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L’hypermétropie française

Rafik Chekkat remarque que la question de la violence que l’Etat français exerce contre de larges franges de sa population - surtout les descendants de l’immigration coloniale et les Rroms - est le plus souvent ignorée par les organisations qui se dédient à la cause palestinienne. [1]

Or, ajoute-t-il, « la matrice coloniale du racisme qui sévit en France et celle qui prévaut en Israël est la même ». Les conditions d’existence, en Palestine/Israël, des populations juives et arabes, tout comme celles, en France, des populations « blanches » et « non-blanches », continuent d’être déterminées dans une très large mesure par la race et le racisme.

Par ailleurs, l’État français, tout comme celui d’Israël, est un État colonial qui maintient des rapports de domination tant avec ses territoires dits d’« outre-mer » qu’avec les populations des pays anciennement colonisés, spécialement celles qui vivent aujourd’hui sur le territoire français.

Le refus de faire ce parallèle de la part d’un grand nombre d’organisations pro-palestiniennes, révèle, de manière politique et concrète, la contradiction qui existe entre leur soutien à des causes « lointaines » comme celle de la Palestine et leur désintérêt pour des causes similaires en France.

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Ce constat lucide de Rafik Chekkat a le mérite de mettre l’accent sur une des perversions d’un certain militantisme français.

Dans ce pays, nombre d’organisations (associations, partis, syndicats) ne manquent pas d’exprimer leur réprobation à propos d’évènements où les droits de l’homme, les libertés, la démocratie, etc. se trouveraient bafoués. Mais, cette vigilance ne tend à s’exercer qu’en dehors de leurs frontières. Elles négligent le plus souvent ce qui relève de leur principale responsabilité - à savoir les méfaits de leur propre État dans tous ces domaines.

Quand l’aviation israélienne se livre à des bombardements meurtriers sur Gaza, ces organisations appellent - légitimement - la population française à manifester sa désapprobation. Mais pourquoi les mêmes restent-elles muettes quand c’est l’aviation de leur pays qui terrorise la population libyenne ?

Combien de manifestants dans les rues de nos villes pour protester contre les grossières et sanglantes ingérences de la France en Afrique ?

Pourquoi ce silence qui a entouré le martyre de la ville de Duékoué en Côte d’Ivoire où, fin mars 2011, « 1.000 personnes ont été massacrées de sang-froid par les forces qui appuyaient Ouattara  » avec la complicité passive de l’armée française ? [2]

Tout se passe comme si les crimes que l’on peut reprocher à juste titre à d’autres Etats de par le monde devenaient impensables dès qu’il s’agit de la France. Une sorte d’hypermétropie...

Pourtant Karl Liebknecht [4] avait prévenu : « L’ennemi principal est dans notre pays ».

Duékoué : Un millier de morts qui n’ont pas ému la France [3] (photo Nouvel Obs)

Jean-Pierre Dubois

[1] Rafik Chekkat, membre du comité de rédaction de la revue Contretemps et co-auteur de Race rebelle paru aux éditions Syllepse, a publié cet article sur le site de The International Solidarity Movement (ISM-France) : http://www.ism-france.org/analyses/L-Etat-assassine-en-Fr...

[2] Article de Colette Braeckman, membre de la rédaction du journal belge francophone Le Soir : http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2011/07/19/libye-...

[3] Fin mars 2011, les miliciens de Ouattara, alliés de l’armée française, parviennent à conquérir la ville de Duékoué dans l’Ouest du pays. Après la bataille, ils investissent la ville et les villages environnants, trient la population et abattent ceux qui appartiennent à l’ethnie Guéré, favorable au président Gbagbo. Les meurtres, les viols, les pillages vont durer toute une semaine et vont faire entre mille et deux mille victimes.

[4] Karl Liebknecht est un révolutionnaire allemand qui s’est opposé à l’entrée de son pays dans la Première guerre mondiale. Lui et Rosa Luxemburg ont été assassinés, en janvier 1918, par les corps-francs de leur Etat.

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Il n’y a pas de moyen plus violent de coercition des employeurs et des gouvernements contre les salariés que le chômage. Aucune répression physique, aucune troupe qui matraque, qui lance des grenades lacrymogènes ou ce que vous voulez. Rien n’est aussi puissant comme moyen contre la volonté tout simplement d’affirmer une dignité, d’affirmer la possibilité d’être considéré comme un être humain. C’est ça la réalité des choses.

Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

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