A l’attention de Son Excellence
Monsieur François Hollande,
Président de la République Française
55, Faubourg Saint Honoré
75008 Paris
Monsieur Le Président,
Nous souhaitons très respectueusement attirer votre attention sur le cas de M. Georges Ibrahim Abdallah, militant politique d’origine libanaise, emprisonné en France depuis 28 ans, dont la justice française a ordonné en janvier 2013 la remise en liberté, sous réserve d’un arrêté d’expulsion.
M. Georges Ibrahim Abdallah, qui entame sa 29me année de détention, est l’objet d’un invraisemblable déni de droit de la part de la France. Libérable depuis 1999 c’est à dire depuis 14 ans, il a été maintenu en détention sur pressions des Etats unis et d’Israël.
La récente décision de la justice française ordonnant sa libération se heurte toutefois à l’obstruction du Ministère habilité à ordonner l’expulsion du territoire.
Aucun argument n’a été avancé justifiant le report de la décision d’expulsion comme prévue dans le jugement de première instance et confirmée en appel.
Nous nous adressons à vous en votre double qualité de chef du pouvoir exécutif et de Président du Conseil Supérieur de la Magistrature pour vous demander de bien vouloir mettre en conformité l’exécutif avec la décision judiciaire. Ce faisant, la séparation des pouvoirs sera ainsi respectée sous votre autorité.
De surcroît, au vu de certaines démarches, les droits de la défense ne paraissent pas garantis. Monsieur Georges Ibrahim Abdallah et son avocat ont, en effet, été avertis qu’un appel avait été fait le 15 janvier 2013 dont ils ne connaissaient ni les raisons, ni le contenu.
Incarcéré depuis 1984, Georges Ibrahim Abdallah a battu le record, détenu jusque-là par Nelson Mandela (27 ans), le chef du combat nationaliste sud-africain, devenant le « Doyen des prisonniers politiques en Europe ».
Des démarches auraient été entreprises par des pays amis de la France pour interdire sa libération au prétexte qu’un crime de sang de nature « terroriste » est imprescriptible en Israël de même que la peine afférente.
Israël s’est lui-même exonéré des massacres des Palestiniens des camps de Sabra et Chatila, en septembre 1982, à Beyrouth, faisant valoir, selon le premier ministre de l’époque, Menahem Begin que « Des goyins ont tué d’autres goyins en quoi Israël est responsable ? » Ce qui s’avère absolument faux car Israël était directement responsable de ce massacre.
Nous vous saurions gré si vous usiez de votre autorité en vue de mettre un terme à la cacophonie régnant entre deux ministères régaliens (Justice et Intérieur), dont la dissonance porte préjudice au bon renom de votre gouvernement, au-delà à la France, et dont la discordance porte en germe les risques d’une profonde altération de l’image de la France au Liban, un des ultimes points d’ancrage de la France dans le monde arabe.
Une peine a été accomplie dans sa totalité. Elle implique la libération du détenu. Une libération qui n’est pas une faveur, mais une stricte application du principe de la légalité des délits et des peines.
La peine, accomplie de manière exemplaire, c’est-à -dire en conformité avec les règles de bonne conduite, ouvrait droit à une libération anticipée. Cela n’a pas été le cas. Mais cela ne doit pas se transformer pour autant en une détention illégale, à tout le moins arbitraire.
L’application d’un droit ne constitue pas une faveur, mais une obligation morale. Le Droit applicable en France par la France pour l’honneur de la France, un pays qui se revendique comme « la patrie des Droits de l’Homme ».
Veuillez croire Monsieur le Président en notre profond respect.
Fait à Eysines le 8 Février 2013
Coordonnateur : Gilbert Hanna
Courriel : liberte.pour.georges@gmail.com