Editorial de La Jornada (Mexique), dimanche 13 février 2005.
On connaît l’étroite amitié entre les présidents de Cuba, Fidel Castro, et du Venezuela, Hugo Chávez, ainsi que la forte participation cubaine dans le développement social du Venezuela, avec ses médecins, ses techniciens et ses éducateurs, et l’important soutien pétrolier apporté par la Venezuela à l’Ile des Antilles.
La solidité de ce mini-axe dans les Caraïbes est perceptible dans les dénonciations émises par Fidel Castro à propos des éventuelles tentatives du gouvernement des Etats-Unis pour assassiner Hugo Chávez, (c’est-à -dire par la protection offertes par les services d’information cubains à l’allié stratégique de Cuba).
Mais la stratégie de Chávez va au-delà de cette région et elle fait partie d’un plan d’intégration sud-américaine indépendamment de Washington. Il a ainsi renforcé, d’une part, son économie et sa défense par des accords avec la Chine et la Russie, laquelle lui a vendu des armes, provoquant la colère du gouvernement Bush. D’autre part, il a effectué des pas décisifs pour renforcer le Mercosur et pour établir des alliances stratégiques avec les gouvernements de Néstor Kirchner et de Luiz Inacio Lula da Silva. Lors de sa visite à Buenos Aires, le président vénézuélien, par exemple, a signé des accords pétroliers avec la nouvelle entreprise nationale argentine d’hydrocarbures, il a programmé la construction de navires pétroliers dans les chantiers navals nationaux argentins, il a annoncé l’achat des 6 500 stations d’essence de l’entreprise anglo-holandaise Shell-Dutch Oil et il est parvenu à des accords d’échange d’aliments contre du pétrole vénézuélien. Maintenant il va signer à Caracas une alliance stratégique avec le partenaire géant du Mercosur, ce qui inclura l’énergie, le pétrole, le gaz, l’agro-industrie, la science et les technologies, ainsi que l’achat d’avions de guerre au Brésil [1], ce qui complétera l’achat d’armes légères à la Russie.
Ce soutien des deux principaux pays du Mercosur au gouvernement de Caracas lui donne de la force face à Washington, et dans le même temps cela représente un défi pour Washington. Ainsi, les accords militaires avec le Brésil sont particulièrement significatifs, si on considère que les deux pays ont un intérêt commun dans la défense des richesses hydriques et de la biodiversité de l’Amazonie. De plus, l’immense Brésil non seulement est frontalier de l’Uruguay, du Paraguay et de l’Argentine, ses partenaires dans le Mercosur, mais il est également frontalier des pays andins, dont la Colombie et le Venezuela, et il est en contact avec la région conflictuelle où, à partir de Bogotá, les Etats-Unis menacent la stabilité politique du Venezuela et où, avec le Plan Colombie, les Etats-Unis apparaissent comme un danger pour l’indépendance de tous les pays sud-américains.
Cet effort de Caracas pour renforcer le Mercosur, en s’intégrant à la construction de ce dernier, s’inspire de l’idée de Simón Bolàvar d’union des Latino-américains pour se défendre des Etats-Unis. Cette idée est actuellement rendue possible, d’une part, par l’affaiblissement de l’hégémonie des Etats-Unis et, d’autre part, grâce aux changements économiques, politiques et sociaux qui se produisent dans le Cône sud (en Bolivie, en Argentine, en Uruguay, au Brésil), conséquence de la réponse populaire aux terribles effets des politiques néolibérales. Le gouvernement nationaliste de Caracas se présente alors comme un lien, comme une charnière, entre d’une part cette région dirigée par des gouvernements modérés à la recherche d’une marge d’indépendance supérieure face à Washington et d’autre part le gouvernement socialiste de Cuba. La diplomatie de Washington manque d’efficacité et elle est en train de perdre l’initiative dans cette région.
– Source :
www.aporrea.org/dameletra.php ?docid=11988, lundi 14 février 2005.
– Traduction : Cercle Bolivarien de Paris
– Notes : LGS