Je reconnais ne pas avoir, en effet, votre finesse d’analyse.
D’ailleurs, n’est-ce pas vous qui, il y a peu, disiez que vous ne pensiez pas que les Etats-Unis comptaient attaquer la Syrie, et que les journaux US que vous consultiez n’en parlaient pas ?
Penser que les deux pitres franco-britanniques (dont un, désavoué par ses pairs, a lâchement quitté le navire) qui sont tellement inféodés à Washington qu’ils commettent des exactions pour son compte (cf. l’affaire de la NSA, la garde à vue de David Miranda ou l’immobilisation de l’avion de Morales) qu’ils agissent seuls pour la Syrie, me semble une aberration, à moi personnellement.
J’ai, sans doute, le tort de penser que les tergiversations sur qui a utilisé le gaz et, dans ce cas, quoi faire, sont bien dérisoires en l’état actuel des choses.
Et que la question n’est de toute évidence pas là, puisque, s’il s’agissait des rebelles, il ne serait pas question de les inquiéter pour si peu (d’ailleurs, cela s’est déjà produit sans qu’il y ait une telle levée d’armes), mais que la motivation est toute autre : utiliser ce prétexte pour renverser Assad, qui les nargue depuis deux ans, malgré les efforts pour armer ces bras cassés de rebelles, peu importe les conséquences pour le peuple syrien, déjà pris entre deux feux malgré eux.
J’ai aussi la faiblesse d’estimer que s’en prendre à un Etat souverain pour renverser son président et aller assassiner son peuple, c’est une violation des lois internationales et que cela suffit largement à "monter sur ses grands chevaux" pour dénoncer ces crimes contre l’humanité, avec un grand H et un petit.
D’autre part, quand une agression d’une telle envergure (qui peut se répercuter à d’autres pays, qui plus est) et parfaitement illégale se profile, je pense qu’il est temps d’alerter le public de toutes les façons, pas de tourner autour du pot pour finir par dire, non finalement, je crois qu’il ne faut pas que les "intervenants " (admirons la pudeur) attaquent ce pays.
"L’interdiction historique des gaz toxique (sic) a un effet dissuasif important, mais certaines infractions antérieures lui ont survécu et empêcher son utilisation ne vaut pas une guerre. Surtout si elle est, du point de vue des intervenants potentiels, une guerre impossible à gagner."
C’est–à-dire que ce bon journaliste incompris nous explique que faire la guerre pour empêcher l’utilisation de gaz toxiques est vain, qu’il y avait déjà eu des "infractions" (en effet, je vous l’accorde, le vocabulaire est modéré à souhait) antérieures, surtout qu’on n’est pas sûr de "gagner" ("gagner" quoi ?).
Bien, je note la fermeté de son opposition à toute intervention étrangère.
En outre, parler de ces infractions sans évoquer l’Irak, la Palestine, le Vietnam, et bien d’autres, c’est, en effet, remarquable de pondération.
C’est ainsi que, pour ne vexer aucun "protagoniste", et comme il a raison, il reste volontairement dans le flou : "les autres pays" ; " Personne ne nie" ; "l’envoi d’inspecteurs de l’ONU ne règlera pas cet argument" (tiens, c’est justement ce que dit Obama : qu’il se passera de leur avis) ; "tout le monde sait" ; " "si cela conduit les États-Unis et d’autres puissances occidentales à imposer une zone d’exclusion aérienne, ou à bombarder des bases militaires du régime" (comme en Libye ?) ; "les armes nucléaires n’ont jamais été interdites (donc, on peut les utiliser si on veut ? ), mais elles n’ont pas été utilisées en guerre depuis 68 ans maintenant (par qui donc ?) ; etc.
Du travail d’orfèvre de journaliste.
Il faut avoir la foi du charbonnier pour trouver une quelconque utilité à ce pensum.
D’après moi (mais qui suis-je, à côté des fins analystes ?), s’il veut apporter la bonne parole à un non-convaincu, il faudrait qu’il commence par ne pas prêcher dans le désert.
NB : Non, un "dilemme" n’est pas un choix entre deux "maux", c’est un choix difficile auquel est confrontée une personne (ou autre) entre deux options contradictoires et, de toute façon, préjudiciables, quel que soit le choix final. Ex : le choix entre amour et honneur.
Ici, le vrai dilemme serait : si nous ne bombardons pas ceux qui ont véritablement utilisé le gaz (quels qu’ils soient), ils vont continuer à l’utiliser impunément et tuer d’autres civils innocents, mais, si nous les bombardons, ces derniers seront tués en plus grand nombre encore.
Or le choix cornélien du "journaliste" est : "il est indéniable que du gaz toxique a été utilisé, mais on ne sait pas qui à coup sûr, donc, d’une part, il ne faudrait pas bombarder l’Etat syrien sans preuves et d’autre part, on n’est pas sûr de gagner.
Et pour ceux qui lisent l’anglais et qui voudraient des informations sur le sujet, mais où, hélas, par manque de finesse, les protagonistes sont qualifiés de noms d’oiseau, voici quelques liens :
What Is America’s Code of Morality ?
Imposing Inevitability : Unilaterally Striking Syria
Descending Into Chaos : Syria At Stake
Syria : Obama’s Pretext for War ?
Bonne journée quand même.
NB 2 : Juste une parenthèse : qui donc a traduit ce texte bourré de fautes ?