[Rumsfeld est en train de préparer les terrain pour une intervention militaire tranquille au Nicaragua au cas où le FSLN remporterait les élections présidentielles en 2006.]
Znet, 23 Novembre 2004
Donald Rumsfeld a visité le Nicaragua la semaine dernière. Apparemment pour
offrir un soutien moral au Président Enrique Bolaños après ses résultats
désastreux aux récentes élections municipales au Nicaragua. Tout comme les
pro-américains Présidents Gutierrez de l’Ecuador et Toldeo du Pérou,
Bolanos - avec moins de 10% des voix aux élections la semaine dernière, est
visiblement rejeté par plus de 90% de la population.
Il est important de noter que le parti Sandiniste, dirigé par Daniel Ortega,
le FSLN, a remporté environ 45% des voix avec un taux de participation très
proche de celle des élections US en 2000. C’est avec à peu près la même
participation que les partisans du Président Chavez au Venezuela ont
largement remporté les élections locales à la fin du mois d’octobre. Les
Sandinistes gèrent à présent plus de 80 municipalités au Nicaragua, et
pratiquement toutes les grandes villes. Le Parti Libéral a remporté environ
55 municipalités.
Le parti de Bolanos, l’APRE, a remporté seulement 10 municipalités, avec une
ville importante, Granada, traditionnellement conservatrice, actuellement en
litige. Ainsi le Nicaragua a porté un coup de plus aux tentatives
états-uniennes de forcer les latino-américains sur le chemin étroit du
"libre échangisme" et des inégalités sans cesse croissantes dans la
répartition des richesses de leurs pays. Mais l’objectif principal de la
visite de Rumsfeld n’était pas de remonter le moral d’Enrique Bolanos.
Le contrôle des ressources latino-américaines est vital pour les économies
nord-américaines, européennes et australiennes. C’est pour cela que Paul
Martin du Canada et le président Chirac ont appuyé le coup d’état US en
Haïti. C’est pour cela que la Grande-Bretagne et l’Australie appuient
l’occupation US en Irak.
C’est pour cela que des géants de l’énergie comme l’espagnol Repsol
(contrôlé par des actionnaires US), le français Total, le britannique BP et
British Gas travaillent de concert avec le FMI, la Banque Mondiale et le
gouvernement US pour obliger le président bolivien Mesa à résister à la
pression populaire qui exige un plus grand contrôle de l’état sur les
réserves de gaz du pays. En ce moment, la Russie, la Chine et d’autres pays
asiatiques sont en train de négocier des contrats d’énergie avec le Brésil
et le Venezuela. C’est la raison principale de la visite de Rumsfeld au
Nicaragua.
Les Etats-Unis sont le seul pays capable de défendre militairement les
besoins énergétiques européens, canadiens et australiens. Pour ces pays, il
y a trois solutions envisageables dans un avenir proche pour maintenir un
accès aux ressources d’énergie bon marché. Une de ces solutions sont les
réserves de l’Asie Centrale et du Sud-est. La deuxième se trouve en Afrique
occidentale, d’où l’intervention récente de la France en Côte d’Ivoire. La
troisième se trouve en Amérique latine.
Pour maintenir leur contrôle global défaillant, les Etats-Unis doivent
dominer l’Amérique latine et ses ressources d’énergie. Personne
n’investirait dans un pays incapable de contrôler son arrière-cour. Ainsi,
si les investisseurs devaient se convaincre que les Etats-Unis étaient
incapables de garantir ses besoins en énergie, cela provoquerait une chute
rapide et catastrophique du dollar. C’est pour cela que le gouvernement US
maintient un budget militaire colossal. Ils doivent être capables de
terroriser les pays riches en ressources pour les faire céder devant leurs
exigences.
Si les peuples de petits pays comme le Nicaragua refusent de se plier à la
loi états-unienne, les investisseurs étrangers se poseront rapidement des
questions en ce qui concerne leur confiance dans le dollar, déjà faible,
comme monnaie de réserve stratégique. Ayant remporté les élections
municipales et ayant démontré la capacité de ses militants de tenir leurs
promesses, le FSLN remportera très probablement les élections
présidentielles en 2006. Si le FSLN remporte ces élections, les Etats-Unis
devront faire face à un pays de plus, avec le Venezuela et Cuba, qui sera
gouverné par des gens qui ont la détermination, les moyens et le talent pour
défendre les intérêts de leurs peuples.
Le mois dernier, les peuple états-unien à élu un gouvernement qui ne
tolérera pas une telle indépendance en contradiction avec les intérêts de
l’Empire. Alors, lorsque Rumsfeld est venu au Nicaragua, il s’en fichait pas
mal de l’illégitimité de facto du gouvernement d’Enrique Bolanos. Ce que
Rumsfeld avait à l’esprit en venant au Nicaragua était la résistance
héroïque du peuple Irakien à Fallujah.
Rumsfeld est venu au Nicaragua pour obtenir la destruction des batteries
antiaériennes des forces armées du Nicaragua, principalement les 1.367
missiles sol-air SAM-7. Un des accords signés entre Bolanos et Rumsfeld lors
de la visite du criminel de guerre à Managua concernait la destruction de
ces missiles [1]. Rumsfeld est en train de préparer les terrain pour une
intervention militaire tranquille au Nicaragua au cas où le FSLN
remporterait les élections présidentielles en 2006.
Aux yeux du Pentagon, que représentent 1.367 missiles SAM-7 ? A 50%
d’efficacité, cela signifie plus de 500 avions abattus. A 30 % d’efficacité,
c’est encore plus de 300 avions abattus. Est-ce qu’une intervention
militaire au Nicaragua, avec le soutien des armées d’El Salvador et du
Honduras, pourrait réussir sans une suprématie aérienne totale ? Non. Est-ce
qu’un taux d’efficacité de 30% des 1.367 missiles sol-air pourrait ruiner
une suprématie aérienne totale ? Oui. Alors les SAM-7 doivent être détruites
avant toute attaque armée des Etats-Unis contre le Nicaragua, d’où la visite
rendue par Rumsfeld à Bolanos.
Fallujah a confirmé une ancienne vérité : seuls les peuples en armes peuvent
défendre leurs droits fondamentaux contre des prédateurs coloniaux tels que
les Etats-Unis. Il ne fait aucun doute que ce que les Etats-Unis ont prévu
pour l’Amérique latine et même l’Amérique, y compris les Etats-Unis mêmes,
n’a absolument rien à voir avec la démocratie. Le régime Bush et se
complices internationaux font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire
plier et pour corrompre les politiciens à travers toute l’Amérique latine
afin que ces derniers maintiennent leur servilité à l’égard des intérêts des
multinationales US, européennes, canadiennes et australiennes.
Puisqu’ils ne sont pas doués pour la diplomatie, les criminels de guerre à
la Maison Blanche ont clairement tout préparé pour des interventions armées
pour terroriser les populations qui seraient tentées de voter contre leurs
intérêts. En agissant ainsi, les Etats-Unis ne font que confirmer une ligne
adoptée depuis longtemps (depuis au moins 1986 lorsque la Cour de Justice
Internationale condamna les Etats-Unis pour terrorisme contre le Nicaragua)
et qui est en rupture avec le consensus international sur les droits humains
et humanitaires depuis les procès de Nuremberg en 1945. Pour le moment, et
jusqu’à ce que les Etats-Unis finissent par glisser sur la pente de leur
déclin définitif, les conventions de Genève et autres conventions
internationales sur les droits de l’homme ne sont que des bouts de papier.
L’ONU n’est plus qu’une arène où s’achètent les trahisons à ses propres
objectifs et à sa Charte. Le Président Da Silva du Brésil a envoyé des
troupes en Haïti pour consolider le coup d’état US. Pourquoi ? Probablement
pour démontrer que le Brésil aussi était prêt à devenir le complice de
l’Empire délinquant, pour faire le sale boulot lorsque l’empereur siffle et
toujours une oreille attentive aux exigences du FMI et des investisseurs
étrangers.
Le Brésil pourrait bien être remercié avec l’attribution d’un siège au
Conseil de Sécurité de l’ONU - le plus sophistiqué des rackets. Cette
réalité explique aussi pourquoi le Brésil prend tant de précautions à
défendre les intérêts de sa compagnie pétrolière en Bolivie. Da Silva doit
maintenir sa crédibilité populaire sans effrayer les investisseurs étrangers
et le big business.
Il est peu probable que les peuples d’Amérique latine soient assez sots pour
ne pas voir ce qui se passe. Ni qu’ils ignorent les leçons de l’Irak, de
Fallujah. Ils pourraient bien considérer comme une précaution élémentaire le
fait de se préparer à une résistance armée contre des agressions à venir et
planifiées par le gouvernement des Etats-Unis et ses alliés locaux.
Avant d’être récemment appelé à d’autres fonctions, le Général James Hill du
Southern Command a effectué plus d’une douzaine de visites en Ecuador au
cours de sa dernière année de fonctions. Le but était de convaincre le
président Gutierrez de renforcer la pression militaire le long de la
frontière avec la Colombie contre les FARC. La visite de Rumsfeld au
Nicaragua confirme que les Etats-Unis ont des plans militaires bien avancées
pour l’Amérique latine.
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Toni Solo is an activist based in Central America. Contact via www.tonisolo.net
– Source : www.zmag.org
– Traduction : Cuba Solidarity Project
"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba,
nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."