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Lutter contre la réforme de la CGT est une tâche hautement politique

Lutter contre la réforme de la CGT est une tâche hautement politique.

Le néo-syndicalisme, dont les directions ont été formatées pas à pas depuis bientôt 40 ans par la Confédération Européenne des Syndicats, la CES (ETUC en anglais) est-il devenu une arme contre les travailleurs ?

Voilà la question qui va fâcher mais la question qui doit-être posée afin que s’instaure un débat en partant, non pas de la philosophie ou de l’idéalisme mais des faits, et de la dialectique qui s’impose.

Il y a quelques années, au moment du congrès confédéral de la CGT à Lille, des camarades avaient écrit « la CGT sur les rails du syndicalisme allemand » puis lors du congrès CGT de Nantes des camarades avaient écrit « contre la cédétisation (CFDT) de la CGT ». Au prochain congrès confédéral de la CGT à Toulouse en 2013, on peut être certain que des camarades écriront « non à l’européisation de la CGT »…

Toutefois, s’il existait un syndicat de travailleurs à défendre, le seul qui puisse présenter une histoire de classe et de masse, c’est bien la CGT ! L’ensemble des autres syndicats ne sont que des créations patronales et des appendices du capital, chargés de diviser et de distiller en goûte à goûte le réformisme et la compromission.

Qu’il est difficile de dire que ce syndicat, créé il y a 117 ans, le 28 septembre 1895 à Limoges, n’est plus que l’ombre de lui-même : alors que des milliers de militants se battent contre la vindicte patronale et organisent les travailleurs pour lutter sur leurs revendications économiques et pour les libertés démocratiques ; alors que des militants y ont laissé leur carrière, leur emploi ; alors que l’ensemble des droits et acquis sociaux arrachés au capital et au patronat sont l’oeuvre de millions de syndiqués CGT durant ces 117 années ; alors que des milliers de camarades de la CGT sont tombés-es, sous les balles des patrons, des milices, de la police, de l’armée et des nazis…

On a envie de se dire « Frachon, reviens, ils sont devenus cons » quand même à la tête de cette confédération historique, une guerre de pouvoir s’exprime au grand jour comme au temps du très réformiste Jouhaux qui avec l’appui de la CIA finira par créer FO. Cette lutte au sommet dans la CGT, est la résultante directe de l’entrée dans la CES après avoir renié la FSM (fédération syndicale mondiale).

Il n’y a plus aucun doute, c’est la CES qui exige une réforme de la CGT et de ses structures historiques afin qu’elles soient conformes aux statuts du syndicalisme européen piloté par le capital européen. Et on pourrait même s’imaginer la succession à l’actuel président de la CES, John Monks, dans un duel entre François Chèrèque de la CFDT et Bernard Thibault de la CGT… (Retenez bien ceci)

Depuis 1953, date retenue dans la création des bases de l’Europe actuelle, la CGT a été une épine, car à de multiples fois, elle avait su s’opposer à cette création impérialiste, mais depuis maintenant 20 ans, après la chute de l’URSS, la voie semi-révolutionnaire de la CGT s’est transformée en autoroute du réformisme voire de la collaboration de classes.

Henri Krasucki fût le dernier secrétaire général de la CGT à tenter de résister et de limiter les dégâts durant sa période à la tête de la CGT de 1982 à 1992.

Dès son remplacement par Louis Viannet en 1992, les statuts fondateurs de la CGT ont été amputés de ses articles les plus progressistes : la socialisation des moyens de production et d’échange et l’abolition du capitalisme… ouvrant ainsi la boîte de pandore qui aboutira en 2013 à une refonte complète des statuts et des structures qui ont fait de la CGT, le syndicat le plus combattant des pays capitalistes et l’un des plus admirés par les classes ouvrières de tous les pays capitalistes… Elle ne doit pas en rougir même si aujourd’hui elle s’est rosie.

La CGT se transforme pour entrer dans les critères de l’Europe, mais elle a un problème, celui de ne plus avoir les cadres pour faire le sale boulot, d’où une manoeuvre de dernière minute pour succéder à Bernard Thibault et se prévenir d’une possible tentative de « coup d’Etat » interne, comme à Nantes avec le métallurgiste Jean-Pierre Delannoy qui avait osé s’opposer en se présentant face à Bernard Thibault, une première.

Ainsi la solution trouvée « pour plaire » a été de préserver l’étiquette mais en changeant radicalement le contenu… des camarades pourront écrire « des rails de la SNCF à la CGT canada dry passée à la moulinette de Moulinex »

Mais alors que cette structure syndicale doit être préservée avec ses structures historiques, on peut s’attendre à de nouvelles divisions qui feront une fois de plus le jeu du capital…

La question est donc : «  quel combat doivent mener les milliers de camarades, militants de base, sincères et inquiets des conséquences de la restructuration annoncée de la CGT, mais qui aujourd’hui ne s’expriment pas, alors que le congrès qui va réformer tout l’appareil, aura lieu dans quelques mois ?  »

Tout est question de dialectique, mais aussi d’orientation et de revendications. Cela veut dire que cette question est hautement politique dans un moment où s’affiche une nouvelle donnée : la création d’une Europe Fédérale.

Aussi, il faut rappeler qu’il y a une bonne dizaine d’années, un camarade d’une grande entreprise du BTP et reconnu dans l’interprofessionnel local et national, avait été l’un des piliers pour empêcher la mise en place du nouveau système de répartition des cotisations instrumentalisé par la direction confédérale.

Nous rappelons donc ce qu’il affirmait : « la démocratie et la souveraineté dans la CGT vont être bafouées, donc son indépendance vis-à -vis du capital va être menacée, les structures de terrain seront pieds et poings liées à la bonne volonté de la direction de l’appareil qui aura toute possibilité de couper les vivres et de s’attaquer frontalement à ceux et celles, ainsi qu’aux structures qui oseront s’opposer au réformisme et à la CES, dans moins de 10 ans, ils auront mis au pas les structures pour mieux les démanteler » C’était en 1999…

Mais cette réforme a été mise en action, certes avec des difficultés et des oppositions, mais avec la bénédiction d’un grand nombre de dirigeants des structures qui voyaient là un moyen financier assuré par une répartition automatique, sans pour autant lutter, ni rendre compte aux syndiqués et syndicats, la marche en avant vers la restructuration, commencée en 1992, pouvait se poursuivre.

Aussi, pour tenter de répondre à la question il nous fallait ses éléments. Pourquoi ? Parce que l’appareil syndical qui avait résisté pendant 20 ans aux chants des sirènes de l’Europe est entré dans une période de mutation pour s’adapter à l’Europe, exactement comme l’a fait le Parti Communiste.

Démantèlement des structures de base, régionalisation, territorialisation, implication dans la politique capitaliste européenne, financements extérieurs, exigence de droits européens pour les travailleurs en négation des droits nationaux… et toujours la mise en avant de l’illusion d’une « Europe sociale », le « yes we can » des réformateurs et des réformistes.

Qui aujourd’hui ne voit pas que l’austérité mise en place dans la zone euro, financière et politique, au service des intérêts du capital qui veut imposer un nouvel ordre social qui détruit les droits historiques gagnés dans chacune des nations, ne voit pas la réalité de la souffrance des peuples et ne fait que compatir à la douleur sans vouloir trouver la solution.

Car la solution met en péril des années de collaboration, car la solution c’est de dénoncer cette Europe supranationale qui va détruire les nations, les structures politiques, les structures syndicales, le tissu social tissé par des années voire des siècles de luttes… la souveraineté est en danger et met en danger la solidarité internationaliste entre les peuples qui seront de fait mis en concurrence.

Qui veut que l’Europe soit les Etats Unis d’Europe (USE) pour s’identifier aux Etats Unis d’Amérique (USA) ? Faut-il être un salopard pour vouloir se calquer sur le pire des modèles que le capitalisme ait inventé dans l’histoire de l’humanité (outre le nazisme) quand on connaît ce que les ouvriers et les employés étasuniens subissent et endurent.

Voilà pourquoi la réponse à la question posée est de combattre ce nouveau modèle social en exigeant que la CGT qui porte des valeurs, des principes, une histoire, sorte de ce bourbier de la CES dans laquelle elle a été dirigée volontairement, non pas par ses militants sincères, mais par ses dirigeants corrompus et en soif de reconnaissance éternelle.

C’est une question politique mais les revendications des travailleurs sont politiques, et nous ne pouvons laisser le champ libre aux ultranationalistes fascistes ou souverainistes de droite, qui ne voient dans l’Europe qu’une passoire pour immigrés ou un mixeur « anti-franchouillard », alors qu’en réalité elle est un presse-purée pour les droits et les acquis obtenus dans les luttes, pour les libertés et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Voilà pourquoi la classe ouvrière consciente et positionnée en avant-garde, qui milite dans la CGT, a un rôle, une tâche historique à tenir contre la destruction de son identité de luttes contre toutes les perversions instaurées par ceux qui tiennent les rênes du capitalisme le plus réactionnaire.

Lutter pied à pied contre le réformisme dans la CGT, contre sa restructuration calquée sur le modèle CFDT, est avant tout un acte hautement politique : l’avenir des dizaines voire de centaines de millions de travailleurs étant sur la balance.

Il faut donc donner du poids à cette lutte, pour faire pencher la balance du bon côté, celui de notre classe sociale.

Les Cahiers communistes du « Comité de Base » : comibase@gmail.com

n°13/ 24-10-2012

Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas-de-Calais.

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