Cela ressemble fort à un canular venu tout droit de Grande-Bretagne. Comme vous le savez, Margareth Thatcher s’est éteinte le 8 avril. Effectuant le plus long mandat ininterrompu de Premier ministre depuis le XIXème siècle, la Dame de fer était connue pour avoir géré d’une manière très personnelle les affaires publiques, déclenchant au passage de violentes polémiques de la part de ses détracteurs.
Il faut dire qu’elle a privatisé tout ce qui pouvait l’être (ou presque…) en engageant une politique économique d’une rare brutalité, inspirée par les idées de Hayek et de Friedman qu’elle s’efforcera d’appliquer jusqu’à leurs conséquences ultimes. Thatcher n’est probablement pas le personnage le plus adulé de l’autre côté de la Manche ; le jour-même de sa mort, des centaines de personnes se sont rassemblées dans les rues de Londres pour célébrer l’événement. La longue grève des mineurs, l’augmentation de la TVA de 8 à 15 % ou ses relations plus que cordiales avec le dictateur chilien Pinochet y sont certainement pour quelque chose.
Mais la Dame de fer nous a encore glissé une petite dernière, à titre posthume cette fois-ci. La prestigieuse université d’Oxford a décidé de créer un fonds Margaret Thatcher délivrant des bourses d’études aux « futurs dirigeants ». Ce fonds est doté de 100 millions de livres (soit 118 millions d’euros) et a déjà ses parrains, parmi lesquels, excusez du peu, l’ex Premier ministre britannique Tony Blair ou l’ancien président étasunien George Bush. Chaque année, dix boursiers seront ainsi sélectionnés dans le monde entier, de préférence s’ils sont issus des milieux les moins favorisés.
Le paradoxe, c’est que Thatcher n’a fait que passer à la moulinette les couches populaires durant ses mandats, en privatisant à tout va les services publics et en condamnant les moins lotis à la marginalité. Gageons que ces dix futurs dirigeants transmettront les idéaux et les valeurs chers à la Dame de fer qui est, avec Ronald Reagan, une des responsables de la financiarisation de l’économie… et de la crise dans laquelle nous sommes empêtrés.
Capitaine Martin