Je n’ai toujours pas de boule de cristal et je ne sais donc toujours pas qui va l’emporter en Syrie, des forces gouvernementales ou des forces des oppositions armées.
On peut simplement constater que la perspective, même encore lointaine, d’une solution politique a amené les milices d’opposition à lancer une offensive d’une certaine ampleur pour essayer de s’assurer un contrôle territorial significatif près de leurs bases arrières turques.
On verra si elles pourront maintenir voire étendre ce contrôle et si la coalition adoubée par les Etats Unis sera capable de rester unie et de se faire obéir de l’ensemble des milices.
Je dirai simplement que ce n’est pas gagné.
En attendant, là où les forces gouvernementales exercent un contrôle suffisant, on observe un retour en nombre important de réfugiés. Ce qui ne signifie bien sûr pas que le flux vers l’étranger se tarit.
Cela signifie simplement que beaucoup de réfugiés, peut-être bien la majorité, ne fuient pas les tourments que leur infligent l’armée et la police gouvernementales, mais tout bonnement une situation d’insécurité.
C’est une idée qu’on peut d’autant mieux accepter que les services de sécurité syriens n’essayent absolument pas d’empêcher leurs concitoyens de quitter le territoire.
Ce retour de réfugiés ne concernera bien entendu pas, en tout cas pas tout de suite, les familles que les combattants ont mises à l’abri à l’étranger pour pouvoir faire le coup de feu sans s’inquiéter du sort de leur progéniture.
http://mounadil.blogspot.fr/
Beaucoup de ceux qui ont fui en Jordanie, au Liban et en Turquie commencent à revenir. Pas parce que la situation s’est améliorée, mais par pure nécessité
Par M. Ayestaran, ABC (Espagne) 4 mars 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri
Près d’un million de Syriens vivent en tant que réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie . Fuyant une guerre qui a commencé il y a deux, causant aussi, selon les Nations Unies, la mort de plus de 70.000 personnes . La situation dans le pays est très compliquée, mais peu à peu beaucoup de ceux qui ont fui commencent à revenir. Ils ne le font pas parce que les conditions de sécurité se sont améliorées, ils le font par nécessité, en particulier ceux qui sont au Liban et ne peuvent plus soutenir leur niveau de vie élevé avec leurs économies. C’est cette image que l’on voit tous les jours au poste frontière de Jdeidet Yabous où arrivent des familles dans des camions chargés à ras bord. Elles montrent leurs passeports, les bagages sont déchargés pour le contrôle de douane et elles font lentement route vers Damas après être passées sous un grand portrait du président.
« Mieux vaut le danger en Syrie que la misère au Liban, » dit une mère de famille qui a passé trois mois loin de chez elle et qui rentre à Dera, la ville du sud où avait éclaté la révolte contre Assad. D’autres comme Mohamed font le va et vient chaque semaine pour leurs affaires. « La route est sûre et même si à Damas on entend des explosions et s’il y a eu des attentats à la voiture piégée, on peut continuer à vivre de manière relativement normale, donc je n’ai pas peur. »
Les 40 km de route qui relient la capitale à Jdeidet Yabous sont la dernière voie sûre qui reste au gouvernement et aux citoyens pour enter et sortir du pays. Depuis la fermeture technique de l’aéroport - il est opérationnel, mais la route d’accès est dangereuse - les Syriens sont obligés de se rendre à l’aéroport international de Beyrouth pour prendre l’avion. « Nous qui avons donné refuge à tous les Arabes quand ils avaient des problèmes, maintenant nous entrons dans des tentes et des champs où ils nous font la vie impossible", se lamente un autre père de famille qui rentre et ne sait pas ce qu’il découvrira dans votre quartier proche de l’aéroport de Damas
Jdeidet Yabous en 2006 : réfugiés fuyant les bombardements sionistes au Liban
La presse a été autorisée à aller à la frontière suite à une annonce par les autorités syriennes de l’arrivée de plusieurs autobus avec des réfugiés, quoique finalement cette arrivée n’ait pas eu lieu et les agents à la frontière ont alors invité la presse à ranger les appareils photo et à retourner à Damas. On n’a pu couvrir que l’arrivée de Syriens [à bord de véhicules individuels]. Séparée simplement par un trottoir, une file semblable de voitures attendait pour sortir du pays, mais nous n’avons demandé à aucun d’entre eux pourquoi ils quittaient le pays. « Je l’ai fait lors d’une précédente visite au poste frontière et j’ai eu quelques problèmes par la suite, alors je me concentre sur ceux qui reviennent, ce qui me semble en outre être l’histoire la plus importante compte tenu de l’état de la situation, » assure le cameraman d’une chaîne internationale qui dispose d’un bureau à Damas.
Des gens entrent et sortent. L’activité normale d’un poste frontalier. Les choses inhabituelles commencent quand on commence à circuler sur les autoroutes syriennes et leurs points de contrôle qui ont été établis pour surveiller l’itinéraire. Tous les quelques kilomètres on doit montrer ses papiers et ouvrir la malle arrière. Il semble incroyable qu’on ait pu tuer sur cette route le général Iranien des Gardiens de la révolution Hasan Shateri, une attaque « perpétrée par Israël » selon le régime et qui s’est produite, selon des sources que nous avons consultées, dans le no man’s land entre le Liban et la Syrie et pas dans cette route qui est sous entier contrôle militaire.
Confusion totale
La confusion est totale, personne ne sait vraiment comment vont les choses, et les choses évoluent très rapidement. Tout n’est que rumeurs. Les médias officiels donnent l’image d’une situation qui s’améliore et que l’armée tue des centaines de "terroristes tous les jours." Les grandes chaînes de télévision arabes, les mêmes que les Syriens suivaient avec dévotion quand elles parlaient de la Tunisie, de l’Egypte et de la Libye, sont aujourd’hui les plus critiques envers le gouvernement et rendent compte des avancées de l’opposition armée. Les citoyens ordinaires sont fatigués de cette bataille médiatique et ne croient que ce qu’ils voient de leurs yeux . C’est pourquoi ils rentrent en Syrie et circulent dans le pays en passant par les points de contrôle des deux camps et défient les bandes criminelles qui sévissent au milieu du chaos.