RTL info > Vous > Témoignage > Galère de l’intérim : l’histoire poignante d’un internaute en recherche .
Un internaute désabusé nous a contactés pour nous offrir son expérience du travail intérimaire. Il nous décrit un parcours professionnel parsemé de brimades et de problèmes financiers en tout genre. Voici le témoignage d’un homme qui veut croire en un avenir meilleur.
Un diplôme peu qualifiant
"Bonjour, je vous écris pour vous faire part de mes mésaventures en tant qu’intérimaire. Agé de 29 ans, je vis en concubinage et suis papa d’une petite fille de deux ans. Depuis ma sortie de l’école I.A.T.A (Institut d’Enseignement des Arts, Techniques, Sciences et Artisanats) avec une sous-qualification, je n’ai pas pu continuer mes études (mes parents n’ont pas su m’aider à financer mes études)".
"Des bons à rien, des voleurs"
"J’ai toujours enchaîné des missions diversifiées, ainsi que des tâches ingrates, dans lesquelles je ne pouvais développer des compétences. En tant qu’intérimaire, j’ai pu constater que nous sommes vus comme des bons à rien, des voleurs, des menteurs (pas partout, heureusement). Nous servons d’exutoire pour les collègues "éphémères" ou pour les employeurs".
" Doit-on être drôle pour bien travailler et garder sa place ?"
"J’ai également tout entendu ou vu. Par exemple, lors d’un de mes contrats d’intérim chez XXX les ouvriers ayant remarqué que c’était ma première mission ont essayé de pratiquer "la pesée" (= actuellement, on placerait ce terme dans le domaine d’attouchements sexuels). Je ne me suis pas laissé faire, mais j’ai perdu ma place. Un des chefs (délégué syndical fgtb) ne me trouvait pas assez drôle. Doit-on être drôle pour bien travailler et garder sa place ?"
"Un éternel recommencement"
"Les missions s’enchaînent et le comportement des chefs ou des ouvriers ne changent pas. J’ai cru que chez XXX c’était un cas isolé, mais non. C’est un éternel recommencement. Ce sentiment de ne pas être l’égal du collègue, de devoir bosser plus, d’avoir moins de pause, de réaliser les tâches les moins valorisantes, de faire ce que les collègues ne veulent pas faire, est dégradant dans sa vie professionnelle et privée. J’ai dû bosser avec un supérieur qui me répétait sans cesse "plus vite, plus vite", en ne me laissant pas le temps de souffler".
" Je suis juste bon à boire l’eau des toilettes"
"Les commentaires suivent aussi : dans un de mes derniers boulots, le patron s’est permis de dire que ses collègues sont des sous-merde et que moi, en tant qu’intérimaire, je suis juste bon à boire l’eau des toilettes. Je ne réagis plus à ce genre de propos, mais à force, je me sens blessé et fatigué de toujours entendre ces propos-là".
"Personne pour défendre les intérimaires"
"Mais ce n’est pas tout. Actuellement, nous sommes de plus en plus de chômeurs, et si un intérim ose se plaindre de ses conditions de travail, personne n’est là pour le défendre. "Ce n’est pas grave monsieur, vous n’irez plus dans cette entreprise. On va y envoyer quelqu’un d’autre", tels sont les propos des agences d’intérim. Dès qu’on essaye de défendre nos peu de droits, elles font la sourde-oreille et tu as juste à te taire. Et attendre.
Attendre que l’on t’envoie sur une autre mission pendant laquelle tu rencontreras le même genre de soucis. Mais ce n’est pas grave : si vous avez un souci, on vous remplace.
Je pensais que l’esclavagisme était aboli.... Mais il y a pire".
"Notre statut ? Un poison"
"Le statut intérimaire est plus un poison qu’une solution durable. Vous êtes au chômage, vous noircissez votre case représentant le jour de prestation. Mais attention, vous travaillez maintenant, on vous diminue les allocations le mois suivant. Si vous ne savez pas gérer un budget, le mois sera très difficile. Il m’est arrivé de refuser des missions (où l’on gagnait 25€) alors qu’au chômage, j’en gagne 40.
Je ne vous raconte même pas la tête de la conseillère de l’agence quand vous lui expliquez la situation".
"Les intérimaires paient les pots cassés"
"Dernière en date ; je viens de travailler 15 jours, temps plein. Parce que l’agence ne suit pas dans ses dossiers, je, intérimaire, suis dans l’obligation d’attendre que l’agence se mette en ordre pour pouvoir percevoir mon salaire. Pourquoi ne pensent-elles pas à faire une avance, car c’est leur erreur. Et l’erreur de l’entreprise qui a rentré mes heures trop tard. Qui paye les pots cassés ? Les intérimaires.
Je ne peux rien dire, je ne peux même pas défendre. Je vis à crédit, avec un compte en banque qui affiche en permanence -1150€".
"Quel sera mon avenir ?"
"Je suis webmaster junior (je n’ai pas pu approfondir mon expérience) et pas de voiture. Nous aimerions déménager, mais on ne peut pas. Actuellement, les propriétaires demandent des fiches de paye. Ce ne sont pas celles d’intérim qui vont faire pencher la balance de notre côté. J’ai 29 ans, et je suis un rien perplexe devant une telle situation. Moi personnellement, je sais me défendre verbalement (et me fais pas toujours des amis), j’ai du respect pour la personne que je suis. Quel est l’espoir pour moi dans le milieu du travail ? En sachant que les missions intérimaires débouchent rarement sur un contrat, sauf si tu as des qualifications élevées dans le domaine.
Je me demande quel sera mon avenir. Ce n’est pas faute d’avoir postulé.
Même pour vendre des frites je ne conviens pas car je coûte trop cher à l’employeur..."