D’accord aussi avec l’ensemble du commentaire de bidule.
La condition humaine s’inscrit dans une géographie, une temporalité, (tous les hommes qui vivent actuellement ont hérité d’une situation, nos ancêtres aussi, et ainsi de suite).
Ce sont des réflexions de base, vous ne vous les faites même pas.
Tout à fait. C’est, en effet, un minimum.
Ce billet montre exactement pourquoi on ne pourra jamais avancer vers une autre société : personne ne veut faire le pas vers l’autre, puisqu’il le considère d’emblée comme un crétin et qu’il refuse de l’entendre.
"Ben, tiens, z’êtes trop cons, ce sera sans moi ! Restez entre vous".
Et c’est bien ce sur quoi s’appuie le capitalisme : que nous nous traitions de cons entre nous et les oubliions pendant qu’ils font leurs affaires.
Ainsi, les cons, ce sont ceux qui prennent le boulot aux autres, ce sont ceux qui vont faire leur boulot sans se révolter parce qu’ils ont peur de le perdre ; ce sont ceux qui militent en vain dans les partis politiques, les syndicats, les associations de gauche, pour faire bouger des choses qui empirent toujours plus, mais ce sont aussi ceux qui ne sont ni dans ces partis politiques, ni ces syndicats, ni ces associations ; ce sont ceux qui militent dans des trucs qui ne servent à rien qu’à brouiller les luttes "importantes", etc. La liste est sans fin : on est toujours le con d’un autre.
Ginette, croyez-moi, les cons sont partout.
Mais oserions-nous traiter de "cons" les Tunisiens ou les Égyptiens qui aspiraient à la démocratie, se sont battus pour, en sont même morts, pour certains, et sont retombés dans les filets du système capitaliste ?
Pourtant, là-bas, selon la théorie ici présente, les imbéciles devaient être légion pour avoir bêtement accepté pendant des décennies un pouvoir totalitaire de mèche avec le grand capital.
Là, ça devrait pourtant compter double.
De même, au Venezuela, à Cuba, en Équateur et ailleurs, si ceux qui ont mené la révolte, voire la révolution, étaient partis du principe que 80% de la population, au bas mot (selon les estimations données par les lumières de ce côté-ci), était constituée d’indécrottables cons, auraient-ils pris la peine de chercher à changer la société avec eux et pour eux ?
Mais, ici, en France, pour passer le temps, on compte les imbéciles présumés. Et ça chiffre ! Ils seraient (et non pas : "nous serions", évidemment) 80, 90, que dis-je, 99% !
Un pays de mustélidés.
Autant dire que, finalement, ce sont ceux qui se sont emparés du monde qui sont intelligents.
Car, en effet, si les imbéciles, ce sont ceux qui se font berner par le capitalisme, c’est que les fameux 1% seraient dotés d’une grande intelligence, puisque, à jouer au moins con, c’est toujours eux qui gagnent.
Moi, cela ne m’aurait pas gêné d’être traité de con par un Einstein ou un *Jacquard, par exemple.
Mais, ils ne l’auraient jamais fait, car, eux, avaient l’élégance et la modestie des êtres véritablement intelligents.
Ils savaient que, même quand on en sait beaucoup, on en sait encore trop peu.
Les cons donneurs de leçon, non. Eux, ils croient tout savoir.
Je garde ce billet sous le coude, au cas où le GS déciderait d’organiser l’élection du billet le plus con de l’année.
Il a de grandes chances d’être couronné.
*Et, puisqu’on en parle, Jacquard, absolument contre les tests de mesure de l’intelligence, avait dit :
"L’intelligence est impossible à mesurer. Elle ne tient pas seulement dans des capacités cognitives, mais elle s’exprime avec tant d’autre choses, comme l’intelligence affective, l’intelligence relationnelle, l’intelligence des situations, l’imagination, la créativité, etc. - c’est-à-dire avec un ensemble de capacités non paramétrables et par-dessus le marché changeantes selon les situations. Ainsi, on peut être totalement bloqué dans une situation, par exemple dans une catastrophe et très brillant au cours d’une conférence, ou l’inverse".
Pour lui, ces classements, ces palmarès ne sont pas seulement des aberrations, mais aussi une catastrophe pour la richesse de l’humanité".
Jacquard, un homme engagé dans la défense des plus démunis, pour le droit au logement ou les sans-papiers.