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Assassinat d’Hariri : un pas de plus vers l’invasion de la Syrie, par Comaguer.



Comaguer, février 2005.


A écouter les médias occidentaux ou du moins les plus conformes, l’assassinat de RAFIC HARIRI aurait été commandité par la Syrie, la version la plus raffinée de ce mensonge consistant à dire que le Président syrien, BACHAR EL ASSAD, a été " débordé " par les durs de l’armée et des services secrets.
A les écouter également, le million de libanais - un quart de la population du pays ! - qui a participé aux funérailles de l’ancien premier ministre auraient, sinon accusé la Syrie du meurtre, au moins exprimé le fait que l’influence syrienne sur le Liban serait la cause de tous les désordres dans ce pays - où l’assassinat politique est une pratique qui ne cesse pas, même si le dernier en date est la plus déstabilisateur - et qu’elle devait cesser.

On ne peut cependant que remarquer qu’il est simplificateur de donner dans l’instant une raison unique ou principale au rassemblement d’une telle foule dans les rues d’un pays un jour de deuil. Admettons malgré tout que ce soit bien ce que les libanais ont voulu dire et essayons de rechercher la genèse de ce message.


Les règles du jeu politique libanais :

Elles sont compliquées. Le partage des pouvoirs résulte d’un accord non écrit de 1943 et toujours en vigueur selon lequel :

La présidence de la République est occupée par un chrétien maronite
La Présidence du gouvernement est occupée par un musulman sunnite
La présidence du parlement est occupée par un musulman chiite

Dans le même esprit, les postes de responsabilité dans l’armée et dans les administrations civiles sont répartis selon des critères d’appartenance religieuse.

La faiblesse de l’armée libanaise en résulte directement : aucune des communautés n’a pleinement confiance dans la loyauté de l’armée puisqu’elle peut toujours craindre qu’en cas de tensions entre communautés l’armée n’éclate ou ne bascule selon l’appartenance de tel ou tel général dans un camp ou dans un autre.

La seconde conséquence de cette crainte bien réelle est la création par chaque communauté qui en a les moyens, de milices confessionnelles et tous les moyens sont bons : il peut s’agir d’aides financières extérieures clandestines ou/et de la participation à des trafics divers en particulier de la drogue. Pendant la guerre civile (1975-1989), la plaine de la Bekaa était devenue un des principaux centres mondiaux de culture du pavot et du haschich et la première activité des milices consistait à protéger leurs plantations.

Le Parlement lui-même n’est pas élu sur la base de circonscriptions géographiques mais selon un découpage complexe qui mêle représentation confessionnelle et représentation géographique et qui est le résultat de négociations ardues et en fait jamais achevées tant qu’une constitution laïque ne sera pas établie.


Dix-sept communautés religieuses reconnues

A la différence de la France laïque, le Liban est marqué par la question religieuse qui domine l’ensemble des rapports sociaux, y compris les comportements politiques.

Avant même son appartenance à l’entité libanaise, le Libanais se définit ou se détermine par référence à sa confession. S’il souhaite se marier au Liban, le Libanais doit se rattacher à un rite, car le droit libanais ignore le mariage civil ; tout Libanais est donc tenu d’adhérer à une communauté, qu’elle soit ou non celle de sa naissance et cette adhésion figure sur sa carte d’identité.
Le Libanais est à la fois citoyen libanais et membre d’une communauté confessionnelle.


Les communautés légalement reconnues

Les communautés légalement reconnues et organisées par les lois et décrets sont au nombre de quinze

Les communautés chrétiennes

- Les communautés reconnaissant l’autorité de Rome
. la communauté maronite (du nom de Maron, anachorète vivant en Syrie au IX°s)
. la communauté grecque catholique
. la communauté syrienne catholique
. la communauté chaldéenne
. la communauté latine.
. la communauté arménienne catholique

- Les communautés non rattachées à Rome (5)
. la communauté grecque orthodoxe
. la communauté syrienne orthodoxe (jacobite)
. la communauté arménienne géorgienne
. la communauté nestorienne
. la communauté évangélique

- Les communautés musulmanes (3)
. la communauté sunnite
. la communauté chiite
. la communauté druze

- La communauté israélite.


A côté de ces communautés organisées par des lois et décrets, il existe deux autres communautés officiellement reconnues mais non organisées en raison de leur faible importance numérique :

. les Ismaéliens (une branche particulière de l’Islam chiite)
. les Alaouites (une autre branche de l’Islam chiite)


Le problème de ce découpage confessionnel est qu’il résulte d’une pesée démographique réalisée par le tuteur français avant l’indépendance. Si un nouveau recensement était effectué aujourd’hui il donnerait certainement des résultats très différents : les chrétiens devenant minoritaires, les druzes encore plus et les chiites surpassant probablement les sunnites. Du point de vue strictement libanais, la seule façon d’éviter une nouvelle guerre interconfessionnelle est de sortir du communautarisme et de passer à un régime laïque. Encore faudrait-il que le pays soit laissé assez longtemps à l’abri des pressions et interventions étrangères pour que cette mutation nécessairement longue - car il y a des centaines de milliers de meurtres interconfessionnels à pardonner - puisse s’accomplir. Car les barrières confessionnelles sont non seulement inscrites dans les têtes et les coeurs mais aussi sur le terrain : régions druzes, régions chrétiennes, régions chiites ...et dans la répartition de la richesse nationale : la bourgeoisie chrétienne est globalement la plus riche, il existe aussi une bourgeoisie sunnite dont RAFIC HARIRI était le représentant le plus connu bien qu’issu lui-même d’un milieu modeste, les chiites étant en moyenne, comme dans le reste du monde arabe, plus pauvres que les sunnites.

Ce dépassement du clivage confessionnel était inscrit dans les accords de TAEF (1989) qui prévoyaient l’adoption dans un délai de deux ans d’une nouvelle constitution. Ce même délai était également imposé à l’armée syrienne pour quitter le Liban. Or les deux engagements étaient liés. Donc reprocher à la Syrie de ne pas avoir respecté cette clause et ne rien reprocher aux libanais est une présentation incomplète et partiale de la situation.

Ne jamais oublier enfin qu’il réside sur le sol libanais, dans un statut précaire et misérable d’apatride entre 300 et 400 mille palestiniens, soit 10% de la population libanaise, qu’Israël ne veut évidemment pas accueillir, qui ne souhaitent pas, pour la majorité d’entre eux, devenir libanais mais qui, si cette nationalité leur était octroyée (ce qui a toujours été refusé par les chrétiens car, étant en majorité musulmans, ils auraient bouleversé l’équilibre interconfessionnel ) introduirait dans le jeu libanais une force politique militante encore animée par le souvenir des massacres qu’elle a subis au Liban (Tar El Zaatar et Sabra et Chatila) et armée (seules les armes lourdes ont été restituées après les accords de TAEF et toutes les directions des camps sont armées).

Plaquer sur ce passé récent et douloureux un rêve de pardon instantané et d’allégresse démocratique à la mode ukrainienne est une imposture qui ne peut sortir que d’agences de publicité grassement payées * qui veulent faire croire que le bonheur des peuples s’organise à coup de clips télévisés, de foulards de couleur et d’images, diffusées instantanément dans le monde entier de leaders, payés pour le tournage par les sponsors étrangers du show, qui se serrent une main tout juste lavée du sang de la guerre civile.

La transformation du Liban en une république laïque et apaisée est un objectif éminemment respectable mais à condition qu’elle soit l’oeuvre des libanais eux-mêmes et pas un produit d’importation fabriqué dans des officines bien connues.

* Dans une interview au quotidien Jérusalem Post *, le ministre des affaires étrangères israélien SILVAN SHALOM annonçait le 01 Février 2004, c’est-à -dire dés le vote de la loi 108-175 à Washington ( voir plus loin) - qu’il allait lancer une campagne de relations publiques pour le retrait des troupes syriennes. CQFD. (* copie sur demande à COMAGUER).


Quelle est la position de la Syrie sur la scène géopolitique régionale et internationale ?

Observation préliminaire : le découpage territorial de la Syrie et du Liban dans leurs frontières actuelles a été effectuée par la France à la suite du partage avec la Grande-Bretagne des restes de l’empire ottoman, vaincu en 1918, au Proche et Moyen-Orient. La France aurait pu faire de ces deux pays un seul Etat, mais comme la Grande-Bretagne qui a découpé sa part entre Irak, Jordanie, et Palestine, elle a préféré diviser. Pratique coloniale classique.

La Syrie est un pays pauvre, de taille moyenne (1/3 de la France environ), en partie désertique, peuplé de 18 millions d’habitants. Ses ressources naturelles sont modestes mais ses ressources pétrolières, petites comparées à celle de son voisin irakien, lui permettent de couvrir ses besoins et d’exporter un peu.

La religion musulmane y est dominante avec cette particularité que le pouvoir est occupé depuis 1963 ans par la minorité alaouite considérée par d’autres musulmans comme hérétique. Mais La Syrie est une république laïque dirigée par le parti Baas , parti socialiste panarabe et cousin de son voisin irakien du même nom, ce qui confirme que les Etats-Unis font peu de cas du régime politique des pays et qu’ils les classent entre amis et ennemis selon des critères qui sont uniquement ceux de leurs intérêts.

Dans l’état de tension régionale permanente engendrée par la création d’Israël, la Syrie est désormais le dernier pays arabe frontalier d’Israël qui n’ait pas plié devant son voisin et le Liban l’accompagne bon gré, mal gré, dans cette opposition. Elle l’a fait longtemps avec l’appui militaire de l’URSS et, en se ralliant à la coalition anti-irakienne de la guerre du Golfe, elle est rentrée pour quelques temps dans les bonnes grâces de Washington qui lui a fourni pour l’occasion quelques armements plus modernes (mais rien cependant qui soit de nature à rééquilibrer ne fut-ce que partiellement le rapport des forces militaires dans la région. Israël consacre aujourd’hui prés de 9% de son PIB à la défense - pour mémoire : France 2% - alors que la Liban n’y consacre que 4% et la Syrie 6%).

Numériquement, l’armée de terre syrienne est plus nombreuse que l’israélienne mais beaucoup moins moderne et la Syrie ne possède pas d’armes nucléaires ni d’autres armes de destruction massive. Elle peut donc tenir une position défensive mais sans plus. Quant à l’armée libanaise, bien qu’elle ait ces dernières années été réorganisée par le général LAHOUD, qui, avant d’être président de la République était chef d’Etat-major, elle ne résisterait pas longtemps à une agression israélienne puisque lsrael dispose de la maîtrise absolue du ciel libanais où il ne s’est jamais privé, même en temps de calme, sinon de paix (mot imprononçable dans la région), de faire des démonstrations de force ou d’intimidation, la seule protection possible -mais non effective jusqu’à ce jour- du Liban en cette matière pouvant venir de l’aviation ou de missiles syriens.

Enfin la Syrie a un contentieux historique avec Israël : celui du Golan. Ce territoire syrien occupé par Israël pendant la guerre des six jours -1967- ne lui a jamais été restitué, les villages ont été rasés et les colonies israéliennes s’y sont installées en nombre, profitant des ressources en eau - plusieurs affluents du Jourdain - de la zone [1]. Cette Occupation n’a jamais été reconnue internationalement mais les demandes syriennes de restitution du territoire sont autant de paroles dans le désert. Du point de vue militaire, les hauteurs du Golan sont pour l’armée israélienne un excellent poste d’observation de la Syrie et de sa capitale, Damas, et un endroit où sont déployés tout ce qu’il faut de missiles pour anéantir la capitale syrienne. Mais, pour la propagande israélienne, la présence syrienne sur les hauteurs du Golan serait une menace pour les grandes villes du nord Israël. Conclusion : peu importe le droit, j’y suis, j’y reste !


2003 :Washington durcit sa position

Depuis l’arrivée de GW BUSH au pouvoir, la Syrie est menacée. Bien que n’ayant pas été rangée immédiatement dans l’Axe du mal (Corée du nord, Irak, Iran), la Syrie a très vite été mise à l’index par le nouveau pouvoir à la grande satisfaction d’Israël.

Cette agressivité nouvelle des Etats-Unis vis-à -vis de la Syrie était évidemment connue d’Israël qui, dés Octobre 2003, s’est manifesté en allant bombarder un camp palestinien dans les environs de Damas, cette agression étant la première du genre depuis 20 ans.

La menace a été concrétisée par le SYRIA ACCOUNTABILITY AND LEBANESE SOVEREIGNITY RESTORATION ACT (Loi 108-175) voté par le Congrès US en Décembre 2003 à l’initiative de la fraction la plus dure des Républicains à la Chambre des représentants. Cette loi ne vise rien moins qu’à dicter sa politique à l’Etat syrien et le met en demeure de retirer ses troupes du Liban. Ce diktat est assorti de sanctions immédiates qui pourraient être suivies d’autres plus graves en cas de non application.

S’il est exact qu’à cette date des responsables de diverses forces politiques libanaises demandent le retrait de l’armée syrienne, il faut cependant remarquer que le gouvernement libanais dont personne ni au Liban, ni à l’étranger, ne conteste la légalité, n’est pas, lui, porteur de cette demande et qu’il s’en tient à l’application des accords de TAEF signés entre les deux pays en 1989.

Le Congrès US se comporte donc comme une société holding mondiale donnant des ordres à deux filiales appelées l’une Liban, l’autre Syrie.

La loi s’ouvre par un exposé des raisons qui conduisent les Etats-Unis à sanctionner la Syrie. Les juristes auraient pu penser que le Congrès relèverait le fait exact que les accords de TAEF (du nom de la ville d’Arabie Saoudite où ils furent signés) prévoyaient que l’armée syrienne quitterait le Liban dés que serait intervenue une réforme constitutionnelle dans ce pays. Cette réforme n’a pas eu lieu, aucune des forces politiques libanaises n’ayant osé ouvrir ce débat explosif, chacun ayant encore à la mémoire les horreurs d’une guerre civile ayant duré 15 ans.

La loi US 108-175 ignore les accords de TAEF et s’en tient à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU de 1982 qui ordonnait le retrait des troupes syriennes du Liban. Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que RAFIC HARIRI fut le maître d’oeuvre de ces accords. En ignorant ces accords le Congrès US a commencé à affaiblir leur auteur alors même qu’il était premier Ministre .

Elle affirme d’autre part que la Syrie détient des armes de destruction massive. Peu importe que la même affirmation, utilisée pour envahir l’Irak en Mars 2003, se soit avérée sans fondement, la rhétorique impériale ne s’arrête pas à un mensonge qui est son ordinaire. Le Congrès est d’ailleurs d’une stricte orthodoxie bushienne puisque reprenant le discours présidentiel " Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes " il reproche à la Syrie de ne pas avoir rallié la coalition (anti-Irak) et donc d’être avec les terroristes. (On remarque au passage que ce raisonnement binaire simpliste et brutal n’est pas appliqué à la France ou à l’Allemagne).

Et le Congrès avance des justifications :

. la Syrie abrite des terroristes qui interviennent en Irak contre l’armée US et fournit des armes à la résistance irakienne.
On s’étonne qu’une armée d’occupation de prés de 200 000 hommes (troupes US, britanniques et autres) dotée des moyens de surveillance les plus sophistiqués du monde ne parviennent pas à boucler la frontière syro-irakienne et on remarque que le Congrès affirme de tels faits mais sans citer aucune source officielle (CIA ou DIA)

. la Syrie a reçu du pétrole d’Irak en fraude pendant la période de l’embargo
Oui, tout comme la Jordanie qui recevait ce pétrole grâce à un véritable pont routier de 3000 camions circulant en plein désert jour et nuit, mais la Jordanie est un pays ami à qui on ne peut rien reprocher (et puis la maman du roi était une citoyenne US). Tout comme la Turquie, autre ami des Etats-Unis, qui recevait son pétrole frauduleux par camion à travers le Kurdistan. Mais le Congrès US ne veut pas le savoir.

. la Syrie accueille à Damas des bureaux du Front Populaire de Libération de la Palestine, du Hezbollah libanais (présenté au passage comme plus dangereux qu’Al Qaida ) et du Hamas.

Ces organisations ont un trait commun. Elles ne menacent nullement les Etats-Unis mais elles sont des adversaires d’Israël : le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine) parce qu’il critique les concessions faites par l’autorité palestinienne à Israël en particulier sur la question du droit au retour des réfugiés et parce qu’il participe à la lutte contre l’occupant, le Hamas parce qu’il combat les exactions de l’armée israélienne en Palestine, le Hezbollah (parti politique légal au Liban avec des élus au Parlement où ils constituent même le groupe le plus nombreux) parce qu’il a mis à la porte l’armée israélienne du Liban Sud (avec, il est vrai, mais cela est souvent ignoré, l’appui du Parti Communiste Libanais). Pour autant, l’histoire des relations entre la Syrie et la résistance palestinienne n’est pas un chemin semé de roses puisque la Syrie n’a jamais hésité à faire violemment le ménage dans cette résistance quand celle-ci, ou telle ou telle composante de celle-ci, lui paraissait trop remuante ou menaçant ses intérêts nationaux.

On se retrouve ainsi face à une situation connue : les intérêts d’Israël coïncident avec ceux des forces politiques libanaises les plus hostiles à la Syrie : partis chrétiens et druze. Cette alliance a déjà provoqué l’invasion du Liban par Israël et quelques horreurs dont le massacre de Sabra et Chatila est la plus connue.

Dés que la volonté des Etats-Unis de faire partir les troupes syriennes du Liban a été officialisée et concrétisée par le vote de la loi 108-175, ces forces libanaises se sont mis à réclamer de plus en plus fort ce départ. Ce relais fonctionne d’autant mieux que l’émigration libanaise aux Etats-Unis est très nombreuse et qu’elle est très majoritairement composée de chrétiens. L’autre pays où cette émigration est bien représentée est la France. L’ancien président (1980-1988) libanais, Amine Gemayel, maronite, s’est exilé en France jusqu’en 2002. Le général Aoun, qui avait tenté de lui succéder dans des conditions irrégulières, s’est lui aussi réfugié en France en 1991.

En application de la loi 108-175, les Etats-Unis peuvent, si la Syrie ne se plie pas immédiatement à leur volonté :

. bloquer la vente à la Syrie de tout matériel pouvant avoir un double usage civil et militaire
. bloquer toute exportation hormis nourriture et médicaments
. interdire tout investissement US en Syrie
. interdire l’accès de leur ciel et de leurs aéroports à tout avion syrien
. réduire les contacts diplomatiques avec la Syrie
bloquer toute opération financière du gouvernement syrien avec toute personne ou toute institution soumise à la juridiction des Etats-Unis

A l’inverse, si la Syrie avait obéi, elle aurait pu bénéficier de crédits d’aide au développement, toujours la carotte et le bâton. Mais la Syrie n’a pas obtempéré et la loi a été mise en application en Mai 2004. Cette pression n’ayant pas produit d’effets immédiatement visibles sur le gouvernement syrien, il a fallu franchir une étape supplémentaire.

Au Liban même les groupes politiques anti-syriens (et qui sont aussi pro-israéliens) s’activent et haussent le ton. Ce sont eux qui organisent depuis la mort de RAFIC HARIRI les manifestations quotidiennes contre l’occupation syrienne.

Le camp chrétien se divise principalement (mais il y a d’autres antagonismes secondaires) entre les anti-syriens, avec à leur tête AMINE GEMAYEL, ancien Président de la République et le Président LAHOUD, chrétien lui-même et pro-syrien, dont le mandat s’achève et qui redoute d’être remplacé par un autre chrétien anti-syrien. La crise va s’accélérer lorsque LAHOUD et la Syrie commettent l’erreur de faire prolonger son mandat de 3 ans par un Parlement qui lui est acquis.

Cette grave imprudence commise par une Syrie qui connaît très bien le fragile équilibre intérieur libanais, qui sait très bien ne pas s’opposer frontalement aux Etats-Unis, qui s’attendait par ailleurs à voir se confirmer l’accord de partenariat avec l’Union Européenne - prêt à signer à la mi-2004 et resté en suspens depuis sans que l’UE ne fournisse aucune explication sur son silence soudain - reste aujourd’hui la principale énigme. La Syrie serait-elle tombée dans un piège aussi grossier que SADDAM HUSSEIN en Avril 90 lorsque l’ambassadrice US à Bagdad, APRIL GLASPIE, lui annonça que le contentieux frontalier entre l’Irak et le Koweït qui allait justifier l’invasion était une affaire qui ne regardait pas Washington ?

En tout cas, elle va conduire à la démission de RAFIC HARIRI qui, jusqu’alors, avait toujours su conserver de bonnes relations avec la Syrie (ce qui a été démontré par la visite du Vice-Président syrien à sa famille en deuil) et à son rapprochement progressif avec les anti-syriens patentés et de plus en plus bruyants : les chrétiens de GEMAYEL et les druzes de WALID JOUMBLATT. De là à conclure qu’HARIRI était condamné par Damas dès qu’il s’associait avec les anti-syriens, il y a un pas difficile à franchir car à aucun moment de sa carrière HARIRI n’a joué le jeu de la guerre civile, à aucun moment il ne s’est offert une milice personnelle ce qu’il avait très largement les moyens financiers de faire. Sur la foi de son parcours précédent, il était le principal inspirateur des accords de Taef qui avaient mis fin à la guerre civile, il faut formuler l’hypothèse qu’il allait prendre la tête du mouvement anti-syrien pour mieux le canaliser.

Lui mort, la guerre civile redevient possible et c’est probablement le but recherché par les assassins.

A l’extérieur, la riposte est immédiate. Les Etats-Unis qui, pour une fois, ont recours à l’ONU (mais ça peut être, comme dans le cas irakien, simplement pour donner l’illusion passagère de ne pas décider seuls) et la France s’associent en Octobre 2004 pour faire voter la résolution 1552 par le Conseil de Sécurité de l’ONU qui met la Syrie en demeure de retirer ses troupes du Liban. Cette collusion des deux gouvernements est de même nature que celle réalisée pour l’invasion d’Haïti pour chasser ARISTIDE (avec validation a posteriori du Conseil de Sécurité dans ce cas).

Lorsque la France voit que les Etats-Unis vont prendre en mains les affaires dans un pays où les intérêts français - directs ou sous couvert d’intérêts européens - sont importants, elle s’associe avec le prédateur pour ne pas lui laisser toute la dépouille.

Comaguer


 Source : Extrait du bulletin N° 119 de Comaguer
http://comaguermarseille.free.fr




Liban : Le rapport sur l’affaire Hariri est dangereusement incomplet, par Robert Parry.


Liban : Le merveilleux magicien de Washington, par Justin Raimondo - Antiwar






[1pour s’approprier totalement le bassin du Jourdain, il ne manque à Israël que la source du fleuve située dans la plaine de la Bekaa au Liban


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Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d’oppresseurs les récompensent par d’incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d’en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d’entourer leur nom d’une certaine auréole afin de « consoler » les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l’avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire.

Lénine

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