RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Quatre euros cinquante.

Vous l’avez entendu comme moi, vous n’avez pas pu y échapper. Pour la première fois, le budget de l’État est en baisse. C’est la grande fierté du premier ministre, bien sûr, comme moi vous n’aviez pas voté pour cela, mais puisque le premier ministre est fier, c’est que, sans doute, il y a du bon là dedans…

Avec la belle réforme des retraites en cours, il y a une autre grande première. Les deux millions et demi de salariés rémunérés au SMIC, pour ne prendre que ceux-là, verront pour la première fois depuis l’existence du salaire minimum leur revenu baisser en valeur absolue. Sur la feuille de paie du jour d’après la reforme il manquera quatre euros cinquante… même pas une paire de lunettes au marché aux puces.

Bien sûr si Hollande avait dit au Bourget :

« Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, de visage, pas de parti, et pourtant il gouverne, c’est le SMICARD ! Ce pilleur, cette sangsue. (…) Maîtriser le coût du travail, sauver les marges des patrons commencera ici par le vote d’une loi sur la baisse des salaires, l’augmentation de toutes les contributions des pauvres….. »

Si Hollande avait dit cela, il aurait dit la vérité et sans doute que le vote des français en eût été tout chamboulé…

En attendant, nous écoutons la radio et la télé nous vanter le retour de la croissance, le frémissement des indicateurs, et la cour des comptes qui nous explique qu’il faut dérembourser…

Parce qu’ils exagèrent avec leur vue qui baisse et leurs dents qui font mal….

Pourtant, cela fait bien longtemps qu’ils sont nombreux à ne plus pouvoir se soigner, à retarder la décision de commencer des soins, de changer de lunettes… mais c’est quand même eux qui coûtent…. Pas les 4* 4 défiscalisés de chaque toubib, pas les lits privés des hôpitaux, ce n’est pas la clinique du Dr Cahuzac qui déséquilibre les comptes sociaux, non c’est les pauvres !

Il faut les voir, avec leur tête rendue honteuse. Ce matin j’en ai croisé un devant un étal crasseux de lunettes posées en vrac sur une table de pique-nique au coin du cours Victor Hugo. Il essayait des verres, de près puis de loin… une paire, deux paires… il a chaussé ainsi en moins de trois minutes une dizaine de lunettes sans que manifestement aucune ne suffisent à sa vision… il a recommencé par le première et s’est arrêté sur une. C’est sans doute avec celle-ci qu’il était le moins mal. Il a enfoncé sa main dans la poche de son pantalon en tergal bleu. Puis, avec une poignée de pièces cuivrées sorties d’une longue exploration le long de sa cuisse, il s’est mit à compter. Il a d’abord fait sauter la ferraille dans sa main, comme une pesée. Il a pesé un peu de la même manière que l’on pèse une idée, en aérant et en roulant chacune des petites pièces. Le nombre fait illusion, le tintement pourrait presque arracher un sourire…

D’un signe de tête, il demande au trafiquant de misère le prix du pince-nez. Le zigue n’est pas fier, il penche la tête. Je vois bien à cet instant qu’il hésite, qu’il ne sait pas, les deux sont aussi fauché l’un que l’autre, l’un bigle de sa grande détresse et l’autre besogne de son funeste sort. Fatale destinée que le trafic des conditions humaines…

Il regarde la main du bigleux, il pèse à son tour, il évalue, il calcule…. Il chiffre et se décide : « 5 euros, tu prends celle que tu veux ! »

Prenant les pièces une à une, pour les faire passer d’une main à l’autre, il compte, recompte… C’est long les additions de centimes… 4 euros 27, 4 euros 32, quatre euros 43….. Quatre euros cinquante !

Avec son tas de pièces passé de la main droite à la main gauche, il n’a pas marchandé, il a enfoncé le tout au fond de sa poche, a bien regardé le fourgue et sans aucune violence, sans aucune rancœur, sans la moindre colère apparente, il a dit : « c’est beaucoup. »

Bien sûr si Hollande avait dit au Bourget :

« Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, de visage, pas de parti, et pourtant il gouverne, c’est le monde la finance. (…) »

Peut-être que l’on n’en serait pas à grappiller quatre euros cinquante aux travailleurs pauvres !

»» http://www.letang-moderne.com/article-quatre-euros-cinquante-120119028.html
URL de cet article 22510
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary
Guy HOCQUENGHEM
Préface de Serge Halimi : Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des « repentis » socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n’y avait pas méprise, mais accomplissement, qu’un exercice prolongé du pouvoir les avait révélés davantage qu’il les avait trahis. On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations sauvages, argent fou, dithyrambe des patrons - (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Si les Etats-Unis voyaient ce que les Etats-Unis font aux Etats-Unis, les Etats-Unis envahiraient les Etats-Unis pour libérer les Etats-Unis de la tyrannie des Etats-Unis"

Vignolo

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.