On peut triturer les chiffres dans tous les sens, calculer tous les pourcentages de l’espoir, additionner, soustraire, multiplier : on en arrive toujours au même résultat : 3 centimes de plus à l’heure, ça n’est même pas « minable », ça devient indécent !
Une aumône ? Surtout pas ! Vous vous voyez déposer délicatement, avec votre plus beau sourire en prime (ça ne coûte qu’aux zygomatiques), trois minuscules petites pièces de cuivre dans l’escarcelle de votre SDF préféré au sortir de la messe de Minuit ? Même pas dans vos pires cauchemars, je suppose…
Un cadeau ? Que nenni ! Vous avez appris, en même temps que l’imposture consumériste du Père Noël et avec moult sanglots à l’appui, que les présents n’existaient pas pour leur valeur intrinsèque mais seulement pour l’intention humanitaire qu’ils manifestaient. OK, mais faut quand même pas pousser Papa Noël dans les aiguilles acérées du Sapin (heu, pas Michel, il semble n’y être pour rien, admettons…) !!!
Un présent symbolique ? Imaginez les braves Melchior, Balthazar et Gaspard, sur leur trente et un de pourpre incarnat, suivre, les yeux lovés sur cette Vénus cuivrée (oui hélas, comme les centimes d’euro !), la route des élus conduisant à la reconnaissance divine pour déposer devant le berceau paillé du fils de Dieu trois minuscules sesterces ne valant même pas le sixième d’un p’tit Wrap chez Mc Do ? Impensable ! Le pape protesterait énergiquement de sa plume virtuelle tremblotante sur Twitter @ Les Rois Mages en Galilée : « Consultez la liste de naissance de « Jésus dans la Crèche », vous avez le choix entre l’or, la myrrhe et l’encens mais remballez illico votre menue monnaie ».
Il ne reste donc qu’une supposition : ces 3 centimes d’euros sont une provocation ! Ayrault n’en peut plus de se faire descendre sur les réseaux sociaux (dans la presse papier, c’est plus rare !), il veut qu’enfin tout soit clair et qu’on comprenne une bonne fois pour toutes que son gouvernement n’est qu’un fantoche, un polichinelle de commedia del arte, une marionnette entre les mains des banksters, bref qu’il fait ce qu’il peut mais il peut peu, et qu’on lui fiche enfin la paix : Notre Dame des Landes, Florange, ces idiots de gays qui veulent convoler en stupides noces et Depardieu qui en rajoute une énorme couche…Non, non, pas possible, pas pensable, pas vivable, il faut qu’il se sorte de ces bourbiers sordides où on l’a fourré à l’insu de son plein gré. Il avait pas demandé ça, il voulait juste promouvoir l’Allemand au pays des Ducs de Bretagne, alors que ça s’arrête par pitié !
Alors, voilà : vous êtes Smicard, je vous offre 3 piécettes pour passer les Fêtes, vous n’allez quand même pas accepter ça, révoltez-vous, hurlez-moi dessus que je puisse passer un p’tit réveillon tranquille loin des tracasseries du pouvoir Hollandais, OK, j’attends, faites un effort, que diable ?
Non ? Rien ne vient, et surtout pas l’insurrection que j’attends ? Mais c’est pas possible, faut que je continue encore et encore, pitié ! Pourtant « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » je croyais que ça avait une signification ésotérique ? Ah bon, c’est pas pour moi vous dites ???
Bon, j’ai compris. Joyeux Noël, bandes d’égoïstes ! Et faites tintinnabuler vos misérables piécettes pour accompagner le parcours du traîneau mythique dans la Voie lactée…
P.S. Nous revenons tout juste de notre joyeuse escapade journalière au Supermarché du coin. Les produits qualifiés de « première nécessité » portant le logo « Top Budget » et ne dépassant habituellement pas un petit euro pièce ont bondi en deux mois jusqu’à 1 euro 10, soit 10 % d’augmentation. Si l’on part du principe alimentaire selon lequel nous avons besoin de 7 d’entre eux pour notre pitance quotidienne, où sommes-nous censés trouver les 7 centimes manquants ? Sous les sabots du p’tit renne au nez rouge, vedette incontestée de la nativité revue et corrigée par Coca-Cola ?