– Cet article fait suite à : Washington savait qu’un tsunami mortel était en train de se former dans l’océan Indien et il est suivi de "Les bulletins envoyés à Diego Garcia "auraient pu épargner des vies" ( mis en ligne le 24 janvier 2005).
Centre de recherche sur la mondialisation, 14 janvier 2005.
Il s’agit de l’une des plus graves catastrophes humanitaires de toute l’Histoire. Il est donc essentiel d’examiner et d’analyser soigneusement toute défaillance ou tout décalage du système d’alerte aux tsunamis.
La magnitude d’un tremblement de terre est ainsi définie :
" la mesure de la force ou de l’énergie libérée par un tremblement de terre au point de rupture, calculée au moyen d’observations sismographiques. Il s’agit d’une valeur logarithmique d’abord définie par Charles Richter (1935).Monter d’un degré sur l’échelle de magnitude revient à multiplier par 10 l’amplitude enregistrée par un sismographe ou par30 l’énergie libérée. En d’autres termes, un séisme de magnitude 6,7 libère plus de 900 fois (30 x 30) la quantité d’énergie libérée par un séisme de 4,7 - ou il faut environ 900 séismes de magnitude 4,7 pour égaler l’énergie libérée par un seul séisme de magnitude 6,7.
Source : USGS http://neic.usgs.gov/neis/general/glossary.html
" Un fort tremblement de terre ", d’après l’Observatoire géologique des Etats-Unis (USGS), a une magnitude de 7,00 à 7,99 sur l’échelle de Richter.
Lorsque la magnitude d’un séisme est de 8,0 ou plus, on dit qu’il s’agit d’un " violent tremblement de terre.
Le séisme de magnitude 9,0 qui a eu lieu au nord de l’île de Sumatra le 26 décembre 2004 rentre dans la catégorie des " tremblements de terre exceptionnels"
Cependant, on appelle les tremblements de terre de magnitude 9,0 ou plus sur l’échelle de Richter " tremblements de terre exceptionnels " ayant la capacité de provoquer de sérieux dégâts dans une large zone de plus de 1000 km (Chili en 1960, Alaska en 1964 et côte ouest de la Colombie Britannique, Washington et Oregon en 1700).
Source : http://www.pgc.nrcan.gc.ca/seismo/eqinfo/richter.htm
A ce propos, l’USGS a qualifié le séisme du 26 décembre de " méga-séisme " : c’est le quatrième plus important séisme depuis 1900.
Ce classement des séismes fait partie intégrante du système d’alerte aux tsunamis, tel que l’appliquent différents organismes nationaux et internationaux, dont le du Centre américain d’alerte aux tsunamis dans le Pacifique (PTWC) d’Hawaï . Ce dernier classe les séismes en fonction de leur magnitude et se base sur la magnitude d’un séisme sur l’échelle de Richter pour " évaluer " les risques de tsunamis. Puis il diffuse un " bulletin ", qui comporte une " évaluation ".
Des différences anormales dans les bulletins concernant les tsunamis
Bien que les archives complète des bulletins du PTWC ne soit pas disponibles, il apparaît clairement que les bulletins récents obéissent tous aux mêmes règles pour évaluer les séismes dans le bassin du Pacifique ainsi que dans les régions voisines. Le " risque de tsunami " est évalué selon les paramètres du tremblement de terre, à savoir sa magnitude sur l’échelle de Richter. Une seule dérogation - et de taille - à cette règle : l’évaluation du 26 décembre 2004 qui constitue une exception à la procédure ordinaire lorsqu’on la compare aux comptes-rendus et aux évaluations de séismes récents qui sont soigneusement classés dans le but d’établir un bulletin d’alerte aux tsunamis.
En d’autres termes, on pourrait s’attendre à ce que le risque de tsunami associé à un séisme de magnitude 9,0 (celui du 26 décembre 2004) soit évalué selon les mêmes critères que l’ont été les séismes, tous de moindre magnitude, qui se sont produits avant et après cette date.
Mais ce n’est pas ce qui s’est passé !
Le quatrième plus important séisme depuis 1900 n’a fait l’objet ni de la classification ni de " l’évaluation " habituelles visant à établir " le risque de tsunami ".
Il est à souligner qu’un séisme de magnitude 7,9 avait été enregistré trois jours avant le séisme de magnitude 9,0, le 23 décembre, avec un épicentre situé au large des îles MacQuarie dans le Pacifique Sud. Le PTWC avait diffusé le bulletin habituel suivant :
"THIS EARTHQUAKE HAS THE POTENTIAL TO GENERATE A WIDELY DESTRUCTIVE TSUNAMI IN THE SEA NEAR THE EARTHQUAKE. AUTHORITIES IN THAT REGION SHOULD BE AWARE OF THIS POSSIBILITY."
"IL EST POSSIBLE QUE CE SEISME GENERE UN TSUNAMI A GRANDE CAPACITE DE DESTRUCTION DANS LA MER AVOISINANTE. IL FAUT QUE LES AUTORITES LOCALES AIENT CONSCIENCE DE CETTE EVENTUALITE. "
N’oublions pas qu’un séisme de magnitude 9,0 est dix fois plus puissant qu’un séisme de magnitude 8,0 et donc on se serait attendu au minimum à une déclaration similaire.
D’après l’Earth Institute de l’Université de Columbia, " le tremblement de terre du 26 décembre a libéré une quantité d’énergie équivalant à 700 millions de bombes d’Hiroshima.Les phénomènes de ce type et de cette importance s’appellent des " méga-séismes " et se produisent que quelques fois par millénaire." Paradoxalement, pour des séismes de bien moindre puissance (6,8 et plus) le PTWC, suivant la procédure habituelle, a diffusé des bulletins d’alerte aux tsunamis - mais, exception notable, pas pour le tremblement de terre de magnitude 9,0 du 26 décembre. (voir ci-dessous)
Pourquoi ?
26 décembre 2004 : omission et dérogation aux règles habituelles
Observez le modèle qui se dégage des bulletins récents du PTWC, concernant des séismes qui se sont produits dans le bassin du Pacifique ou dans des zones voisines.
1. Concernant un séisme de magnitude 6,6 sur l’échelle de Richter, le bulletin suivant a été diffusé :
HEURE D’ORIGINE - 0626Z 01 JAN 2005
COORDONNEES - 5.0 NORD 92.2 EST
LIEU - LARGE DE LA COTE OUEST DE SUMATRA NORD
MAGNITUDE - 6,6
CE SEISME S’EST PRODUIT HORS DU PACIFIQUE. PAS DE MENACE DE TSUNAMI POUR LES CôTES DU PACIFIQUE.
LES SEISMES DE CETTE TAILLE NE PRODUISENT NORMALEMENT PAS DE TSUNAMIS DESTRUCTEURS. CEPENDANT ON POURRA PEUT-ÊTRE OBSERVER DE LEGERS CHANGEMENTS DU NIVEAU DE LA MER A PROXIMITE DE L’EPICENTRE.
2. Concernant un séisme de magnitude 6,8 :
HEURE D’ORIGINE - 1415Z 06 DEC 2004
COORDONNEES - 43.0 NORD 144.9 EST
LIEU - REGION DE HOKKADO AU JAPON
MAGNITUDE - 6,8
PAS DE MENACE DE TSUNAMI POUR LE PACIFIQUE D’APRES L’HISTOIRE DES SEISMES ET DES TSUNAMIS.
CEPENDANT - LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE CETTE FORCE PEUVENT GENERER DES TSUNAMIS POTENTIELLEMENT DESTRUCTEURS LE LONG DES Cà–TES SITUEES PRES DE L’EPIVENTRE. IL FAUDRAIT QUE LES AUTORITES DES LA ZONE PRES DE L’EPICENTRE AIENT CONSCIENCE DE CETTE EVENTUALITE. "
[ Note : cette même phrase a été utilisée dans des bulletins d’alerte antérieurs : " LES TREMBLEMENTS DE TERRE DE CETTE FORCE PEUVENT GENERER DES TSUNAMIS POTENTIELLEMENT DESTRUCTEURS LE LONG DES Cà–TES SITUEES PRES DE L’EPIVENTRE. " est une évaluation standard employée par l’USGS dans le cas de tremblements de terre de magnitude 6,8 à 7,3.]
Source :http://www.fema.gov/emanagers/2004/nat050304.shtm
3. Concernant un séisme de magnitude 7,9 (réévalué à 8,1 par la suite) :
ORIGIN TIME - 1459Z 23 DEC 2004 COORDINATES - 50.1 SOUTH 161.1 EAST LOCATION - NORTH OF MACQUARIE ISLAND MAGNITUDE - 7.9
HEURE D’ORIGINE - 1459Z 23 DEC 2004
COORDONNEES - 50.1 SUD 161.1 EST
LIEU - NORD DE L’àŽLE MACQUARIE
MAGNITUDE - 7 ,9
THIS EARTHQUAKE HAS THE POTENTIAL TO GENERATE A WIDELY DESTRUCTIVE TSUNAMI IN THE SEA NEAR THE EARTHQUAKE. AUTHORITIES IN THAT REGION SHOULD BE AWARE OF THIS POSSIBILITY.
IL EST POSSIBLE QUE CE SEISME GENERE UN TSUNAMI A GRANDE CAPACITE DE DESTRUCTION DANS LA MER AVOISINANTE. IL FAUT QUE LES AUTORITES LOCALES AIENT CONSCIENCE DE CETTE EVENTUALITE.
4. Concernant l’un des plus importants séismes de mémoire d’homme, de magnitude 9,0, d’abord évalué à 8,0 (ce qui équivaut à une puissance 10 fois moindre), aucune alerte au tsunami n’a été diffusée :
HEURE D’ORIGINE - 0059Z 26 DEC 2004
COORDONNEES - 3.4 NORD 95.7 EST
LIEU - LARGE DES CôTES DE L’àŽLE DE SUMATRA
MAGNITUDE - 7 ,9
CE SEISME EST SITUE EN DEHORS DE LA ZONE DU PACIFIQUE. PAS DE MENACE DE TSUNAMI DESTRUCTEUR D’APRES L’HISTOIRE DES SEISMES ET DES TSUNAMIS.
Ainsi, on n’a pas fait la déclaration habituelle pour un séisme de magnitude 9,0 qui avait d’abord été évalué à 8,0 sur l’échelle de Richter. Comme nous l’avons déjà souligné, la déclaration habituelle aurait du être faite, ainsi qu’elle l’avait été pour le séisme de magnitude 7,9 du 23 décembre enregistré au nord de l’île MacQuarie.
Par dessus le marché, le bulletin a été diffusé à 01,14 GMT après que le tsunami ait frappé la côte de Sumatra.
Deux autres bulletins du PTWC ont suivi, le second ne fait pas mention d’un tsunami dans l’Océan Indien.
Le second bulletin a été diffusé à 02 :04 GMT le 26.. Il réévaluait la magnitude à 8,5 et disait qu’il existait " une possibilité de tsunami près de l’épicentre. " Cette déclaration est erronée. A 02 :00GMT, le tsunami était sorti du domaine du " possible ", il avait déjà atteint les côtes de l’Indonésie, de la Malaisie, de la Thaïlande et de Myanmar.
MAGNITUDE - 8,5
EVALUATION : REVISED MAGNITUDE BASED ON ANALYSIS OF MANTLE WAVES. THIS EARTHQUAKE IS LOCATED OUTSIDE THE PACIFIC. NO DESTRUCTIVE TSUNAMI THREAT EXISTS FOR THE PACIFIC BASIN BASED ON HISTORICAL. EARTHQUAKE AND TSUNAMI DATA. THERE IS THE POSSIBILITY OF A TSUNAMI NEAR THE EPICENTER.
REEVALUATION DE MAGNITUDE BASEE SUR L’ANALYSE DES ONDES DANS LE MANTEAU. CE TREMBLEMENT DE TERRE EST SITUE EN DEHORS DU PACIFIQUE. IL N’Y A PAS DE RISQUE DE TSUNAMI DESTRUCTEUR SI L’ON SE REFERE AUX TREMBLEMENTS DE TERRE ET AUX TSUNAMIS DU PASSE. IL EXISTE UNE POSSIBILITE DE TSUNAMI PRES DE L’EPICENTRE.
Le troisième bulletin, diffusé le lendemain, le 27 à 15 :35 GMT, parle du tsunami et réévalue a posteriori la magnitude de 8,5 à 9,0.
MAGNITUDE - 9.0
EVALUATION
UNE PARTIE DE L’ENERGIE PROVENANT DU TSUNAMI QUI A EU LIEU HIER DANS L’OCEAN INDIEN A PENETRE DANS l’OCEAN PACIFIQUE PROBABLEMENT PAR LE SUD CU CONTINENT AUSTRALIEN. CETTE ENERGIE A CAUSE DE FAIBLES FLUCTUATIONS DU NIVEAU DE LA MER DANS DE NOMBREUX ENDROITS DU PACIFIQUE.
La nécessité d’une enquête internationale
Pourquoi, le 26 décembre, la procédure standard d’évaluation des risques et des conséquences afférents à un tsunami n’a-t-elle pas été respectée ?
Pourquoi est-ce que la procédure standard qui consiste à évaluer les risques afférents à un tsunami n’a-t-elle pas été suivie ce jour-là (le 26 décembre 2004), alors que dans les bulletins précédents et suivants le risque de tsunami a été régulièrement évalué en se basant à chaque fois sur la magnitude du séisme ? Il s’agit d’un des plus importants tremblements de terre, de mémoire d’homme.
Il faut qu’une enquête minutieuse soit menée au niveau international ainsi que par les pays touchés par le tsunami, afin de faire la lumière sur cette affaire.
Michel Chossudovsky [1]
– Source : http://globalresearch.ca/articles/CHO501C.html
– Traduction C.F. Karaguezian pour Le Grand Soir
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2028
© Copyright M CHOSSUDOVSKY CRG 2004
Publié avec l’ autorisation de l’ auteur
Les bulletins envoyés à Diego Garcia " auraient pu épargner des vies "
par Richard Norton-Taylor.
La base insulaire états-unienne a été avertie
The Guardian, 7 Janvier 2005
www.globalresearch.ca 7 Janvier 2005
Les Etats-Unis ont averti à l’avance de l’imminence du tsunami une de leurs bases, située sur une île de l’océan Indien dont la Grande-Bretagne est propriétaire, a découvert le Guardian. Contrairement aux pays qui ont été dévastés par la vague monstrueuse, la base militaire de Diego Garcia a été alertée par le Centre américain d’alerte aux tsunamis de Hawaï dans le Pacifique.
La base, dont le nom officiel est Territoire britannique de l’Océan Indien et décrite par les militaires américains comme étant " le secret le mieux gardé de la Marine " - a été avertie parce qu’elle est en liaison avec le commandement américain du Pacifique, selon des responsables américains.
Un porte-parole du ministère de la Défense à Londres a soutenu que le personnel militaire britannique de l’île n’avait " pas été averti à l’avance " du tsunami. C’est par Internet que les forces britanniques ont eu connaissance du tremblement de terre, a-t-il ajouté.
Un porte-parole du service national états-uniens de météorologie a confirmé au Guardian que le centre de Hawaï, qui fait partie de l’organisme américain NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) a donné l’alerte à la base de Diego Garcia. Il a déclaré ne pas savoir si le personnel militaire américain avait averti du danger qui que ce soit d’autre dans la région.
D’après le site Internet de la base : " Le personnel à bord de la base navale dans l’océan Indien est sain et sauf après le tremblement de terre suivi d’un tsunami qui a dévasté l’Asie du Sud-Est. Ni les équipements ni les opérations n’ont été affectés. " Une entrée du journal de bord de NOAA montre qu’un message spécifique d’avertissement concernant le tsunami a été adressé au commandement américain du Pacifique, dont Diego Garcia, entre une demi-heure et trois quarts d’heure après le tremblement de terre. Ceci peu de temps après que le tsunami ait frappé Sri Lanka et bien après qu’il ait atteint l’Indonésie et la Thaïlande. Diego Garcia a été averti environ une heure à l’avance.
Mais, ironiquement, le seul groupe d’hommes à recevoir un avertissement n’en avait pas besoin. Comme l’explique le site de la base : " une situation favorable sur le plan topographique a minimisé l’impact du tsunami " sur l’archipel des Chagos dont fait partie l’île de Diego Garcia. L’atoll est situé juste à l’ouest d’une des parties les plus profondes de l’Océan Indien.
Le professeur Michel Chossudovsky de l’Université d’Ottawa a qualifié de bobard destiné à détourner l’attention l’argument invoqué par d’autres experts, selon lequel les pays victimes du tsunami n’avaient pas pu être prévenues de l’approche de la vague parce qu’ils ne possédaient pas de détecteurs de marée ou de flotteurs spéciaux
Le professeur Chossudovsky, qui fait partie de la direction du Centre de recherche sur la globalisation, a ajouté : " Il ne s’agit pas ici d’informations basées sur les détecteurs océaniques : l’alerte d’urgence a été diffusée immédiatement après le tremblement de terre, elle était basée sur des données sismographiques. " Grâce aux moyens de communication modernes, " le monde entier aurait pu être informé d’une catastrophe imminente en l’espace de quelques minutes par courrier électronique, par téléphone, par fax - pour ne pas citer la télévision satellitaire en direct. " a-t-il déclaré
Il a ajouté que l’armée des Etats-Unis disposait de technologies de pointe " qui lui permettait de suivre avec une très grande précision la progression du raz-de-marée en temps réel. "
Richard Norton-Taylor
– Source : http://globalresearch.ca/articles/NOR501A.html
– Traduction C.F. Karaguezian pour Le Grand Soir
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2028
– LIRE aussi :
Au courant de l’imminence d’une catastrophe naturelle :
Washington savait qu’un tsunami mortel était en train de se former dans l’océan Indien par Michel Chossudovsky<BR>
www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=1989