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Le Monde Diplomatique (décembre 2012)

Tout est simple à Gaza..., prévient par antiphrase Serge Halimi : « Aucun pays n’accepterait que des missiles tirés de l’extérieur de ses frontières pleuvent sur ses citoyens. » En énonçant ce constat de bon sens, le président des Etats-Unis ne pensait pas aux Palestiniens de Gaza, proies impuissantes de bombes ou de missiles israéliens parfois largués par des F-16 ou des hélicoptères Apache de fabrication américaine. Depuis des années, avec une régularité lancinante, les mêmes travers scandent la relation des événements en Palestine. D’abord, celui qui consiste à rabâcher une histoire borgne dans laquelle le « terrorisme » des assiégés justifie forcément la « riposte » des assiégeants. Ensuite, celui qui accorde l’impunité à un belligérant doté d’une supériorité militaire écrasante se grimant en victime juste avant d’enclencher une nouvelle escalade armée. Enfin, celui qui fait valoir la nature démocratique d’Israël, dont le gouvernement inclut pourtant une extrême droite raciste représentée au sein du cabinet par le ministre des affaires étrangères.

Sonia Shah met en garde contre « les périls du tourisme médical » : Grippe aviaire, dengue, chikungunya rappellent que les épidémies voyagent dans les mêmes véhicules que les humains et les animaux. Aller se faire opérer à l’étranger peut paraître, à titre individuel, avantageux. Toutefois, le développement du tourisme médical n’est pas sans lien avec la montée en puissance de maladies résistant aux antibiotiques.

Perry Anderson pose la question de « l’hégémonie allemande » : Menaces, propos aigres-doux : la négociation du budget 2014-2020 de l’Union européenne divise les Vingt-Sept. Si la volonté britannique d’obtenir un « rabais » focalise l’attention, c’est en réalité l’ensemble du projet européen qui vacille. Crispés sur l’objectif de réduire un budget déjà restreint à 1 % du produit intérieur brut de l’Union, les pays du Nord affrontent ceux du Sud, qui, au nom de la solidarité, réclament plus de moyens. Une fois de plus, Berlin mène la danse.

Lorsque je vivais en Afrique de l’Ouest il y a un quart de siècle, la question brûlante était déjà en débat : les frontières léguées par la colonisation étaient absurdes, mais les remettre en cause, n’était-ce pas un remède pire que le mal ? « Nous sommes pour les négociations et pour trouver une solution définitive dans ce conflit entre le Mali et l’Azawad », a déclaré le 16 novembre M. Bilal Ag Achérif, porte-parole des rebelles à Ouagadougou (Burkina Faso), où une médiation internationale est organisée. De leur côté, les Nations unies discutent d’une intervention militaire. La partition de fait du Mali illustre la fragilité, patente depuis la fin de la guerre froide, des frontières du continent. (Anne-Cécile Robert).

Mona Chollet réfléchit sur le temps qui nous asphyxie : La technologie devait apporter à l’humanité loisirs et liberté. Mais le rythme de la vie a suivi celui des machines, et chacun se sent accablé de contraintes asphyxiantes. Inégalement réparti, le temps constitue désormais une ressource rare et disputée. Pour comprendre les raisons de cette pénurie, un détour historique s’impose...

Selon Renaud Egreteau, la situation en Birmanie n’est guère sereine : Depuis la dissolution de la junte du général Than Shwe, en mars 2011, et le tournant réformiste décidé par son successeur, le président Thein Sein, le dialogue a repris entre la majorité birmane (bamar) et les minorités ethniques. Mais la résolution des conflits identitaires est suspendue à trop de facteurs pour que l’on puisse espérer une réconciliation rapide.

Va-t-on enfin rendre à l’inspection du travail ses lettres de noblesse et des moyens de travailler, demande Fanny Doumayrou ? En juin 2012, Dassault a été condamné pour discrimination syndicale à l’égard de dix-sept salariés de son usine de Biarritz, qui n’ont pas eu une évolution de carrière normale. Le procès a abouti en partie grâce à l’enquête de l’inspection du travail. Un exemple des missions qu’accomplit ce corps de fonctionnaires détesté par le patronat et repris en main par le pouvoir.

Martin Denoun et Geoffroy Valadon se demandent si l’habitat coopératif peut devenir un verrou contre la spéculation : L’explosion du prix des logements (+ 140 % en France depuis 1998) éloigne les locataires des centres-villes et fait la fortune des investisseurs. Comment échapper à cette spirale ? L’habitat coopératif, protégé par une astuce juridique, offre une piste de solution.

Concernant le travail des femmes, le compte n’y est toujours pas (Margaret Maruani et Monique Meron) : Quand on examine un siècle de statistiques, bien des idées reçues sur le travail féminin s’évanouissent…Taux de chômage, indice des prix : les chiffres sont politiques. Il en va de même pour le travail des femmes. Chaque société, chaque époque, chaque culture produit ses formes de travail féminin et sécrète ses images et ses représentations. Les chiffres participent très activement à cette construction sociale. Il est donc nécessaire de recompter le travail des femmes au XXe siècle et, en même temps, de décrypter la façon de compter. Retrouver les données et les logiques qui présidaient aux définitions de chaque période permet de comprendre les contes et codes sociaux délimitant les frontières de ce que l’on nomme le travail des femmes.

Un très beau texte de Morakabe Raks Seakhoa et Nadine Gordimer sur Johannesburg : Écrivains et amis, se retrouvent chez cette dernière, à Johannesburg. Leur présent - temps, lieu. C’est elle qui aborde le sujet. «  Dis-moi, comment vois-tu le Jo’burg d’aujourd’hui ? » Il a grandi dans un village et y est venu en 1975.

Agnès Sinaï pense que le gendarme du nucléaire français est bien peu indépendant : Impuissante à réguler la circulation des matières fissiles et à régler le dossier iranien, l’Agence internationale de l’énergie atomique a deux visages : zélatrice du nucléaire civil d’un côté, gendarme du nucléaire militaire de l’autre. Elle défendra les vertus de l’atome y compris à Fukushima, où elle tiendra sa conférence ministérielle du 15 au 17 décembre.

La guerre n’a toujours pas cessé dans le Haut-Karabakh (Philippe Descamps) : Vingt ans après la prise de Chouchi par les troupes arméniennes, le 9 mai 1992, le cessez-le-feu est plus précaire que jamais dans les montagnes du Haut-Karabakh. Le réarmement rapide de l’Azerbaïdjan depuis 2010 laisse craindre une reprise des combats aux conséquences incalculables pour l’ensemble du Caucase. Les deux peuples payent au prix fort l’impasse politique et diplomatique.

Leila Farsakh réaffirme que la Palestine refuse de disparaître : Tandis qu’un cessez-le-feu à Gaza, négocié par l’Egypte, confortait la position du Hamas tant sur le plan régional qu’intérieur, les Nations unies examinaient la candidature de la Palestine comme Etat non membre, présentée par le président Mahmoud Abbas. Celui-ci, très affaibli, se heurte à Israël, aux Etats-Unis et à plusieurs pays européens, mais aussi au scepticisme des Palestiniens eux-mêmes.

Marc Guéniat explique pourquoi les géants des matières premières prospèrent au bord du lac Léman : Le scandale de corruption impliquant un employé genevois de la société Gunvor, spécialisée dans le négoce du pétrole, en marge d’un contrat avec la République du Congo, a suscité un certain émoi en Suisse. Bien implanté dans le pays, le commerce des matières premières deviendra-t-il pour la Confédération helvétique aussi gênant que le secret bancaire ?

Pendant ce temps-là (Anne Pitteloud), la littérature suisse romande est en pleine effervescence : Non, la Suisse francophone n’est pas peuplée uniquement de banquiers et de traders. Riche en écrivains originaux, elle peine cependant à les faire connaître.

Comment désormais publier quand on est universitaire (Richard Monvoisin) : Aux lourds rayonnages des bibliothèques universitaires s’ajoutent désormais une pléthore de revues spécialisées en ligne, qui offrent sans délai et souvent sans barrière de paiement les derniers résultats des laboratoires de recherche. Cette transformation pousse les scientifiques à s’interroger sur leurs modèles de publication, afin de les remettre au service de la connaissance et du public.

Assiste-t-on à la fin de la stratégie sudiste aux Etats-Unis (Jérôme Karabel) ? : Affaire Petraeus, dégradation de la situation au Proche-Orient, nécessité de s’entendre avec les républicains sur un plan de réduction des déficits : sitôt réélu, et alors même que son second mandat n’a pas encore commencé, M. Barack Obama a déjà un programme fort chargé. Sur quelle base sociale pourra-t-il s’appuyer pour résoudre les problèmes qui assaillent son pays ?

En Amérique latine (Renaud Lambert), des gouvernements affrontent les patrons de presse : Le militantisme politique des médias privés latino-américains les a parfois conduits à participer à des coups d’Etat. Faut-il alors laisser la presse se réguler elle-même ? Bien entendu, répondent ses dirigeants, dont ceux du puissant hebdomadaire brésilien « Veja » (lire « "Veja" , le magazine qui compte au Brésil »). Mais telle n’est pas l’option retenue par certains gouvernements, qui tentent, depuis quelques années, d’encadrer le secteur de l’information. Pour découvrir l’hebdomadaire brésilien Veja (« Regardez »), on peut s’intéresser à son courrier des lecteurs, d’un enthousiasme un peu monotone : « Un phare illuminant la mer de larmes de notre monde politique » ; « pas seulement une boussole [éthique], mais également une source de constance et de compétence » ; une publication « libre, courageuse et obsédée par la recherche de la vérité » … On peut également le feuilleter.

Benoît Duteurtre s’insurge contre le réaménagement purement mercantile des gares modernes : Au-delà des professions de foi sur le développement durable et les avantages écologiques du rail, les grands administrateurs français ne semblent aimer ni les gares ni le train. Rien, en tout cas, de ce que le transport ferroviaire apporte de simple, d’accessible et de pratique dans la vie quotidienne. Depuis deux décennies, leur vrai modèle est l’avion, avec son système de réservation obligatoire (le fameux « Socrate », acheté à American Airlines), ses tarifs variables selon l’offre et la demande, ses cabines et ses places de plus en plus étroites, son obligation d’étiqueter les bagages (en attendant de les faire payer partout)... L’une des plus éclatantes démonstrations de cette mutation tient, probablement, dans l’édification de nouvelles gares en rase campagne " coques de verre et de béton qui font la fierté des élus locaux. Les gares, jusqu’alors, reliaient le coeur des villes, avec leur réseau de correspondances et de transports en commun ; elles se situent désormais loin des agglomérations, comme les aéroports. La plupart d’entre elles, comme Aix TGV, ne sont même plus reliées au réseau ferroviaire secondaire (qui intéresse si peu la Société nationale des chemins de fer français, SNCF) mais se voient entourées d’immenses parkings. Il faut, pour s’y rendre ou en repartir, affronter les embouteillages et augmenter la pollution : le train au service de l’automobile ; on n’imaginait pas que nos décideurs pussent arriver à résoudre cette équation !

http://bernard-gensane.over-blog.com/

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