RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

L’île reste une terre de solidarité et de compréhension

Le discours anti-immigré ne prend pas chez les habitants de l’île italienne, désormais habitués aux drames quotidiens.

Envoyé spécial . Un Syrien entre chez le coiffeur. La tondeuse ne marche plus. Le coiffeur l’envoie chez un confrère. On se parle avec les mains, l’un en arabe, l’autre en italien. À Lampedusa, on ne peut pas toujours se comprendre, mais on regarde au quotidien les migrants « en face », selon l’expression de la maire (voir ci-contre). Le discours anti-immigré ne prend pas.

Les migrants sont omniprésents dans les rues. Ils sont pourtant censés rester dans un «  centre ouvert  » dont ils ne peuvent sortir par la porte principale. Ils sortent par les grillages latéraux, troués. Les militants jouent leur rôle. Ainsi, l’association Askavusa travaille à un musée de l’immigration. «  Nous avons collecté huit cents objets, trouvés sur les bateaux  », raconte Giacomo Sferlazzo. Des lettres et photos sont en train d’être restaurées par la Bibliothèque de Sicile. Ces derniers jours, l’association organise l’accueil des familles de victimes chez l’habitant. L’association est aussi très politique, dénonce les lois de l’Europe forteresse. Pour Sferlazzo, «  Lampedusa sert de justification à une militarisation de l’espace méditerranéen  ».

Une habitante raconte certains épisodes de solidarité. Il y a deux ans, «  on était plusieurs à aller chercher l’argent envoyé par leurs familles aux migrants par mandat, plusieurs fois par jour. Les migrants recevaient leurs appels sur nos téléphones, se souvient-elle. Nous pourrions être inquiétés pour favoriser l’immigration illégale. Les lois répressives servent à éviter cette solidarité  ».

En fait, explique-t-elle, «  à Lampedusa, la question des migrants évite qu’on parle des vrais problèmes de l’île  ». La santé tout d’abord. Dans cette île de 6 000 habitants, «  pour les maladies graves, tels les cancers, il faut se rendre en Sicile pour les chimiothérapies. Cela signifie prendre l’avion, payer l’hôtel, souvent à ses propres frais  », regrette Franca Parrizi, adjointe municipale à la santé. Il en est de même pour accoucher. Seuls les enfants de migrantes naissent sur l’île, les enfants d’Italiennes naissent ailleurs en Italie. Deuxième problème : le transport. «  Ce matin, le bateau qui fait la liaison entre la Sicile et Lampedusa n’est pas arrivé, nous expliquait mercredi Ezio Billeci, adjoint à la pêche. On a deux jours de poisson dans notre bateau. Il ne peut pas partir.  » En sus de transporter les passagers, le ferry obsolète quotidien transporte l’essence, le poisson, les poubelles, et les odeurs qui les accompagnent.

Lundi soir, sur le port, outre les migrants, une soixantaine d’habitants étaient venus saluer les dépouilles une dernière fois, quand elles étaient chargées sur le navire devant les transporter en Sicile. Natalia, une Roumaine au service d’une personne âgée, fait partie des quelques étrangers de l’île. Les clandestins ne restent pas. «  C’est terrible : regardez cet enfant. En Roumanie, mon fils gagne 150 euros. C’est pour ça que, nous, les Roumains nous partons. Eux, c’est pareil. Ils fuient. Ils croient se trouver en Europe, ils sont à Lampedusa.  » Sur son scooter, Mimmo, 
vingt-quatre ans, est venu avec sa fiancée. Son père, pêcheur, fait partie de ceux qui ont sauvé les immigrés, le 3 octobre. «  Ce qu’on voit ce soir : c’est les hommes politiques dans leur splendeur. La loi Bossi-Fini, qui fait de la clandestinité un délit, n’est pas une loi. C’est un homicide.  » Les deux tourtereaux repartent, affectés.

G. D. S. le 18 Octobre 2013.

»» L’Humanite.fr
URL de cet article 22998
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Derrière les fronts : chroniques d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation
Samah JABR
EN LIBRAIRIE LE 22 MARS 2018 En coordination avec la sortie en salle du documentaire d’Alexandra Dols – Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine – nous vous proposons en coédition avec Hybrid Pulse le premier livre de la psychiatre et écrivaine Palestinienne Samah Jabr. Le livre ne sera pas disponible en librairie pour le moment mais seulement sur notre site ou par demande par courrier à PMN Éditions. « Nous voulons une vie décente, pas n’importe quelle vie. Notre action pour (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Lorsque les missionnaires chrétiens blancs sont allés en Afrique, les blancs possédaient des bibles et les indigènes possédaient la terre. Lorsque les missionnaires se sont retirés, ce sont les blancs qui possédaient la terre et les indigènes les bibles."

Dick Gregory (1932-2017)

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.