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Aurore Martin askatu ! Libération immédiate d’Aurore Martin !

Aurore Martin, militante de la gauche basque, a été arrêtée le 1er novembre. Valls a ordonné son extradition vers Madrid où elle risque douze ans de réclusion pour les positions indépendantistes qu’elle a défendues. C’est non seulement une décision ignoble. C’est une attaque contre l’ensemble du mouvement social par le gouvernement PS-Verts !

On savait le gouvernement adepte de la continuité, notamment en matière de répression. Jeudi matin, Manuel Valls, premier flic de France, a pourtant innové par rapport à son prédécesseur. Il a su mettre en place le changement, là même où Claude Guéant n’avait osé aller. Le premier novembre au matin, Aurore Martin, militante de la gauche abertzale basque a été appréhendée en Soule, prés de Mauléon, en Iparralde (Pays Basque Nord). Aurore Martin est sous le coup d’un Mandat d’Arrêt Européen (MAE) depuis octobre 2010 et l’Etat espagnol réclame son extradition. Elle a été un temps dans la clandestinité mais, depuis juillet 2011, elle vit et milite à Bayonne, au grand jour. Son arrestation ne tient en aucun cas du hasard.

Dès son arrestation, Aurore Martin, a été livrée aux autorités de l’Etat espagnol, où elle risque jusqu’à douze années de prison. Elle a été présentée dans la matinée de vendredi à un juge de l’Audience nationale à Madrid, la plus haute instance pénale espagnole, héritière directe de l’appareil de répression franquiste, fondée en 1977 pour remplacer le Tribunal d’Ordre Public (« Tribunal de Orden Público »). Le juge a demandé l’incarcération immédiate d’Aurore Martin pour « délit d’appartenance à une organisation terroriste ». Elle ne pourrait donc pas, a priori, être libérée sous caution.

Le« crime » d’Aurore Martin ? Avoir défendu ses opinions politiques !

Quel crime reproche-t-on à Aurore Martin ? Celui d’avoir défendu lors de meetings ainsi que dans les pages du journal Gara, les positions de Batasuna, la principale organisation de la gauche abertzale qui revendique l’indépendance d’Euskal Herria, le Pays Basque historique (en l’occurrence la Navarre ainsi que le Pays Basque espagnol et français). Batasuna est une organisation illégale du côté espagnol depuis 2003 (quoique légale en France) en raison de ses liens, selon la justice espagnole, avec l’organisation indépendantiste ETA. Toutes les décisions de justice ne sont pas parvenues, jusqu’à présent, à faire plier la cause indépendantiste, au plus grand dam de Madrid. Il suffit de songer aux élections régionales qui se sont tenues en Euskadi il y a peine deux semaines, le 21 octobre, où la gauche abertzale, qui se présentait sous les couleurs de la coalition Bildu, a remporté un quart des suffrages.

Beaucoup a déjà été écrit au sujet de l’arrestation et de l’extradition d’Aurore Martin. Elle fait suite à l’arrestation, à Mâcon dimanche dernier, d’Izaskun Lesaka Argüelles ainsi que de Joseba Iturbe Ochoteco par les policiers du Raid. Selon la justice espagnole, Izaskun Lesaka est une des responsables de l’organisation armée abertzale ETA, dont les militants continuent à être persécutés des deux côtés de la frontière en dépit du cessez-le-feu unilatéral décrété depuis octobre 2011. En extradant Aurore Martin vers l’Etat espagnol, Valls, et plus largement le gouvernement, font preuve à nouveau de leur caractère profondément réactionnaire. Que Hollande servait la soupe au patron, on le savait déjà . On sait désormais qu’il sert la soupe également à Mariano Rajoy et au gouvernement du Parti Populaire, ce ramassis nauséabond qui s’inscrit dans la droite ligne du franquisme. On savait que Valls était fier d’être « le premier flic de France ».Désormais, on sait qu’il est aussi le chien de garde de la garde civile espagnole.

Pour le droit à l’autodétermination en Euskal Herria

ETA et Batasuna ont longtemps opté pour une logique de pression militaire pour essayer d’arracher l’indépendance d’Euskal Herria à l’Etat espagnol, en évitant le plus souvent d’engager un combat frontal contre l’Etat français. Cela n’a jamais empêché Paris de participer à la répression contre la gauche abertzale, que ce soit à travers les GAL, les tristement célèbres « Groupe Antiterroristes de Libération » sous Mitterrand, ou en participant à la traque des militants basques, dont 140 sont incarcérés aujourd’hui en France dans des prisons loin d’Iparralde, contrevenant ainsi par ailleurs à la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Le cessez-le-feu unilatéral décrété par ETA n’est pas suffisant pour Madrid, inquiet de la poussée des forces nationalistes basques conservatrices et progressistes, confirmées encore par les élections d’octobre, mais également par la dégradation de la situation sociale et économique du pays. Rien de mieux, dans ces cas-là , que de relancer la guerre contre « l’ennemi intérieur ». Tout ceci démontre encore une fois que les bourgeoisies espagnole et française n’ont aucune intention d’accéder sur le fond aux revendications légitimes du mouvement national basque, à commencer par le droit à l’autodétermination pour Euskal Herria. Ce n’est que dans le cadre d’un vaste processus ouvrier et populaire, dans le cadre d’un renversement de la bourgeoisie dans l’Etat espagnol et en France, que des gouvernements des travailleurs seraient à même mettre en place le droit à l’autodétermination pour le peuple basque. C’est une des différences majeures, qu’en tant que marxistes révolutionnaires, nous maintenons avec la gauche abertzale et sa stratégie de pression sur Paris, Madrid ou la bourgeoisie de Bilbao [1].

Pour la libération d’Aurore ! Pour l’arrêt de la répression contre le mouvement abertzale !

Par-delà ces divergences politiques, l’extradition d’Aurore Martin vers Madrid a une signification particulière. C’est une attaque en règle du gouvernement contre l’ensemble du mouvement ouvrier et populaire et confirme son véritable visage. Le gouvernement s’est même assis sur les avis émis par les organisations qui lui sont liées, du Syndicat de la Magistrature en passant par la Ligue des Droits de l’Homme, ainsi que sur les promesses du candidat Hollande, qui avait pourtant tacitement assuré Aurore Martin de son soutien.

Face à cette arrestation pour délit d’opinion, c’est l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, politique et syndical, qui doivent se mobiliser, pour exiger la libération immédiate d’Aurore Martin ainsi que l’arrêt de la répression contre l’ensemble du mouvement abertzale. La décision de Valls, avec l’aval de Hollande, est un pas supplémentaires dans la criminalisation du mouvement social et populaire, qui ressemble à s’y méprendre aux pires pratiques mises en oeuvre sous Sarkozy, lorsqu’il était Place Beauvau et à l’Elysée.

Dans l’Hexagone notamment, le mouvement ouvrier ne peut rester les bras croisé. Après un rassemblement à Mauléon, sur le lieu de son arrestation, des premières manifestations sont organisées, notamment à Bayonne, devant la sous-préfecture. La manifestation du 10 novembre, prévue de longue date, convoquée par un large spectre de forces politiques et syndicales en Iparralde (Pays Basque Nord) en soutien au « processus de paix », sera l’occasion de revendiquer haut et fort la libération d’Aurore. Ce sera aussi l’occasion pour les marxistes révolutionnaires de dire que la seule paix durable et viable en Euskal Herria se construira sur la base du renversement de l’Etat centraliste des bourgeoisies française et espagnole et contre l’ensemble de leurs chiens de garde, qu’ils soient du Parti Populaire ou « socialistes ».

Denok Aurore Martin gira !

Nous sommes tous-tes Aurore Martin !

Jo ta ke independentzia eta sozialismoa lortu arte !

Vive le Pays Basque libre et socialiste !

Comité de Rédaction de Révolution Permanente

Source : http://www.ccr4.org/Aurore-Martin-askatu-Liberation-immediate-d-Aurore-Martin

02/11/11

[1Voir à ce sujet les positions de nos camarades de l’Etat espagnol, Clase contre Clase, et notamment « Ante las décaraciones de ETA y izquierda abertzale » [« face aux déclarations de l’ETA et de la gauche abertzale »], 31/10/11, http://www.clasecontraclase.org/Ante-las-declaraciones-de-ETA-y


URL de cet article 18173
   
Thomas Frank. Pourquoi les pauvres votent à droite ? Marseille : Agone, 2008.
Bernard GENSANE
Rien que pour la préface de Serge Halimi (quel mec, cet Halimi !), ce livre vaut le déplacement. Le titre d’origine est " Qu’est-ce qui cloche avec le Kansas ? Comment les Conservateurs ont gagné le coeur de l’Amérique. " Ceci pour dire que nous sommes en présence d’un fort volume qui dissèque les réflexes politiques, non pas des pauvres en général, mais uniquement de ceux du Kansas, dont l’auteur est originaire. Cela dit, dans sa préface, Halimi a eu pleinement raison d’élargir (…)
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Le capitalisme mondial commence à ressembler à la fin d’une partie de Monopoly.

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