Lorsque le 9 octobre, le Président chinois Xi Jinping a chanté « happy birthday » à Poutine, en compagnie de Susilo Yudhoyono, responsable de l’Indonésie, chacun a pu observer qu’il régnait là une ambiance de fête : l’Asie s’amuse sans inviter les néantologues globalitaires.
L’APEC : une structure instable
Le Mécanisme de Coopération Economique Asie-Pacifique (APEC) fut créé en 1989 pour tenir compte de l’interdépendance croissante entre les économies de la région. Cette structure, regroupant 21 pays, se préoccupe de promouvoir entre eux le commerce et la coopération. On sait que la zone Asie-Pacifique se développe plus rapidement que n’importe quelle autre et compte environ trois milliards d’habitants tout en pesant quasi la moitié du commerce mondial.
Les réunions de l’APEC ont une dimension ludique puisque la Chine ne veut pas satisfaire l’obsession anglo-saxonne de dominer le monde en duopole avec elle. Le mois dernier, le vice-ministre des finances de Chine, Zhu Guangyao, rappela que les Etats-Unis devaient soutenir la valeur de leurs bons du Trésor. Puis, le Président Jinping expliqua que l’APEC servirait de structure de coordination pour les réformes commerciales Asie-Pacifique, incluant la Chine. Les accords commerciaux sont pensés en termes de relations multilatérales par Beijing face aux manipulations de l’OMC par les anglo-saxons, qui pratiquent aussi l’unilatéralisme systématique dans leurs contacts hiérarchiques avec les pays de la zone. L’Alliance du Pacifique, contrôlée par le pouvoir globalitaire est en concurrence avec l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) : la première exclut la Chine alors que l’autre l’inclut.
Le projet 2049
Un document publié durant l’été 2011 par l’Institut américain Projet 2049, intitulé « Les alliances asiatiques du XXIème siècle » a émis une conclusion qui, quoique niaise, reste une des possibilités du pouvoir américain : renforcer le trépied Japon, Corée, USA, empêcher la coordination Chine /Corée du Nord, refuser aux Chinois leurs droits maritimes pour laisser ouvertes toutes les routes et éviter que l’armée chinoise s’installe dans les Océans Indien et Pacifique. Cependant, le siècle de la paix américaine, qui serait celui de la tyrannie , est peu compatible avec la perspective chinoise pour qui la relation avec les USA est du type “ni ami, ni ennemi”.
L’élite chinoise a déjà investi dans une nouvelle route de la soie, afin d’accéder aux matières premières qui s’y trouvent enterrées et qui ont simplement besoin d’être exploitées. Ce mois-ci, un autre projet d’envergure est proposé : une route maritime qui stimule les échanges entre la Chine et l’ASEAN.
Evidemment, il convient que les mers au fond desquelles sont accumulées de nouvelles sources d’énergie, pétrole notamment, ne soient pas sous le contrôle exclusif des agités du bocal qui règnent à Washington. Pour renforcer son poids, la Chine recevra dans sa capitale le sommet de 2014 de l’APEC.
Fin du profil bas ?
A l’époque où Deng Xiaoping dirigeait le parti, il suivait la règle du “profil bas” dans les relations internationales. Mais ce temps est révolu. Les vols financiers massifs dont sont responsables et coupables le soviet de la finance mondialiste n’ont pas détruit ce pays quand ils ont ruiné l’Europe. Les méthodes de l’Empire le conduisent lentement vers le déclin depuis que les élites du reste du monde ont appris que ces canailles mentaient, volaient,en se justifiant par le concept de bien. Enfin, les pays qui n’appliquent pas les dogmes farfelus du FMI ou de l’OMC, les BRICS, ont pu sortir peu à peu de la médiocrité et souhaitent légitimement tenir un rôle dans le monde en transformation.
La perception immanente que portent les élites de ces pays les incite à travailler avec des humains de haute tenue culturelle et caractérielle et non avec un pouvoir infâme. Dans ce contexte, le multilatéralisme gagne du terrain. Le G20 est préféré au G8 terrorisé par les enférocés de Washington et d’ailleurs, tandis que des modèles d’organisation plus humains émergent des réussites observées. Par exemple, Singapour est un remarquable succès, puisqu’il a su s’éloigner de la crasse répandue par la finance mondialiste.
Le soviet de la finance doit être détruit
La plupart des observateurs considèrent que les Etats-Unis sont entrés en décadence avec leur échec en Irak et que l’économie chinoise devrait dépasser celle des USA à partir de 2016/2017. Comme la supra société occidentale, ces groupes situés au-dessus des Etats, domine pour l’essentiel à travers la finance avec la subtilité des vrais assassins en série ayant acquis une longue expérience depuis la création de la Banque d’Angleterre, l’APEC et d’autres organisations sont susceptibles de se heurter à quelques manœuvres financières non anticipées. Même si l’APEC donne l’exemple du multilatéralisme face à l’obscurantisme unilatéral de la finance mondialiste, tant que le soviet de la finance ne sera pas empêché de nuire, toute bonne politique risque l’échec.