Voilà ce que nous expliquent, avec un bel ensemble, M. Peillon et la quasi-totalité des journalistes : l’UMP a institué la semaine de quatre jours dans le primaire. Les professeurs des écoles avaient alors protesté et fait grève parce que cela surchargeait la journée de cours des élèves. Le PS au pouvoir revient à la semaine de quatre jours et demi, comme le réclamaient les enseignants et leurs syndicats. Alors les professeurs des écoles protestent contre la semaine de quatre jours et demi.
Qu’elle soit explicitée par les journalistes ou non, la conclusion s’impose dans l’opinion publique : ces salauds de profs ne sont jamais heureux ! Et ils débordent leurs syndicats, qui étaient contents du projet ! On dit blanc, ils poussent des cris d’orfraie ! On dit noir, ils hurlent comme des porcs qu’on égorge ! Pas la peine de les écouter, de toute façon, ils ne savent que râler et faire grève ! Ils sont négatifs et complètement idiots !
Diable ! A qui confions-nous nos enfants ? Ca fait peur ! Sauf que… les professeurs des écoles n’ont jamais protesté contre le retour au quatre jours et demi ! Ce serait d’ailleurs si aberrant qu’on se demande comment Peillon et les médias ont pu oser raconter de telles inepties.
Ce contre quoi ils se battent, c’est la mise en place, pendant la pause du midi ou en fin de journée, d’activités périscolaires organisées et financées par les municipalités, en violation grossière des principes de l’école républicaine : aux enfants des communes riches, des activités artistiques et sportives de haut niveau, aux autres, du remplissage bon marché. Sans compter que le statut des personnels qui encadreront ces activités est loin d’être clair, et que la vague de précarisation qui balaie l’école depuis un quart de siècle laisse craindre le pire !
A ceux qui crieraient au procès d’intention, nous nous contenterons de rapporter les propos du ministre Peillon lui-même : « la réforme des rythmes scolaires doit agir comme un levier pour faire évoluer l’école autour d’un projet éducatif territorial. » Les directions PS et PCF des grands syndicats enseignants, indulgentes pour les PS, n’ont pas pu contenir longtemps leurs troupes face à cette grave offensive…
Enfin, qu’il nous suffise de signaler que de plus en plus de parents d’élèves s’inquiètent en découvrant la réalité du projet ministériel (la direction PS-PCF de la FCPE elle non plus ne tient plus sa base…) ; que de plus en plus de maires, y compris PS, annoncent qu’ils n’auront pas les moyens de faire face aux dépenses induites par ce plan - Gérard Collomb, premier magistrat PS de Lyon lui-même, a annoncé vouloir « attendre 2014 » pour appliquer la réforme, à cause d’"un problème financier très important". C’est tout dire…
Alors, les professeurs des écoles sont-ils vraiment des idiots ? Ou Peillon est-il vraiment un serpent ?
Nous nous garderons d’imposer toute conclusion à nos lecteurs…
Didas Kalos
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