RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

PS, UMP, FN : la question de l’identité des indiscernables

La chronique interminable des succès anticipés du Front National lors des prochains scrutins n’en finit pas de régaler les media dominants. Une fois de plus d’ailleurs, la presse aura joué un rôle plus qu’ambigu dans les résultats, si leurs "prévisions" sont avérées. Ce rôle, pour ne pas dire cette fonction des media dominants fait désormais partie du paysage politique de très nombreux pays de l’ouest européen. Ne s’agit-il pas de transformer le désarroi provoqué par le fiasco politique, social et économique de l’UE en "montée des nationalismes" ?

Le principe de « l’identité des indiscernables » a été développé par le philosophe allemand Gottfried Leibniz (1646-1716). Dans sa version triviale, mais fort utile en politique, il pose que si deux entités sont distinctes, elles doivent différer en quelque chose... Je ne ferai donc pas l’insulte au Parti socialiste de l’identifier indûment au Front National. Ce genre d’amalgame polémique est le plus souvent stérile. En revanche, le jeu que mène le parti de François Hollande à travers la personne de Manuel Valls, par exemple – car il n’est pas seul – nous conduit à nous poser des questions qui ont à voir avec la notion d’identité des indiscernables. Souvenons-nous des déclarations de l’hyper-ministre sur l’immigration en général. Le FN a bien saisi la menace, qui appelle à voter « pour l’original plutôt que pour sa copie ». Encore une fois, « identité » et « indiscernables » sont des termes dont la radicalité doit être récusée par souci de précision.

La nécessaire "discipline républicaine" devient difficilement supportable

Mais il reste quelque chose de véritablement crapuleux, et je pèse mes mots, surgi dès juin 1984, lorsque Pierre Bérégovoy aurait déclaré (on a peine à le croire mais c’est un fait avéré) : « On a tout intérêt à pousser le Front National. Il rend la droite inéligible. Plus il sera fort, plus on sera imbattables. C’est la chance historique des socialistes. » (entretien avec Frank-Olivier Giesbert, 21 juin 1984). » Ce quelque chose de crapuleux, c’est le caractère moralement impérieux de ce qu’il est convenu d’appeler la "discipline républicaine".

Ainsi, au deuxième tour de tout scrutin, il convient de voter pour le candidat du parti qui se retrouve face au Front National, même quand se pose la question de l’identité des indiscernables, et même quand le parti bénéficiant des reports n’a cessé depuis trente ans de tourner le dos à ses engagements les plus solennels en matière d’emploi, d’indépendance nationale, de progrès sociaux, de politique étrangère et d’intégrité des élus. On comprend que cette question des reports « pour battre la droite, l’extrême-droite, le FN, etc. » soit désormais perçue comme un piège par des citoyens régulièrement floués par ceux auxquels il avaient fait confiance. Il serait même possible que la discipline en question rassemble de moins en moins. Du même coup, les partis jusqu’à présent bénéficiaires de cette tradition républicaine (l’UMP n’est pas en reste en ce domaine) enverront leurs représentants bêler sur les plateaux de télévision et les stations de radio « qu’ils ont péché par défaut de pédagogie », alors qu’ils ont comme à leur habitude méprisé les pauvres et les désespérés de la politique.

La proportionnelle intégrale contre tout chantage moralisateur

Il existe une solution à ce problème brûlant. Elle est connue. Cela s’appelle "la proportionnelle intégrale" : chaque voix compte dans les pourcentages de chaque parti. Le nombre des élus de ces partis dépend directement des pourcentages atteints. Il n’y a qu’un seul tour, donc pas de reports.

Deux objections sont ordinairement avancées contre cette solution qui, au passsage, rendrait leur intérêt d’origine aux débats parlementaires. La première est irrecevable car anti-démocratique : les « petits partis » pourraient être représentés, ce qui risquerait d’affaiblir les majorités puissantes ! On voit mal pourquoi la participation à l’exercice de la souveraineté nationale devrait exclure les pensées minoritaires, et pourquoi les majoritaires devraient être écrasantes. La seconde, également anti-démocratique, porte sur le fait que la proportionnelle intégrale ferait entrer beaucoup de députés du Front National à l’Assemblée nationale. Certes, mais quoi qu’il en soit, c’est ce qui va se passer au cours des prochaines années si l’on n’y prend garde. D’ailleurs, cela a même été dit par Laurent Fabius, depuis quand combat-on des idées par des modes de scrutin ? Parce qu’il s’agit bien d’idées dès lors que seuls les partis démocratiquement autorisés participent aux processus électoraux. Beaucoup,dans les années 1980, ont préconisé l’interdiction du FN au motif que l’incitation à la haine raciale n’est pas une opinion mais un délit, voire un crime. J’étais parmi eux. Cela fut refusé : à cette époque, le FN rendait beaucoup de services électoraux. Il est désormais trop tard. Je suis tenté de dire aujourd’hui que c’est moins malsain. Mais les Français pourraient, à terme, le payer cher. Souhaitons qu’ils n’aient pas la mémoire courte. Cela dépend en grande partie des communistes restés debout dans ce pays.

Pascal ACOT

»» http://www.actioncommuniste.fr/article-ps-ump-fn-la-question-de-l-iden...
URL de cet article 23186
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Le « populisme du FN » un dangereux contresens, d’Annie Collovald et Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage, d’Emmanuel Pierru
DIVERS
Récemment apparues, les éditions du Croquant, issues d’une dissidence des héritiers de Pierre Bourdieu, publient des ouvrages riches, au coeur des problèmes sociaux actuels et offrant un regard juste et pertinent. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention : Le « populisme du FN » un dangereux contresens A travers cet ouvrage, Annie Collovald a voulu déconstruire et remettre en cause le terme de « populisme » qui sert aujourd’hui d’explication au succès électoral du Front national. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin.

Henry Ford (1863-1947)

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.