - A propos du racisme à critère religieux.

Certes la riposte peut être juridique [1] sous la forme du procès tant que la loi française dira que le racisme n’est pas une opinion. Mais cette lutte doit aussi être idéologique et collective.

A) Idéologique sur au moins deux plans vu le contexte de cette fin de 2013 :

D’une part le racisme contre les Juifs n’est pas plus grave que celui contre les Arabes ou les Musulmans. L’antiracisme universaliste s’oppose à cette hiérarchisation intolérable. On ne saurait oublier qu’il a eu aussi des agressions de musulmanes voilées ces derniers temps. Or la critique du sexoséparatisme, parfaitement possible et même nécessaire, n’autorise nullement les agressions verbales et physiques des musulmanes. La critique sexoséparatiste s’adresse aux hommes et aux femmes qui imposent le voilage des femmes pas contre celles qui le portent librement [2] . Elle est fondée sur l’idée qu’il est parfaitement possible pour les hommes de respecter les femmes non couvertes, non voilées. La religion ne saurait devenir un alibi pour empêcher la diversité vestimentaire, pour interdire la séduction féminine. Ce respect humain doit pouvoir se maintenir aussi à l’égard des femmes sexy. Il en va de la possibilité de construire une société civilisée ou la décence n’est plus mesurée à la surface des vêtements des femmes. La décence la plus élaborée, la moins « primaire », s’oppose plus aux humiliations qu’au nudisme ! Il faut favoriser l’éducation au « double regard » : voir l’être sexué (femme séduisante et homme regardant) et voir l’être humain digne (aussi bien la femme que l’homme).

 D’autre part parce qu’il faut répéter que c’est bien différent d’accuser les juifs ou des juifs ou les musulmans plutôt que des musulmans. Il y a des juifs qui construisent des murs en Israël et d’autres qui les cassent, qui refusent un nouvel Apartheid ! Idem pour les musulmans sur un autre plan ! On ne saurait généraliser, globaliser, mettre tous les juifs ou tous les musulmans dans un même sac qu’il soit positif ou pire négatif. On ne saurait donc « communautariser ». La communautarisation opère racisme par essentialisme. Si les religions portent en elles diverses idéologies contestables il importe de ne pas les attribuer à tous les juifs, à tous les musulmans, à tous les chrétiens. L’usage du terme sionisme ou de celui d’intégrisme, permet d’opérer ces distinctions, parfois de façon imparfaite d’ailleurs. Mais c’est un premier pas pour éviter la globalisation raciste.

B) Collective et pratique car il va falloir se mobiliser .

Une large fraction des politique s’est discréditée dans la lutte contre le racisme. L’initiative doit donc revenir aux associations antiracistes.

Si une majorité de personnes critiquent à raison un usage négatif - à formes variables - de la religion, elles doivent pouvoir aussi s’opposer aux agressions des musulmans ou des juifs. Qui ne voit qu’il y a là un enjeu ! Il faut pouvoir mobiliser ces personnes. Il revient aux associations antiracistes universalistes de permettre cette mobilisation large contre le racisme sous toutes ses formes. Elles savent le faire.

II - A propos des autres formes de racismes.

Le racisme contre les Rroms et celui contre les Noirs et les Arabes ne sont évidemment pas plus tolérables. Si une fermeté est à soutenir c’est bien celle contre le racisme, comme d’ailleurs celle contre le sexisme ou l’homophobie. Il faut savoir pardonner à celui - individu ou groupe ou institution - qui abandonne son racisme et revient sur une position positive et de dignité humaine mais il faut savoir aussi être très ferme contre le racisme. La fermeté n’est pas un autoritarisme ou un défaut de pédagogie - elle est nécessaire - mais la conscience de la gravité des différentes formes de racisme. Le racisme n’est pas une opinion mais un délit !

Les Rroms sont présents depuis des siècles sur le continent européen, ils doivent pouvoir y vivre décemment. Les politiques doivent favoriser leur insertion économique et sociale, leur intégration scolaire. Il faut aussi permettre la connaissance de ce peuple si méconnu.

Autre point : Il n’est pas bon de laisser entendre qu’une partie de la jeunesse noire ou arabe peut en toute légitimité apprécier Dieudonné et son antisémitisme sous prétexte que Dieudonné est noir et soit disant « antisioniste » . Cela est dangereux, tout comme il ne serait pas bon de laisser entendre que des Juifs puissent, sans critique aucune, s’adonner au racisme anti-arabe ou anti-musulmans. Si c’était le cas alors il importerait d’agir. La peste communautariste porte le racisme. Et le racisme nuit gravement au vivre ensemble dans la diversité !

III - Lutter encore mais élargir le champ d’analyse !

L’alternative « vivre ensemble » reste la fraternité, la sororité dans l’égalité . Et cela doit se traduire par des mesures politiques qui renforcent ce vivre ensemble au plan démocratique, social et territorial. L’antiracisme n’est pas que proclamation humaniste, il se veut aussi force de propositions pour approfondir et élargir son champ d’action.

La question du droit de vote des résidents étrangers extracommunautaires (hors Union européenne) est de nouveau posée. Il est temps de relancer le débat autrement que par des invectives. La droite centriste peut et doit évoluer sur ce point. Offrir des droits démocratiques et citoyens - le droit de vote à certaines élections à minima - à des individus non reconnus par l’État comme membre de la Nation devrait être possible avec l’octroi d’une carte de résidents de longue durée. Il suffit de s’accorder sur la dite durée (5ans ou plus), de vérifier si l’impôt est bien payé (ou déclaré), si la personne n’a pas commis de crimes. Bref de discuter de ce qui peut débloquer la situation. Je suis là sur une position de compromis pour ce débat, mes positions étant plus ouvertes encore.

Enfin, aujourd’hui la question de l’antiracisme n’est pas seulement franco-française elle se discute aussi au plan européen mais aussi plus largement encore au plan d’une zone élargie qui englobe le Moyen Orient et l’Afrique. Les migrations historiques obligent à un tel élargissement de l’analyse.

Christian Delarue, 02 Janvier 2014.

»» http://blogs.mediapart.fr/blog/chri...

Source : Club Médiapart.


[2C’est par une législation plus laïque - éventuellement - que l’on doit avancer pour faire reculer les formes offensives et déplaisantes de la religion et non par des agressions verbales ou physiques. Il importe d’être clair sur ce point.


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