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Les raisons de ma douleur

Alors que tous les pays du Monde (exception faite pour Cuba) dont la Chine communiste, la Russie héritière de l’URSS, le Brésil de Lula et Dilma, les pseudos non-alignés, ont tous adopté le système ultralibéral, comment ne pas pleurer la perte de celui qui, seul, a dit non au diktat des oligarchies impérialo-financières ?

Oui mes pleurs sont intarissables, ma peine inconsolable, pour celui dont le courage a permis que les pétrodollars profitent aux petits et non à leurs prédateurs, les milliardaires et les sociétés pétrolières.

Oui et je n’en ai pas honte, je sanglote sur celui, hors pair, qui, tout en restaurant la dignité des laissés-pour-compte, a fait montre d’une solidarité à toute épreuve avec les pays voisins dépourvus de la ressource pétrolière.

Qui d’autre que lui, intransigeant envers les crimes de l’entité sioniste, a eu le courage d’expulser son représentant au lendemain des massacres de Gaza, "phosphorée-blanc" ?

Qui comme lui saura humblement baiser les mains des femmes venezueliennes qui, sans lui, vivraient encore les affres de l’analphabétisme et de l’illettrisme ?

Homme libre à plus d’un titre, qui avant lui, en Amérique latine ou bien ailleurs, a eu le beau courage de se rapprocher de Fidel Castro le boycotté et de briser l’embargo "moral" de Cuba ?

Qui eut la superbe de mettre sa main dans celle d’Ahmadinedjad ?

Comment deuil faire
Ne plus avoir l’alma (l’âme) en berne
Guérir de la peine qui heurte au plus profond de moi-même ?

Pour pallier à ton absence
Enrayer un peu la tristesse
Je t’imagine accoster le quai de l’autre rive
Terminus de l’âpre et inique ici-bas

Et je vois ton arrivée saluée
Para el padre Simon Bolivar
Antonio José de Sucre (assassiné)
Emiliano Zapata (assassiné)
Salvador Allendé (assassiné)

Te tendant les bras
Che Guevarra (assassiné)
te crie "Hasta la muerte
que viva el socialismo
y la revolucion !"

Une clameur, soudain une cavalcade
Tes frères africains (assassinés)
Te font la haie d’honneur
Et fièrement te fêtent
Toi le métis par le sang leur frère
Et Thomas Sankara (assassiné)
de te redire ’On peut tuer un homme
mais pas ses idées", mon frère, pas ses idées !

Mouammar Kadhafi (assassiné)
Sur un ton goguenard lançant à la cantonade
Tout en te donnant l’accolade
"C’est sans doute mon livret vert qui m’a valu une mort autrement plus barbare que la vôtre, à vous tous..."

Yasser Arafat (assassiné)
Rétorque illico presto
"Mon cherrr Hugo, les freluquets t’ont eu de la même façon que m’ont eu les sionistes. Phalastine est orpheline une deuxième fois."

Sortant du recoin qui le cachait, rabattant un pan de son burnous tout en tirant une longue bouffée de son havane, Houari Boumediene (assassiné ? non ? oui !), dans un nuage de fumée exhalée et de volutes bleutées, lance malicieux : "Jusqu’à ce jour, il n’y avait que Arafat et moi qui différions de la masse des morts par balles mais comme on dit, jamais deux sans trois, bienvenue donc au club des irradiés digne fils spirituel qui a su si bien redonner vie au socialisme et restaurer sa noblesse.

Larbi Ben M’Hidi (assassiné)
Te dira modeste
"T’en fais pas hombre, tu as fait l’essentiel, tu as mis la révolution dans la rue, tu verras, le peuple la portera hasta la victoria !"

Vint la cohorte des écrivains, poètes, pêle-mêle :
José Marti, Antonio Machado, Nazim Hikmet, Mahmoud Darwish, Pablo Neruda, Mouloud Feraoun (assassiné), Kateb Yacine, Mouloud Mammeri te disent en choeur "L’amour qui se paie de l’amour déclenche, chez tous les freluquets de par le monde, leur haine assassine !"

Dans un joyeux charivari, ponctué de stridents youyous, las mujeres !...
A leur tête tes soeurs continentales, les soldaderas, Maria Pistola, Juana Ramona, Petra Ruiz ; puis Louise Michel, Lalla Fadhma N’Soumeur (assassinée), Rosa Luxemburg (assassinée), Haydée Santamaria, Hassiba Benbouali (assassinée) et toutes les anonymes, arrivent, t’entourent avec tendresse et entonnent superbes :

"Para los pequenos y pequenas
Los ninos y las ninas
Para los pueblos del mundo
Viva el socialismo
Youyouyouyoouyouiiiiiiiiiiii !"

Je reviens sur terre parmi les vivants-morts
Mes larmes soudain gèlent
Se transforment en grêle
Pour clore la complainte
Flash-back sur Beyrouth
2006 et son sud ravagé
L’éclat de ces lettres rouges-sanguines
Seules intactes au milieu de ruines
"VIVE LE PRESIDENT CHAVEZ
SEUL CHEF D’ETAT ARABE"*

Quel autre plus bel hommage puis-je te rendre une dernière fois que ces mots-là  !

Por la vida y la muerte yo soy Chavez siempre !

* Merci à K. Selim dont le beau papier m’a inspiré et dans lequel j’ai sans vergogne pompé, j’ai oublié le titre mais en tapant www.lequotidien-oran.com vous pourrez peut-être le trouver. Pour ma part, je vais le rechercher et...

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