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Le SNES-FSU et Vincent Peillon : Drôle de jeu, ou l’illusion du « qui perd gagne » ?

Que se passe-t-il donc au Ministère de l’Éducation Nationale, depuis qu’un ministre « de gauche » prétend y « refonder l’École » ?

Alors que la réforme des rythmes scolaires a déclenché contre elle une mobilisation massive des enseignants du primaire, avec le soutien des élus et parents d’élèves, un autre projet voit le jour, concernant le statut des enseignants du Second degré, et, à son tour, se voit fortement contesté par un nombre croissant de professeurs.

S’agissant d’une réécriture du fameux « statut de 50 », qui fixe notamment le temps de service des enseignants, on pouvait craindre le pire, dans le contexte d’austérité budgétaire mise en œuvre par l’actuel gouvernement : une charge de travail accrue et/ou une nouvelle baisse du pouvoir d’achat.

Dans la foulée des décrets Pécresse-Fioraso, le pire n’est sans doute pas loin, avec des propositions ministérielles qui :

  • ouvrent la porte à l’annualisation du temps de travail (le temps de service étant qualifié d’« horaire hebdomadaire de référence »),
  • égrènent une liste d’une quinzaine de missions (« le bloc 2 ») qui, toutes, deviennent des « obligations de service », c’est-à-dire imposables et non rémunérées, allongeant sensiblement le temps de présence dans l’établissement en plus des heures de cours,
  • soumettent certaines missions complémentaires et leur rémunération indemnitaire au bon vouloir managérial du Chef d’établissement,
  • organisent la division entre professeurs (par ex : décharge de service en ZEP contre augmentation du temps de service en classes préparatoires).

Face à cela, le SNES, principal syndicat du Second degré, a usé d’une stratégie de communication qui est apparue de plus en plus suspecte aux yeux des bases militantes :

  • pas de protestation forte contre les modalités de ces discussions (calendrier hallucinant : projet transmis le 18/11 et discussions achevées à la mi-décembre ; aucune consultation des personnels) ;
  • l’acceptation de « l’entrée par les missions » (donc de la liste du bloc 2), sous prétexte de « rendre visible la réalité du travail enseignant » ;
  • des modifications qualifiées « d’avancées importantes » (par exemple le fait de remplacer « 1607 heures » par « le temps de travail applicable à l’ensemble de la Fonction publique »), alors qu’elles laissent en l’état les mesures les plus dangereuses ;
  • pas de contestation ferme du pouvoir renforcé des chefs d’établissement par rapport à l’attribution de missions rémunérées ;
  • pas de rejet clairement exprimé du redéploiement opéré entre catégories de professeurs (ceux qui bénéficient d’une diminution de leur temps de service, grâce à une « pondération » / ceux qui voient le leur s’allonger, parce qu’ils perdent leur décharge statutaire ou la prise en compte des effectifs lourds de leurs classes).

Face au tollé déclenché par ce projet chez les professeurs de classes préparatoires (dont la plupart verraient leur temps de service en CPGE augmenter de 10 à 20%), le SNES a lancé un appel à la grève pour le lundi 9/12, mais en le limitant aux seuls professeurs de CPGE, laissant le reste de la profession dans une position d’attente du résultat de « discussions en bilatérale » avec le ministre.

Absence de critique ouverte et ferme contre le projet ministériel, priorité donnée à une démarche de lobbying, tendance à l’attentisme…, un positionnement syndical est à l’œuvre, qui nous éloigne un peu plus du syndicalisme de lutte pourtant revendiqué par le SNES dans son dernier Congrès, et qui désarme les bases militantes dans leur volonté de construire les mobilisations convergentes indispensables pour gagner la revalorisation nécessaire (augmentation des salaires – reconnus parmi les plus bas d’Europe -, et diminution du temps de travail – inchangé depuis 63 ans… -).

Le FSC exprime son soutien aux professeurs en lutte, du primaire à l’université, en passant par les classes prépas. Il appelle l’ensemble de ces travailleurs de l’Éducation nationale à s’unir dans une mobilisation d’ampleur contre les réformes inacceptables du ministre Peillon, pour la défense des acquis statutaires et pour une véritable démocratisation de notre système éducatif.

Le Front Syndical de Classe, 9 décembre 2013.

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